Vecteur Magazine

30.05.2024

Par Cidàlia Païs

2024 sera l’année DAGOBA. Des véritables pionniers du metal français, ayant partagé la scène avec des noms comme, entre autres, MACHINE HEAD & METALLICA, et parcourant plusieurs continents, le groupe s’apprête à sortir ce 14 Juin un album écrasant ! Préparez-vous à des véritables tourbillons dans le pit avec DIFFERENT BREED. Ce nouveau registre, sortant via VERYCORDS, écrit & composé par Shawter au Eagle Black Studio, mixé & mastérisé à Londres par Chris Coulter vient marquer le retour aux sources. J’ai eu l’opportunité d’échanger quelques mots avec Shawter  lors de son passage au Dr Feelgood, à Paris.

On ne vous présente plus… Vous êtes une figure emblématique du metal français. Vous êtes connus mondialement, mais  il y a toujours des jeunes qui arrivent dans la scène metal. Peux-tu présenter la force de la nature qu’est DAGOBA ?

Shawter : On est un groupe issu de la belle ville de Marseille. On s’apprête à sortir notre neuvième album, ‘Different Breed’. On tourne à l’international depuis une vingtaine d’années et on fait de la musique assez brutale.  Malgré tout, on essaye de proposer une facette différente du groupe album après album.

Tu es au chant, à la composition, à l’orchestration, tu joues de la guitare. Il me semble même qu’il y a eu un épisode au cinéma ou à la télé, quel talent m’a échappé ?

La cuisine !

Ah, tu cuisines ? C’est génial !

Ouais, je suis bon cuisinier.

En même temps, Marseille, les saveurs du Sud…

C’est ça !

Tu es sur le devant de la scène, c’est toi qui mènes DAGOBA depuis le début, ça fait quoi, 28, 30 ans ?

C’est ça, 30 ans !

Je note une évolution au niveau du chant à chaque album. On sait bien que le chant est un instrument à part entière, mais pour moi personnellement, c’est celui qui va apporter une importance majeure, parce que c’est celui qui va ramener les émotions. Je sens que toi, plus tu chantes, plus tu maîtrises le saturé et les passages clairs. Comment traites-tu ta voix, tes cordes vocales ?

J’essaye de les ménager au maximum, en tournée avec beaucoup de repos et beaucoup d’eau pour les hydrater et pour la santé générale du corps, parce que c’est un organe très fragile. Après, je suis conscient aussi que plus le temps passe et plus on propose d’albums, plus c’est difficile de surprendre positivement l’auditeur. Donc, il me faut sans cesse me renouveler et justement être en excellente condition physique pour avoir les capacités techniques de le faire. Mais je suis d’accord avec toi, bien souvent dans la composition, les riffs arrivent en premier, puis la voix se pose là un peu comme la cerise sur le gâteau. C’est une phase importante de la composition, je te l’accorde.

Ce nouveau line-up que vous avez avec Ritch, Kawa et Théo, pour moi, c’est le meilleur line-up de DAGOBA…

Déjà, je te remercie, parce que tu es déjà la deuxième journaliste à nous faire part de cette remarque.

Je ressens une forte cohésion. Je reviens à 2023, je vous suis sur les réseaux, et j’ai vu ce post à Londres pour le mixage avec Chris Coulter, et j’ai appris que cet album a été composé pendant une tourné. Comment ça s’est passé ?

En fait, je ne l’ai pas composé à proprement parler pendant la tournée. Par contre, je l’ai théorisé pendant la tournée avec INFECTED RAIN, qui a duré 35 jours, donc j’avais du temps. J’ai pris mon carnet de notes, et comme je l’ai dit précédemment, je me suis replongé sur notre discographie. Je me suis dit : “Voilà, qu’est-ce que tu as fait ?  À quel moment tu t’es vraiment le plus éclaté précédemment et comment pourrais-tu retrouver cette sensation de fun tout en l’améliorant, bien sûr.” Donc, soir après soir, pendant que les autres faisaient la fête et que moi je prenais soin de ma voix, j’étais avec mon petit carnet et je notais pour être sûr qu’en rentrant à la maison, j’avais tout noté, il me fallait juste suivre la feuille de route et entamer le riffing.

