Vecteur Magazine

ULTRA VOMIT - Jamais peinards !

Interview d’ULTRA VOMIT par Valentin Pochart

Photos : Mathieu Ezan

ULTRA VOMIT : le contexte de ces cons textes !

Ça n’est arrivé que quatre fois dans l’histoire de l’humanité, et ça ne se reproduira peut-être pas lors de cette décennie. C’est un événement attendu par le monde entier (oui, même à Hawaï), et pourtant personne ne l’a vu venir (sauf ceux qui ont vu les communiqués) : ULTRA VOMIT sont de retour avec un nouvel album, ‘ULTRA VOMIT et le Pouvoir de la Puissance’ ! C’est donc à la bourre et le jour de sortie de celui-ci que nous avons pu échanger avec Fetus, Flockos et Matthieu Bausson (alias Tutus, Jojo et Bobo) dans un hôtel beaucoup trop classe pour nous. Découvrons donc ensemble la source de leur pouvoir.

Salut les gars ! Vous sortez ‘ULTRA VOMIT et le Pouvoir de la Puissance’ aujourd’hui, comment vous sentez-vous en ce jour de sortie ?

Flockos : Eh bien, on a une espèce de pression qui retombe, quand même.

Fetus : Je disais ça tout à l’heure, j’ai beaucoup de gens de ma famille qui me demandaient « bah alors, la pression pour la sortie de l’album ? » Et en fait, bizarrement, et ça va paraître très prétentieux, mais je pense qu’entre nous on est tellement certains qu’on a fait un bon album (et on a aussi pas mal de gens autour de nous qui ont écouté) qu’on arrive à une espèce de sérénité. On se dit « c’est bon, l’album est bien, maintenant c’est à vous d’être d’accord » (rire) !

Matthieu : Oui, plus que sur le clip, par exemple.

Flockos : Ouais, la pression c’était le clip, parce qu’il s’est fini à deux heures du matin ! On l’a sorti le jeudi midi mais il était fini à deux heures, quoi. Les timings étaient serrés pour ça.

Fetus : C’est ça, alors que l’album ça fait tellement longtemps qu’on est dessus… On a laissé maturer tous les concepts, les vannes et tout. À un moment donné, il y a certes un moment de doute où tu te dis « c’est de la merde ». Il y a un, deux ou trois morceaux sur l’album où j’ai eu de très grands doutes… Notamment celle qui pop le plus aujourd’hui, où on a eu de très grands doutes, mais en fait à la fin, une fois que ça passe par le studio avec le gros son de porc de Fred (Duquesne, qui a travaillé sur le mix de l’album, ndlr) il y a un moment où on redevient sereins.

Flockos : On avait plus des craintes techniques, car c’est moi qui upload les trucs sur YouTube, il fallait que je mette les liens qui sortent en automatique… Il y avait tous ces paramètres où c’est pas vraiment mon taf, sauf que je fais confiance à personne (rire) donc c’est moi qui veux le faire ! Ou la sortie sur Spotify, est-ce que les titres seront bien écrits, plein de choses comme ça qui créent un stress plus de l’ordre logistique. Donc je suis très content, là l’album est lâché dans le public et il appartient à tout le monde. On craignait que ça leake aussi, car l’album a fini de masteriser depuis le 24 mai, et on sait que beaucoup de gens ont taffé dessus. Que ce soit les visualisers, les lyrics vidéos, les clips… On l’avait aussi fait écouter à plein de potes pour avoir leurs avis. Donc au bout d’un moment s’il y avait eu un leak, ça n’aurait pas été une grosse surprise. Et ça, ça nous aurait cassé les couilles, quand même. Mais la grosse pression c’était le clip. 

L’avantage de pouvoir vous interviewer aujourd’hui, c’est que j’ai pu tricher sur toutes les interviews de mes camarades journalistes. Et j’ai vu que vous aviez passé 16 mois sur l’écriture de cet album. Comment ça se passe, une session d’écriture avec vous ?

Flockos : Bah, ça dure 16 mois (rire) !

Fetus : C’est long, laborieux, fastidieux… 

Flockos : Le prérequis pour commencer un album d’ULTRA VOMIT, c’est d’arrêter les concerts. Ça ne paraît pas être un problème en soi, mais c’est primordial. On n’arrive pas à libérer l’espace créatif de notre caboche si on n’a pas arrêté les concerts. Donc il ne faut absolument rien d’autre en tâche de fond, et à partir de là, on peut dire qu’on est allés plus vite que prévu. Surtout parce qu’on avait envie de sortir un album. L’album d’avant (‘Panzer Surprise’, ndlr) avait été super bien reçu, les concerts sont mortels, on a une équipe technique mortelle et des conditions incroyables… En fait tout va bien donc ça donne envie de continuer, tout simplement.

