Vecteur Magazine

SPIRITBOX
TSUNAMI SEA, ou l'Envoûtement par le Murmure des Vagues

Chronique par Cidàlia Païs

Quatre ans après Eternal Blue, Spiritbox revient avec Tsunami Sea, un deuxième album qui marque une nouvelle étape dans leur évolution musicale. Connus pour leur mélange unique de metalcore, de djent et d’ambiances électroniques, les Canadiens repoussent ici leurs propres frontières en explorant des sonorités plus audacieuses, flirtant avec le progressif tout en restant accessibles.

L’album oscille entre lourdeur écrasante (No Loss, No Love, Black Rainbow) et envolées mélodiques envoûtantes (Perfect Soul, Tsunami Sea). Si certains morceaux s’appuient sur des formules déjà éprouvées, d’autres, comme A Haven With Two Faces, atteignent des sommets d’intensité émotionnelle et de maîtrise technique. Avec une production impeccable et une écriture plus affirmée, Tsunami Sea confirme le savoir-faire du groupe tout en esquissant une nouvelle direction sonore. L’impact est encore plus saisissant avec tout son visuel en noir et blanc.

Un son plus dense, une atmosphère plus immersive

Dès Fata Morgana, Spiritbox impose une dynamique contrastée : riffs djent abyssaux et refrains éthérés s’entrelacent avec une fluidité maîtrisée, mettant en avant l’impressionnante palette vocale de Courtney LaPlante. Black Rainbow surprend par ses traitements vocaux robotiques et ses rythmiques syncopées flirtant avec le breakbeat, tandis que Perfect Soul s’impose comme un futur classique du groupe, porté par un refrain d’une efficacité imparable et un mixage cristallin.

Le registre ose une approche plus progressive. Soft Spine joue sur des contrastes abrupts entre groove écrasant et mélodies aériennes, tandis que No Loss, No Love explore un chaos sonore parfaitement maîtrisé. Le spoken word de Courtney avec une touche électro donne un truc en plus, et les guitares polyrythmiques signées Mike Stringer sont tranchantes.

Le morceau-titre, Tsunami Sea, évoque une immersion totale dans un océan sonore, oscillant entre tension et relâchement, amplifiée par une production atmosphérique minutieusement travaillée. Mais c’est A Haven With Two Faces qui s’impose comme le point culminant de l’album : LaPlante alterne chant cristallin et screams viscéraux avec une fluidité déconcertante, tandis que la section rythmique, menée par Zev Rosenberg, martèle des patterns imprévisibles flirtant avec le mathcore. Ce titre illustre parfaitement l’évolution du groupe : plus affûté, plus audacieux, mais toujours accessible.

Une œuvre ambitieuse et maîtrisée

Tsunami Sea brille par sa complexité et sa richesse sonore, même si des morceaux comme Keep Sweet et Crystal Roses avec des touches pop et drum’n’bass ont eu besoin d’une deuxième écoute pour que mon oreille puisse trouver le truc en plus. La production parfois trop léchée atténue l’impact brut de certains passages plus agressifs, là où un son plus organique aurait pu renforcer l’immersion.. peut-être (?)

Une certitude, chaque écoute révèle de nouvelles nuances, témoignant d’un travail d’orfèvre sur les textures et les ambiances. Le choix d’intégrer des enregistrements de vagues s’échouant sur la côte accentue l’immersion, transformant l’album en une véritable traversée introspective.Ici, Spiritbox ne cherche pas à révolutionner le metal moderne, mais à en repousser les limites en jouant sur l’ambivalence entre puissance et fragilité. À la fois cathartique et envoûtant, cet album s’impose comme une œuvre réfléchie, où chaque élément – du choix des harmonies aux atmosphères – semble minutieusement conçu pour happer l’auditeur dans un tourbillon émotionnel. Une immersion totale, où la mer de Spiritbox se révèle à la fois force destructrice et refuge introspectif.

 



PLUS D'INFORMATIONS



  • Artiste : SPIRITBOX
 
 
 
 

Tsunami Sea
01. Fata Morgana
02. Black Rainbow
03. Perfect Soul
04. Keep Sweet
05. Soft Spine
06. Tsunami Sea
07. A Haven With Two Faces
08. No Loss, No Love
09. Crystal Roses
10. Ride The Wave
11. Deep End

Photo Crédit : Alex Bemis