Je suis contente que cette inspiration te soit venue, parce que j’ai beaucoup aimé ‘By Night’, il y avait ce côté 80’s très beau, électro, etc. Mais il me manquait un truc…

Tu avais besoin d’un peu plus de brutalité.

Oui ! Et je faisais référence à cet épisode 2023. J’ai aussi remarqué ces modifications au niveau des pages sur les réseaux sociaux, l’esthétisme, le nouveau logo, la noirceur qui revenait, tu vois, on oublie le côté 80’s avec ces couleurs, et on sent qu’il y a une profondeur. Je trouve qu’il y a un côté poétique, limite romantique, dans cette préparation…

Je suis complètement d’accord !  Après, il y a quand même une logique, c’est-à-dire qu’on ne pouvait pas proposer une esthétique, je dirais, sauvage et sombre pour un album comme ‘By Night’. Il fallait que tout l’esthétisme soit raccord avec la poétique et la musicalité de cet album, et ça n’aurait pas eu de sens de proposer la même esthétique pour ‘Different Breed’. Donc, il fallait une coupure franche et accompagner la musicalité de ‘Different Breed’ avec un artwork et des photos adéquats.

clip – FC.CLAP

Cette année, vous nous sortez le titre “Cerberus”, et c’est un coup de jus qu’on se prend ! La flamme DAGOBA revit. Pourquoi le choix de ce titre en tout premier single ?

Je pense qu’il synthétise assez bien la brutalité, la sauvagerie et à la fois une sorte de mélancolie qui est assez généralisée sur ‘Different Breed’. Donc, c’était une belle carte de visite pour l’album.

Et quelle carte de visite ! Je la trouve assez enivrante. D’ailleurs, tout l’album est comme ça, avec cette noirceur délicieuse. Et j’ai vu les réactions des fans…

Ouais, c’est ce que j’étais en train de dire à notre attaché de presse. C’est la première fois de notre carrière où 100% des avis, des commentaires sur tous les réseaux sont aussi dithyrambiques. Donc, c’est assez nouveau pour moi. J’ai l’habitude d’avoir un certain ratio d’avis positifs, et t’as toujours des gens qui sont pas contents… C’est la vie d’un artiste quand tu t’exposes, tu prends le risque d’être critiqué de façon négative aussi. Mais là, avoir 100% d’avis positifs, c’est quelque chose de nouveau.

Et ils n’ont pas encore entendu tout l’album…

C’est ça !

Ensuite, sort un autre titre, quelle poésie… “Phoenix Noir” est intense, DAGOBA old-school qui revient… Je trouve que vous avez trouvé une maturité musicale, mais ça va au-delà. C’est un gros coup de cœur ce titre.

Alors, ce titre est assez autobiographique, parce que j’ai un énorme phénix noir tatoué. C’est pour moi un symbole important, parce que c’est l’entité qui renaît de ses cendres, c’est l’entité qui ne lâche rien contre vents et marées, qui continue à renaître, à se renouveler. Et je pense que c’est quelque chose qui, à la fois, me caractérise en tant qu’homme et finira peut-être par caractériser un jour la carrière de DAGOBA. Donc, c’était un moyen de mettre un coup de projecteur sur cet aspect-là du groupe.

Et moi, qui t’identifie plus comme le Minotaure, tu vois…

Je pense qu’il faut être un peu Minotaure pour renaître sans cesse comme le Phoenix.

Le lyrique chez DAGOBA, est-ce que c’est Shawter ? Est-ce que c’est le monde tel que tu aurais aimé qu’il soit, ou une autre vision ?