Fetus : Oui, ça a été le premier truc. Quand on a fini la tournée ‘Objectif Thunes’, il n’y avait aucune promesse, il n’y avait rien. J’avais une sensation, que j’ai toujours, même là, de dire « c’est bon on a tout fait, tout parodié 50 000 fois ». Après ‘Objectif Thunes’ c’était impossible pour moi de faire un album dans la foulée. Peut-être aussi que c’était juste du mental. Tu as des années de concept, tu as l’impression d’avoir été pointu dans tous les styles et tu dis « c’est bon, on laisse ça comme ça, c’est parfait ». Puis c’est revenu naturellement mais au bout de 9 ans (pour ‘Panzer Surprise’, ndlr), et on a eu le temps de faire autre chose entre temps. Là, la différence, c’est que je me souviens de la dernière date de tournée où on se disait « putain c’est déjà fini », alors qu’on a tourné comme des porcs pendant pas loin de 5 ans ! Et là il y a eu tout de suite une promesse de se mettre en mode « on va faire un album ».

Flockos : Ouais, on avait déjà deux ou trois trucs dans les tiroirs, ce qui permettait de ne pas partir de zéro et de dire « ça c’est excitant, on va voir ce qu’on va en faire ».

Fetus : Mais il y avait déjà une volonté de faire un album tout de suite. Après, si ça vient pas, ça vient pas. Certains groupes bookent un studio en disant « quoi qu’il arrive il y aura un album sinon on mange pas », je vois ça parfois dans le rap, ils vont en studio et ils écrivent en studio. Je trouve ça fou, hein ! Ça peut donner des pépites, mais ça me semble fou de faire ça. C’est trop sacré, un album, je n’arrive pas à me dire qu’il faut faire comme ça.

Matthieu : Mais il y a un moment où il faut une deadline.

Fetus : C’est ça, mais de booker le studio sans avoir de compositions, pour moi c’est un délire de fou. Là, nous, c’est pas comme ça qu’on a fait et on n’a jamais fait comme ça, d’ailleurs. On a attendu d’avoir un certain nombre de compos en disant « OK, l’album aura lieu », ensuite on booke et quand tu auras booké le studio, il y aura d’autres trucs qui vont arriver, c’est comme ça. Mais il y avait une garantie. Une fois que tu as l’intro, etc., tu as un genre de squelette et tu sais que c’est parti.

Je pense qu’au niveau des vannes c’est bien d’avoir aussi le temps de les rôder, quelque part.

Flockos : C’est très juste, il y a des délires qui nous ont fait marrer peut-être une ou deux semaines sur lesquels on était sûrs, et quand on revient 4 mois après avec le recul, on fait « non, on ne peut pas ».

Fetus : Bah « MPHXC », par exemple. Il y avait des morceaux qui nous ont broyés de rire, ce sont presque ceux qui nous ont fait le plus rire en création et ils ont fini en crémation. Franchement, je crois que les trucs qui nous ont fait le plus marrer ne sont pas sur l’album. Ça peut paraître bizarre de dire ça mais…

Flockos : Ouais, c’était des feux de paille très brûlants.

Matthieu : Il y en a qui nous font toujours marrer, mais c’est privé.

Fetus : C’est plus de cet ordre-là. C’est une bonne question qu’on nous pose souvent : « comment passer des délires entre vous à les offrir au monde ». Et plus t’es « connu », plus il y a une portée, et tu fais un peu plus gaffe à ce que tu racontes, c’est normal.

Matthieu : Il y en a une qu’on a enregistrée chez Fred (Duquesne, producteur de l’album, ndlr) et qui n’est pas sur l’album. Parce qu’en faisant des écoutes avec les potes, ils nous ont dit que celle-là c’était compliqué. Trop privé. Ils n’avaient pas compris le délire, même.

Fetus : C’est ça, ils disaient : « Les mecs, vous avez pas besoin de ça, c’est lourdingue ». Mais nous on l’adore ! C’est notre bébé ! Et en plus, c’est une des premières compos qu’on avait ! C’est quasiment un truc où on a dit « au moins y a celle-là, on est bons » (rire) ! Mais c’est ça aussi qui m’a rassuré. On a réussi à mettre de côté des trucs qui étaient déjà solides, et où il y avait déjà de la matière.

