Vecteur Magazine

YE BANISHED PRIVATEERS - LA PIRATERIE EN MUSIQUE

Par Christophe Pinheiro

Pour les amateurs de musique et d’histoires sur les pirates, YE BANISHED PRIVATEERS est fait pour vous. J’ai eu l’occasion de m’entretenir avec Magda “Magda Malvina Märlprim, also Magpie by repute” Andersson, pour parler de “‘Til The Sea Shall Give Up Her Dead”, quatrième album du groupe suédois.

Avant de parler de ce nouvel album, parlons un peu du groupe et de son histoire. Je ne vais pas te demander de présenter chaque membre, car je crois que vous êtes 18. L’histoire commence après une soirée bien arrosée dans un bar. C’est ça ? 

Exact. Björn “Bellows” Malmros et Peter “Quartermaster Blackpowder Pete” Mollwing se sont rencontrés à une soirée costumée, en février 2008, et ils ont tous les deux remarqué que l’autre était très bien habillé en pirate. Ils se sont dit en plaisantant : “Tiens, on devrait monter un groupe de pirates”. Et seize ou dix-sept ans plus tard, nous voilà là, aujourd’hui. 

Après quatre albums, “‘Til The Sea Shall Give Up Her Dead” sort le 11 avril, j’imagine que vous êtes impatients de le voir sortir ? 

Oui, très impatients. Comme tu l’as dit, nous avons déjà sorti quatre albums classiques, et le dernier était “A Pirate Stole My Christmas” en 2021. Ça fait quelques années que nous n’avons pas sortis de musique, et nous avons vraiment hâte de sortir ces nouvelles chansons. 

Comment avez-vous composé cet album ? J’imagine que ce n’est pas toujours facile d’être aussi nombreux dans le groupe. Quelle est la genèse de cet album ? 

Pour les premiers albums, généralement, c’était une ou deux personnes qui composaient la plupart des chansons chez eux, puis ils les apportaient en salle de répétition. Et on faisait les arrangements ensemble en y mettant la magie de YE BANISHED PRIVATEER. Mais pour cet album, on a eu beaucoup plus d’auteurs-compositeurs. On a, aussi, eu un processus un peu plus collectif dès le début. Lorsqu’on a décidé qu’on allait enregistrer le nouvel album, on a commencé à rassembler tout le matériel. Et on s’est retrouvés pendant un week-end, a tout passé en revue. Et on a continué à travailler selon cette méthode. Donc le processus a été un peu plus collectif cette fois, ce qui est cool, je trouve. 

Tous les membres du groupe vivent dans la même région ou la même ville ? 

On est basés dans une ville appelée Umea, dans le nord de la Suède. Donc la plupart d’entre nous vivent ici, et on a notre salle de répétition ici. Mais nous avons aussi des membres qui vivent dans d’autres régions de Suède. Ça complique un peu les choses, car il faut trouver du temps pour qu’ils puissent venir à Umeå afin que nous puissions tous nous réunir et travailler ensemble. Mais la plupart d’entre nous vivent dans la même ville. 

Avec cet album, on est clairement plongés dans l’univers des marins, de la piraterie et de tout cet environnement fascinant. D’où vient votre inspiration ? Y a-t-il des livres qui contribuent à la créativité de votre groupe ? 

Il y a certainement des gens dans le groupe qui s’intéressent beaucoup à l’histoire des pirates et qui ont beaucoup de connaissances. Personnellement, je ne suis pas très cultivée sur le sujet, alors je fais confiance à ceux qui le sont. Nous faisons beaucoup de recherches pour être sûrs de ce qu’on va écrire. Parce que nous voulons écrire sur des sujets, historiquement, exacts. Et ça se voit aussi, par exemple, dans nos vêtements. Si je pouvais citer un livre. Je dirais “Pirates” de Marcus Rediker. Je pense que c’est un super livre si vous voulez lire quelque chose sur les pirates. 

Il y a deux morceaux sur cet album que j’aime particulièrement. Le premier est “Waves Away”. Peux-tu me parler de cette balade si triste ? 

Bien sûr. Merci. Contente que ça te plaise. En fait, c’est moi qui ai écrit la musique de celle-là. Le thème de tout l’album, c’est la perte et la mort en mer. Et celle-ci, comme une chanson qui figurait sur notre deuxième album, raconte la même histoire, mais du point de vue de l’autre personne. Elle parle d’une femme debout sur le rivage, regardant l’océan en attendant le retour de son amant. C’est un marin, et il est parti pour l’océan, et le navire a coulé, ou plutôt s’est écrasé contre des rochers. Et il s’est noyé. « Waves Away » est du point de vue de cette autre personne. C’est une très belle chanson. 

Et la deuxième est totalement différente. C’est “A Final Toast For Oliver Cromwell”, avec ses paroles… comment dire… poétiques. Plus sérieusement, comment avez-vous travaillé sur cette chanson ? 