C’est principalement le monde tel que je le vis. Je pense qu’on écrit toujours un peu sur soi-même. C’est la perception que j’ai du monde, quel accessit je donne à tel ou tel sentiment ou telle sensation. Il y a des gens qui sont très attachés, par exemple, à l’optimisme.  Étrangement, d’autres trouvent parfois leur bonheur dans la dépression, ils y trouvent un certain moteur. Moi je sais que dans l’amour, dans le temps qui passe et dans l’acceptation d’une mort certaine, je trouve une source jusqu’à présent inépuisable d’écriture.

clip – Caktus Production

Il y a quelques jours, vous révélez “Minotaur”. J’aime beaucoup le côté synthé dans les refrains et au niveau de la compo. Est-ce que pour celui-ci, vous vous êtes mis tous ensemble après pour le construire, ou juste toi parce que je sais que tu es vraiment dans l’orchestration ? Comment ça s’est passé ? Je veux dire, même pour tout l’album mais particulièrement pour ce titre, “Minotaur”, par exemple.

J’ai tout fait de A à Z une fois de plus. La composition et l’écriture, c’est vraiment mon domaine. Le groupe en général, bien sûr, amène sa validation. Si j’amène un riff ou un arrangement qui ne leur plaît pas, ils ne se gênent pas pour me le dire et je ne me gêne pas pour l’effacer et repartir sur une page vierge. Mais pour ce qui est des synthés en particulier, sur le refrain de “Minotaur”, en réalité ce sont des pizzicati de violon que j’ai distordus. Donc, c’est un peu la synthèse, un peu nos arrangements, c’est-à-dire, à la fois un instrument classique, mais avec un traitement numérique.

J’apprends des choses et c’est encore plus intéressant. Le 14 juin approche, je suis contente que ça soit plus proche pour les autres d’entendre ce que moi je viens d’entendre. ‘Different Breed’ va enfin pouvoir happer les autres, comme moi j’ai été happée.

On espère…

Je suis certaine ! Pour moi, cet album c’est le meilleur de DAGOBA. Je viens au début, à cette intro.. Ça m’a foutu une angoisse ! J’entends le bébé pleurer… Déjà, je ne comprends pas pourquoi j’entends un bébé pleurer, mais c’est surprenant, c’est violent et c’est humain. En entendant l’intro, on comprend que le bébé, à un moment donné, est porté, il se détend et tout d’un coup tu me sors un cri, mais un cri incroyable… Il fait peur, il est ténébreux…Pourquoi cette intro ?

En fait, cette intro s’appelle “Genes15”, avec un 15 à la place du “is” de la fin. 15, c’est un peu l’âge où j’ai commencé DAGOBA. L’idée c’est de mettre à nu ma naissance à ce style qu’est le métal et aussi mon appartenance à ce groupe. C’est-à-dire que je n’ai plus vraiment de souvenirs, c’était il y a si longtemps… et maintenant ça prend une part tellement importante de ma vie, de ma vie d’homme, que j’ai voulu exprimer le fait qu’entre le moment où je suis né et le moment où j’ai fait DAGOBA, ça a été à la fois brutal, instantané et j’ai l’impression qu’il ne s’est rien passé d’important entre temps, je n’ai connu que ça. Donc c’est un peu toute la symbolique derrière cette introduction.

Intéressant… Après, la suite… cela ne se termine pas réellement, car il y a ce passage avec les claviers et la guitare, et ce titre “Arrival of the Dead”, mon deuxième coup de coeur de l’album, avec ce refrain magique et noir… Tout est composé d’une manière très intense… D’ailleurs, t’es sûr que Théo est humain? Il nous sort des blast beats, c’est un truc de fou !

(Sourire)  Pour être honnête avec toi, Théo est loin d’être à 100% de ses capacités dans un groupe comme DAGOBA. Il vient de la scène death, technique, il va ultra vite. C’est la nouvelle génération de batteurs. Avec DAGOBA, il est en promenade. Mais, c’est vrai qu’au niveau de l’écriture, on peut sentir justement qu’il a beaucoup de facilité, il se permet des transitions qui sont assez inédites dans la composition de DAGOBA. Et ça, franchement, on peut lui tirer notre chapeau, parce que moi, personnellement, quand j’ai écouté les productions de l’album avant que ça parte au mix, secrètement – bon je lui ai dit bien sûr – mais je savais que c’était lui qui allait avoir toutes les louanges. Parce que pour le reste, on est habitué à entendre nos riffs, on est habitué à nous entendre chanter, on est habitué à une fulltitude d’arrangements. Mais ce niveau-là d’écriture dans la batterie, ça, c’est vraiment quelque chose de… c’est un gros, gros pas en avant pour la composition, et il faut rendre à César ce qui est à César et à Théo ce qui est à Théo.