Flockos : C’est la première fois qu’on fait ça. Pour ‘Panzer Surprise’ on n’a pas fait de remplissage, mais on avait rien de plus. Ce qu’on avait de côté n’avait même pas de paroles.

Fetus : Et les chutes de ‘Panzer Surprise’, qu’on a quand même reconsidérées là. Par exemple, “B2B”, ce sont  des trucs qui étaient déjà là et qu’on a pas réussi à exploiter. Si ça se trouve ça va être dans 10 ans ! Mais elles n’ont pas réussi non plus, c’est pour te dire à quel point il y avait beaucoup d’idées. Je dirais qu’il y en avait beaucoup plus que sur l’album d’avant. Donc tant mieux, c’est ça qui donne la sensation que l’album est fini.

Flockos : C’est la première fois qu’on se retrouve avec de l’excédent, et qu’on a l’impression d’avoir écrémé au maximum.

Fetus : Pour l’anecdote, le dernier morceau de l’album (“A.N.U.S.”, ndlr) n’est même pas prévu dans la tracklist, et on l’a composé pendant le studio, alors qu’on avait déjà éclaté le timing et le budget, qu’on était déjà en panique… Et là le truc arrive et on se marre vraiment. C’est un pari, on te disait « il faut avoir du recul », et là on en avait pas, c’était soit on le fait, soit on ne le fait pas. Là on était en mode « nan, il faut le faire c’est sûr » ! 

Matthieu : C’est un bijou ! C’est un joyau ! Même quand Manard a dit « mais nan les gars », on a dit « mais si, t’inquiète pas, Manard, laisse nous faire » (rire) !

Fetus : Ouais, lui il était en mode « enfin les gars, c’est bon, le trou de balle je crois qu’on l’a évoqué suffisamment, on s’arrête avec “Mollo Sur Le Caca” et voilà ». Et moi en fait, ce que je trouve drôle, c’est que sur la tracklist t’as “Mollo Sur Le Caca”, OK promis. Puis t’as le morceau de la puissance en final qui était déjà prévu, puis en fait « ah merde, on a pas pu s’empêcher » (rire) ! On n’a pas mis longtemps, on n’a même pas attendu l’album d’après !

ULTRA VOMIT : [Insérer blague journalistique sur les chansons] !

Je pense que c’est l’album qui m’a le plus fait rire des quatre, notamment sur “Le Coq” qui m’a lancé dans un vrai fou rire !

Fetus : C’est cool ! “Le Coq”, c’est pareil, c’est un morceau qui a failli ne pas être sur l’album. On a eu plein de débats internes, on n’arrivait pas à trouver la bonne formule de comment faire le coq.

Flockos : Il y a eu le nom, aussi, et on a fini par l’appeler par le nom de projet, « Le Coq », car on galérait à trouver un nom marrant, puis on s’est dit « c’est bon, c’est “Le Coq” et on va pas se faire chier » ! 

Fetus : Ouais, voilà, c’est “Le Coq”. « Eh, t’as entendu “Le Coq” (rire) ? » J’avoue que c’est un bon titre au final, mais pour moi c’est un truc qui pouvait me bloquer, me faire à me dire « est-ce qu’on met sur l’album un morceau qui n’a pas un bon titre ? » Pour moi, le titre c’est important, et en fait c’est un bon titre parce qu’il est nul.

Puis ça te prend par surprise, parce que quand tu le lis tu ne t’attends pas à ce morceau.

Flockos : Non, ce n’est pas hyper fréquent qu’un coq chante sur du hardcore (rire) !

Fetus : Mais le morceau, pour moi, c’est sûr que c’est le plus marrant de l’album. C’est le plus directement drôle. Il est immédiat.

J’ai aussi trouvé que vous mettiez plus de références par morceau, ou alors j’en ai repéré plus.

Matthieu : C’est peut-être inconscient aussi, des fois. 

Fetus : J’ai une théorie là-dessus. J’ai l’impression qu’avant on balisait plus. Les logos étaient écrits à la façon de tel ou tel groupe, ce qui pouvait aussi, peut-être inconsciemment dire « OK ça c’est full RAMMSTEIN », alors que déjà ce n’était pas le cas.