Oliver Cromwell est un personnage réel de l’histoire. Je pense que c’est typiquement le genre de conversations qu’on peut entendre dans un bar. Cette chanson est très inspirée par le fait qu’Oliver Cromwell était tellement détesté qu’il a été exécuté, puis enterré, puis il a été déterré pour être exécuté une fois de plus. On a trouvé cette histoire obscure et fascinante à la fois. L’idée d’écrire cette chanson vient de là, pour faire semblant d’honorer cet homme très détesté. 

Ce qui me frappe dans votre musique, c’est votre façon d’interpréter vos chansons. Il y a une narration comme dans une pièce de théâtre ou un film. C’est ce que vous cherchez à faire ? 

Absolument. Nous sommes tous passionnés par la narration, et nous voulons vraiment créer une atmosphère où on a l’impression de pouvoir échapper à la réalité. On vit dans un monde très dur, et c’est vraiment sympa de pouvoir créer un espace où l’on peut simplement être un pirate et penser à autre chose. Boire du rhum, crier et faire ce qu’on veut. 

J’ai regardé la vidéo intéractive du titre “Raise Your Glass”. C’est excellent. Un peu moins quand il faut récupérer une pièce dans le vomi, mais c’est original. Comment vous est venue l’idée de cette vidéo interactive ? 

Oh, c’est une bonne question. En fait, j’ai rencontré une personne qui m’a dit travailler avec le cinéma interactif, et je me suis dit qu’on pourrait faire un clip vidéo interactif. Dès que l’idée est sortie, il fallait la réaliser, évidemment. Mais je pense que ça s’est fait naturellement, parce qu’on aime expérimenter et faire des clips vidéo. C’est une façon très, très cool de compléter la musique. De donner encore plus, en racontant une histoire. Nous avons déjà expérimenté d’autres formats de vidéos. Je ne sais pas si tu l’as vu, mais nous avons une vidéo à 360°.

Oui.

Donc ça nous a semblé une étape assez naturelle, et nous aimons nous mettre au défi et surprendre notre public, et je pense que nous nous surprenons aussi parfois.

Pour ceux qui ne vous ont jamais vu en concert comme moi, en quelques mots, comment définiriez-tu un concert de YE BANISHED PRIVATEER ? 

Oh, bondé, tapageur, amusant et dramatique. 

Vous partez bientôt en tournée. Si vous me dites que vous voyagez en bateau, je ne vous croirais pas. Plus sérieusement, la logistique de vos tournées n’est-elle pas trop compliquée ? 

Ça peut être délicat, car on vit dans le nord de la Suède, donc on a souvent un très long trajet à faire. Parfois, on voyage pendant quinze ou seize heures avant d’arriver sur place. Ça peut être assez compliqué, et il faut que ça arrange tout le monde. On loue généralement un mini van de tournée et on conduit nous-mêmes. On est très doués pour ranger les bagages dans une voiture. On a une très bonne routine pour faire rentrer beaucoup d’instruments dans un petit espace. Et je pense que depuis qu’on tourne c’est devenu beaucoup plus facile qu’avant. Avant, c’était très, très chaotique. Même si ça peut encore être le chaos complet parfois. Mais on s’amuse toujours. 

Quand on est 18 dans un groupe, il n’y a pas trop de tensions dans le groupe ? 

Bien sûr que ça arrive. Nous sommes des êtres humains, et nous avons des émotions et des besoins. Nous jouons ensemble depuis longtemps et il y a une très bonne ambiance dans le groupe. C’est important que tout le monde se sente en sécurité et puisse exprimer ses besoins. Et si quelqu’un passe une mauvaise journée, il peut le dire à tout le monde, genre, j’ai besoin d’être un peu seul(e) aujourd’hui, ou j’ai besoin d’un câlin ou quoi que ce soit d’autre. C’est un groupe vraiment sympa pour être franche.

On voit dans certaines vidéos que les fans viennent à vos concerts déguisés. Vous avez une vraie fanbase. Quelle est la chose la plus folle que tu ai vu à vos concerts ? 

Oh, la chose la plus folle… On a vu beaucoup de choses bizarres, on a joué dans beaucoup de festivals. Là-bas, les gens peuvent être déguisés non seulement en pirates, mais pas seulement. J’ai vu quelqu’un déguisé en cheval et quelqu’un qui le promenait en laisse, en passant devant la scène. C’était un peu inhabituel. Oh, et aussi des perroquets vivants. Quelques fois, on a vu beaucoup de choses bizarres, et on adore ça. C’est amusant. 

Dans quelles conditions recommandes-tu d’écouter ton album ? 

Intéressant. J’imagine que ça fonctionne dans différents contextes. Certaines chansons sont vraiment des chansons de fête, qu’on a envie d’écouter au pub et de chanter en chœur. D’autres sont plus adaptées pour un long trajet en voiture ou une promenade, pour se changer les idées. Mais je pense que dans son intégralité, on peut s’asseoir et l’écouter attentivement en se laissant emporter dans le voyage. 

Le mot de la fin est à toi. 

Nous avons hâte de partager cet album avec tout le monde, et j’espère vraiment que les gens le prendront à cœur. Merci pour l’écoute que vous porterez à cet album et nous espérons vraiment que vous allez l’apprécier. Nous avons hâte de jouer ces chansons pour vous en live cette année.