Je sais comment la foule se déchaîne lors de vos concerts, mais là, avec ce dernier album, vous allez tout raser…

C’est le plan ! (Rires) J’aime bien que tu dises “tout raser”, on dit ça à Marseille aussi, “on va tout raser”.

Je vois l’album complètement différemment, parce que j’imaginais tout un monde d’horreur et de chaos, et là, tu m’as un peu allégé mais… Il y a tout ce côté lyrique, la poésie, j’ai vu les stories aussi, le LORE, toute cette beauté des textes… Du coup, je suis un peu perdue sur la notion, le concept de cet album, si tu peux me l’expliquer…

Oui, bien sûr ! En fait, on a fait toutes ces stories un peu sur le lore de l’album pour vraiment plonger l’auditeur dans un univers complet. Et le LORE, c’est quelque part, onze stories qui sont disponibles en story à la une sur nos réseaux. J’espère que tes lecteurs iront faire un petit tour, parce qu’on s’est quand même décarcassés pour les faire. Et oui, c’est un peu des explications de textes et des approfondissements des paroles, pour plonger encore un peu plus l’auditeur dans chaque chanson.

Cet album, je l’ai écouté en boucle tellement il m’a fait de l’effet, et j’arrive à un stade où je ne suis plus dans le déni, je suis dans l’acceptation. Et puis “Léthé” arrive, cela fait une transition entre “Minotaur” et “Phoenix Noir”, et je vois que vous avez inversé la sortie des ces deux titres…

Oui, parce que les singles ne sortent pas forcément dans l’ordre de la tracklist des albums. On a juste voulu provoquer une espèce d’escalade dans la sauvagerie, single après single, et “Minotaur”, c’était pas trop mal pour conclure cette sortie de single.

La fin du cycle parce qu’il y a un moment où dans le LORE justement, tu parles des cycles, que les choses n’arrivent pas réellement comme elles devraient se passer…

L’ordre des choses n’est toujours pas respecté…

C’est super intéressant et en plus tu utilises des phrases magiques, ma mémoire me travaille… “Eux oui, pas moi”…

“Si tous, pas moi”.

On arrive à “Alpha”… magistral. On ouvre avec de la brutalité et on clôt avec la magie de l’instrumental. Je sais que tu aimes la musique classique, ça se sent.

J’adore !

Le piano et le violon…. Ce titre…

En fait, on voulait aussi changer un peu la structure de l’album dans le sens où d’habitude, on propose souvent une intro instrumentale et au milieu de l’album, un interlude pour calmer un peu l’oreille de l’auditeur. Cette fois-ci, on voulait justement mettre l’accent sur cette sauvagerie dont tu parles, cette noirceur ; mais quand-même même finir avec quelque chose de plus doux, qu’on aurait auparavant placé au milieu de l’album et qu’on a voulu placer à la fin. Et je me suis dit que ça n’aurait pas eu de sens de placer une instrumentale d’une minute ou 1 mn 30, donc il fallait vraiment faire une pièce globale. Alors je me suis lancé dans l’écriture de cette pièce classique. J’étais assez content, parce que d’habitude, mes arrangements classiques sont soit courts en guise d’interlude, soit ils sont un peu loin dans le mix, parce que justement ils ont leur place d’arrangement. Et là, c’est une mise à nu de mon amour pour la musique classique. On n’entend vraiment que ça. C’était important pour une première pièce vraiment classique, qu’elle soit digne du reste de l’album. C’était un chouette moment.