Flockos : Oui, “Kammthar” c’était plus du EXODUS que du LINDEMANN.

Fetus : Il y a du full LINDEMANN là-dedans, mais quand je réfléchis aux riffs, ce n’est pas que RAMMSTEIN. Le riff principal, pour moi, c’est plus du METALLICA que du RAMMSTEIN.

Flockos : Là, vu qu’on a pas balisé avec des logos détournés, chacun va chercher des références super pointues là où il n’y en a même pas. Là par exemple, je viens d’apprendre que “Auto-Thunes”, l’intro c’était BOWLING FOR SOUP, alors que j’ai jamais écouté ça.

Fetus : Ah oui ça c’est drôle, je ne connais même pas !

Flockos : Non, on ne connaît pas, en fait ! Pour moi, c’est “My Vagina” de NOFX mélangé à du WEEZER, et avec du NIRVANA forcément. Mais le mec qui dit BOWLING FOR SOUP, il va y voir une ref sur laquelle il ne va visiblement pas avoir complètement tort vu que ça y ressemble, mais ça ne vient pas de nous.

Fetus : C’est marrant on a lancé ce jeu-là depuis ‘Objectif Thunes’ de « alors, c’est quoi ce riff », c’est peut-être l’impression que tu as, c’est qu’il y a plus dans les morceaux de moments où on se dit « ce bout-là c’est ça, celui-là c’est ça »… Et en même temps, c’est vraiment ça. Par exemple sur “Tikawa Hukwa” tu penses directement à SEPULTURA si tu connais, mais si tu continues le morceau, tu te dis « tiens on dirait plus du GOJIRA », ou un peu plus tard du SYSTEM OF A DOWN. En fait, nous c’est comme ça qu’on appelle les passages. Mais ce qu’on disait avec Jojo sur une autre interview, c’est que mine de rien, même un groupe qui ne fait pas de parodie fait ça, en fait. Ils se disent « tiens, on reprend un riff de GOJIRA, le pont de SLAYER », etc. Parce qu’en fait, tu ne peux faire que ça, t’inspirer de trucs qui existent.

Flockos : Tant qu’il n’y a pas de paroles, tous les noms de codes des démos pour les groupes c’est ça, à mon avis.

Du coup les morceaux existent un peu plus en tant que tel je trouve, vu qu’on n’a pas le sous-titre.

Flockos : Ce serait super, c’est un peu le but, en fait. 

Fetus : Et c’est un peu pour ça que “Doigts de Metal” s’appelle comme ça et pas “OrelSum 41”, par exemple. Mais peut-être qu’on l’aurait appelé comme ça il y a 10 ans, en se disant « trop cool, ça montre ce que c’est ». Là, tu as moins envie de montrer, t’as plutôt envie de laisser les gens regarder ce que c’est, démerdez-vous avec ça. C’est une évolution du truc. Ce n’est pas une énorme évolution, mais voilà.

Quel est le travail pour qu’on reconnaisse tout ça ?

Flockos : Non, en fait les références c’est des riffs !

Fetus : C’est inconscient, les références, même.

Flockos : Oui, les références sont inconscientes, et on ne se fait pas d’illusions sur le fait qu’un riff « à la comme ça » ressemble à ça. Mais on ne se dit pas « comment détourner ce riff que j’aime bien pour en faire mon riff ». C’est juste que notre bagage technique est construit comme ça avec les groupes qu’on aime. Je pense que c’est un peu pareil pour tous les groupes, mine de rien. Ce qu’on essaie de dire , c’est qu’on fait comme tous les groupes. Mais comme derrière il y a la parodie, et qu’on essaie de pousser le vice à mettre une voix qui ressemble par-dessus, là où chaque chanteur pourra avoir sa patte dans un groupe normal. Ça va enlever l’attention sur le riff de guitare qui est pompé sur SLAYER, par exemple. Donc si on fait un riff de guitare à la SEPULTURA et qu’on chante comme Max Cavalera, on appuie deux fois sur le bouton au lieu d’une fois. 

ULTRA VOMIT : la fête du clip !

On parlait du clip un peu plus tôt, j’ai l’impression que c’est votre plus grosse production. Comment vous êtes-vous lancés dans ce projet ?

Fetus : Ouais, en fait finalement, j’ai une impression que le clip de “Evier Metal” était une plus grosse entreprise que “Doigts de Metal”.

