Vecteur Magazine

Highly Suspect - "The Midnight Demon Club"

Chronique par Sacha Zorn – 18/09/2022

La rentrée musicale 2022 a déjà révélé de grands crus, tant les sorties d’albums sont nombreuses et toutes plus qualitatives les unes que les autres. Highly Suspect n’échappe pas à la règle en sortant son album The Midnight Demon Club le 9 septembre, le même jour que Parkway Drive ou encore Ozzy Osbourne. 

Le trio de Massachusetts revient alors avec son quatrième effort studio, après Mister Asylum et The Boy Who Died Wolf, tous deux encensés par la critique en 2015 et 2016. MCID paru en 2019 est insufflé d’influences très synth wave et hip-hop. Un parcours sans faute, des tournées à guichets fermés et des participations à de prestigieux festivals tels que Lollapalooza… Tout ça n’a fait que renforcer la créativité sans limite d’un groupe qui a tiré le meilleur de la période imposée par la pandémie mondiale. Décryptage :

Highly Suspect - The midnight Demon Club

The Midnight Demon Club, un tout nouveau chapitre pour le groupe

Tout d’abord, c’est visuellement que The Midnight Demon Club se distingue. On peut y voir un artwork à la Björk et un titre tiré tout droit d’un film de Nicolas Winding Reffn, la direction artistique est affirmée et travaillée. 

Niveau musical, c’est The Sound qui ouvre l’album en apothéose et donne le ton de cet opus. Il y a ici tout ce qu’on aime chez Highly Suspect, tout ce qui fait de ce groupe un nom incontournable de la scène rock moderne. On retrouve totalement le style et la prose propre à Johnny Stevens mêlant les thèmes récurrents de la dépression, de l’anxiété, des relations toxiques… mais toujours abordés de manière très crue et personnelle, avec cette sensibilité dont seule Johnny a le secret. Le morceau est taillé pour la scène et la production est impeccable. On sent alors qu’une liberté toute nouvelle va venir élever The Midnight Demon Club et qu’on est déjà, en quelque sorte, connecté à cette œuvre. 

Exemptés de toute pression et de deadline, Matt (deuxième guitare), Rich (bassiste), Ryan (batteur), Johnny (chants, guitare) et Mark (claviers), profitent de la pause due au Covid afin de se retrouver, pas juste en tant que groupe mais en tant qu’individus. La cohésion de l’ensemble permet alors une œuvre à la fois très visuelle et psychique. Tout est libre à l’interprétation et incorpore des éléments, imagés et métaphores fortes. 

Aucun featuring ne figure sur cet album à l’opposé de MCID qui invitait Gojira, Nothing But Thieves ou encore Yung Thug. Il y a volonté de puiser totalement dans le savoir-faire du groupe et c’est ce qui rend l’oeuvre encore plus forte. 

La palette sonore est large et fait ressortir une certaine amplitude des genres où tout le monde peut s’y retrouver : Des titres plus radio-friendly tels que Natural Born Killer et Ice Cold viennent enrichir l’ensemble déjà dense. Pink Lullaby vient quant-à-elle filtrer avec les limites du metalcore et du punk teinté de Royal Blood ou encore Frank Carter & The Rattlesnakes.

Avec New California, on ne peut s’empêcher de penser à un savant mélange entre les Strokes, Editors et Interpol, les patrons de l’indie rock atmosphérique.

Les paroles « it’s night time, it’s my time » du titre Need To Say rappelle même l’album et la chanson Night Time, My Time de Sky Ferreira. Bref, une belle palette musicale ! Tout le monde y trouvera son compte et saura lier chaque titre à un souvenir ou une référence marquante.

« Literally, nobody looks like a fucking filter » 

Si le disque est varié musicalement, il est également riche en manière de sujets abordés. Par exemple, le titre Cool Kids soulève le problème très récurrent lié à la confiance en soi chez la nouvelle génération, face à une course sans fin toujours plus effrénée aux contenus, à la visibilité et aux standards de beauté sur les réseaux sociaux. Johnny déclame et prône avec ferveur l’importance de la confiance en soi et la singularité en tant qu’individu.

Les 12 titres sont vraiment de belles réussites, et Vecteur vous encourage grandement à aller écouter The Midnight Demon Club !

Et n’oubliez pas : « Fuck everything forever and ever » !

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Highly Suspect - The Midnight Demon Club