Un mode de travail chez vous, c’est l’autoproduction, vous êtes très indépendants, tu sais où tu veux aller, mais ça ne doit pas être facile tous les jours…

Non, ce n’est pas facile tous les jours, déjà apprendre à jouer d’un instrument, ça prend du temps, apprendre à chanter aussi, et apprendre à produire, ça met aussi du temps. Donc c’est pas mal de boulot. C’est du travail, mais qui finit par porter ses fruits, parce que ça finit par être un certain confort dans le sens où si on devait produire dans un studio tiers, on va dire, ça aurait un coût. Et moi, je n’aime pas être bloqué par cette notion financière et de me dire  que j’ai loué un studio pour deux semaines, trois semaines, un mois et puis après, quand c’est fini c’est fini. Donc, il faut faire vite, parce que le temps s’écoule. Là, c’est mon studio et je peux enregistrer au gré des idées. Surtout pour la voix, parce que quand t’es en studio, souvent, tu enregistres en dernier, une fois que la batterie, la basse et la guitare sont faits. Il te reste 4,5 jours pour chanter. Pour moi, tu n’es jamais au sommet de ta forme quand tu chantes le quatrième jour ou le cinquième jour. Alors qu’en ayant mon propre studio, je peux chanter un couplet le lundi, le refrain le vendredi et laisser passer le temps que je veux pour que, quand je me sens au sommet de ma forme, je puisse appuyer sur record.

Le choix de Chris Coulter pour le mixage, pourquoi lui ?

Il était déjà en charge du mix de ‘By Night’, j’avais adoré son boulot. Pourquoi on l’avait pris sur ‘By Night’ ? Parce qu’il avait produit cet album ‘Melancholia Hymns’ de ARCANE ROOTS, dont je suis ultra fan. Et en fait, on est retourné chez lui parce que pour ‘By Night’, je n’avais pas pu aller en studio avec lui car il y avait un confinement. Donc, c’était le premier mix qu’on faisait online, et j’avais envie de le rencontrer comme j’ai l’habitude de faire, de me déplacer dans le studio de mixage. Donc comme j’étais super content de ce qu’il avait, j’ai pris mes prédispositions, mes billets d’avion et je me suis rendu à Londres pour le rencontrer et passer du temps en studio avec lui.

Verycords, vous (re) changez de label. Qu’est-ce qui a fait que tu bosses avec eux ?

Alors, déjà parce qu’on avait bossé avec eux sur ‘Post Mortem Nihil Est’ et ‘Tales of the Black Dawn’, donc on connaissait leurs compétences. Il faut savoir aussi qu’on aurait dû signer ‘By Night’ chez eux au lieu de chez Napalm Records, mais on a reçu leur offre ferme 12h après avoir signé chez Napalm. Leur offre est arrivée un peu en retard, donc c’était une façon de rattraper le wagon. Et pourquoi avoir quitté Napalm? En fait, tout simplement parce qu’on avait un contrat d’un seul album. Et entre-temps, on a trouvé qu’ils prenaient une certaine direction artistique qui n’aurait pas franchement collé avec ce que ‘Different Breed’ est. Donc voilà, tout simplement.

Je reviens à l’esthétisme et l’artwork, j’ai trouvé bluffant cette peinture à l’huile du Minotaure. Comment êtes-vous venu à travailler avec cet artiste et qui est l’artiste ? De qui est venue l’idée également ?

Il s’appelle Mathieu Questel, c’est un artiste peintre qui est devenu coté. C’est un fan du groupe qu’on croisait sur la route, qu’on avait déjà vu en concert, je ne savais pas du tout qu’il était devenu artiste peintre. J’ai retrouvé sa page sur les réseaux, j’ai vu ce qu’il faisait et c’était assez bluffant. J’encourage les gens à aller voir ses réseaux. Donc je l’ai contacté et j’ai dit : “Écoute, voilà, on s’apprête à sortir un album qui va être assez brut, et je pense que tu serais capable de nous proposer quelque chose d’intéressant là-dessus.” On a discuté un peu du concept général de l’œuvre, quelle figure on allait mettre dessus, sa position, l’angle de vue, son habit, son regard. Et une fois qu’on s’est mis d’accord sur ça, il a attaqué la peinture et voilà, on a cette œuvre-là pour couverture.

On dirait que le logo DAGOBA est peint sur lin…

Il n’a pas été peint, mais modifié pour qu’il sied à la peinture.

Et puis il y a les photos aussi, les bandages. Est-ce que c’est l’idée de l’artiste, le photographe avec qui vous avez travaillé, ou est-ce que c’est un choix qui t’est venu ?

C’est vraiment une idée du photographe, Nicolas Senegas. Quand il a entendu les prémices de l’album et qu’il savait qu’on allait parler d’une espèce différente, il s’est dit que ça serait bien de nous présenter comme défigurés, comme une certaine monstruosité un peu freak, tu vois. Du coup, il a eu cette idée de déformer un peu les visages à base de bandelettes et de pansements, et effectivement, quand on a vu les premières planches contact, on a été bluffés, parce que ça nous donne un aspect vraiment animal, étrange, qui va vraiment avec le concept de l’album.

La fin de l’interview approche et je voulais que tu saches que cet album m’a créé de bons bleus dans l’âme…

Ça t’as marquée !

Oui ! Et cet album est une nouvelle ère de DAGOBA… Comment vois-tu l’avenir ?

Déjà, que Dieu t’entende et qu’on ait le succès que tu nous souhaites, ça serait de bon augure. Après, j’espère que tout se déroulera au minimum comme tout ce qui se passe pour nous depuis le début de notre carrière, puisqu’on mène des vies extraordinaires. Je ne peux que souhaiter que ça perdure. Et si ça perdure de cette façon, je serai le plus heureux des hommes.

Qu’aimerais-tu ajouter, veux-tu ajouter quelques mots à tes fans et à Vecteur ?

Je voulais te féliciter pour ton interview. Je trouve que tu as amené une sensibilité réelle dans tes appréciations. Et j’espère vraiment qu’un maximum d’auditeurs seront, comme tu l’as dit, marqués, voire touchés par ‘Different Breed’.

LINE UP

Shawter : Chant / Composition

Théo : Batterie ( Exocrine, Widespread Disease)

Kawa : Basse

Ritch : Guitare  (Déluge)

Notre Avis

Chronique par Cidàlia Païs

Cet album va être un véritable exercice d’écoute et… d’émotions.

“Genes15”… Cette intro retrace l’éclosion de DAGOBA. Les pleurs de l’enfant, représentant Shawter, et l’écho des portes d’un endroit froid et ténébreux qui s’ouvrent, d’où provient un cri brutal et puissant, me glacent le sang. Sans crier gare, je suis plongée dans une atmosphère sombre et mélancolique. Une transition douce arrive au son du clavier et de la guitare sur un incroyable “Arrival of The Dead”, mais me happe dès son premier refrain. “Different Breed” est d’une brutalité délicieuse où le massif et la férocité du metal signent et persistent. Les cordes de Kawa et Ritch sont tendues à l’extrême, tandis que les cymbales et les peaux des fûts ne rivalisent pas avec la puissance de Théo. L’orchestration, minutieuse et riche en passages industriels, agrémentée de touches death et black metal, ainsi que des sublimes arrangements au violon, s’harmonise avec la dualité de la voix de Shawter, captivante en chant clair comme en saturé. Le tout, doté d’une lyrique magistrale, fait de ce registre le meilleur de l’histoire du groupe et une des meilleures sorties de l’année. J’aimerais vous proposer un titre préféré, mais cela m’est impossible. Chaque note hypnotise complètement l’oreille et l’esprit, et ce doux sifflement à la fin de “Cerberus” achève de me captiver. Le battement de cœur accéléré de “Minotaur” surprend par les sublimes passages de pizzicati lors des refrains… Et l’apaisement trompeur de l’interlude Léthé” est tout aussi saisissant. La renaissance du “Phoenix Noir” est sublimement représentée par “Alpha”. La magie de ce titre instrumental est indescriptible ! (Je ne serais pas surprise de voir ce titre sollicité sur la grande toile.) Une véritable ode à la musique classique, où l’âme est invitée à se remplir d’espoir, mais pas seulement. Un cycle se termine, la nouvelle ère Dagoba se profile. Les 11 titres me feront revivre les bases les plus abruptes, sombres et mélancoliques, si bien portées par le groupe.

 

 

PLUS D'INFORMATIONS

  • Artiste : DAGOBA
  • Album : ‘Different Breed’
  • Label : VERYCORDS
  • Date de sortie : 14 Juin 2024
  • Site officiel : https://linktr.ee/DagobaOfficial