Matthieu : Oui, mais c’est parce qu’il y avait plus de monde sur le projet.

Flockos : Quand on parle des coulisses, il y avait vraiment beaucoup plus de monde à taffer dessus.

Fetus : Ouais, c’était vraiment un délire. On aurait dit qu’on était sur un plateau de cinoche H24.

Matthieu : Il y avait 30 techniciens…

Fetus : On faisait des raccords de maquillage avant de repartir…

Flockos : Là cette figuration au Hellfest avec le wall of death et tout ça, c’était très impressionnant, c’est peut-être ça que tu as trouvé plus impressionnant. On a fait ça avec Julien Josselin, qu’on remercie, qui nous a apporté plein de super idées et qui a écrit le truc avec nous, c’était trop cool ! On avait une petite équipe globalement, mais de gros talents !

Fetus : Oui, au Hellfest ils étaient trois ! Mais c’est cool si ça donne cette impression quand tu vois le truc fini. Le premier clip dont on a été méga fiers dans notre vie, c’était “Kammthar”, non pas que ce qu’on faisait avant était nul, mais ce n’était pas à la hauteur de ce qu’on avait en tête…

Flockos : Ce n’est pas non plus que ce qu’on faisait avant était bien (rire) !

Fetus : Non, mais pour moi quand je revois le clip de “Je Collectionne Des Canards (Vivants)”, je me dis que ça a du charme malgré tout, je ne me dis pas que c’est de la merde. Mais “Kammthar” c’était « oh, on est un vrai groupe, là ». Et “Evier Metal” était cool aussi parce qu’il y avait beaucoup de prod et tout ça. Mais celui-là, je suis très content du résultat, et je pense qu’on a pris plus de plaisir à le faire. C’est hyper important. Celui-là j’y allais en me disant « cool, aujourd’hui on fait le clip » ! Et ça c’est grâce à Julien. Le mec est trop cool, et les gens avec qui on avait bossé aussi.

Flockos : Et Julien avait plein d’idées qui venaient de lui. Le problème quand tu fais un album comme ça pendant environ deux ans, rendu à l’étape du clip, moi j’étais vidé créativement. À un moment, il faut laisser le temps que ça se renouvelle, comme les neurones. Et rendu au clip, c’était l’angoisse, j’y étais pas. 

Matthieu : Il avait aussi plus d’idées sur d’autres morceaux. Et Julien il a recentré sur “Doigts de Metal”, où on avait pas du tout d’idées.

Flockos : On avait du mal à imaginer ce qu’on pouvait faire visuellement sur “Doigts de Metal”.

Fetus : C’est casse-gueule aussi.

Flockos : C’était casse-gueule de ne pas trop se moquer du rap en faisant « wesh yo » ou je ne sais pas quoi. Et du coup, Julien Josselin, beaucoup de ses idées nous ont beaucoup plu. Le mec qui a fait la lyric vidéo (de la chanson « Le Pouvoir de la Puissance », ndlr), ça peut paraître tout con mais il a eu plein d’idées aussi, on n’a pas eu à lui dire « tiens, fais ça ». Par le passé, ça devait toujours venir de nous à chaque étape, et là on a trouvé des gars qui avaient de bonnes idées qui nous plaisaient. Et ça fait vraiment du bien.

Fetus : Et “Doigts de Metal”, jusqu’au bout, jusqu’au tournage au Hellfest, j’avais des doutes si c’était le bon morceau à cliper, la gêne de me demander comment je serais habillé, si j’allais être là avec une casquette à faire je ne sais quoi… C’est ça qui est difficile, on fait de la parodie mais on n’a pas non plus trop envie de pousser le curseur. Pour moi le morceau, au niveau du son, il marche quand tu l’écoutes, mais le montrer à l’écran… J’avais l’impression qu’il n’y avait rien à montrer. C’est là où Julien a eu des idées intéressantes, comme les trucs de nazguls, et tout le fil rouge. Et à la fin on a un clip dont on est contents, mais c’est un petit tour de force !

Matthieu : Le gros débat de ce clip a été ton perso, d’ailleurs. C’est qui qui chante ? Heureusement qu’il y avait le petit sketch d’intro qui justifie qu’il chante comme ORELSAN.

Flockos : Ouais, cette intro c’est Julien. C’est super, ça !

Fetus : Le perso écoute du ORELSAN, il se prend un camion. C’est hyper simpliste, mais ça marche.

Matthieu : Il y avait l’idée de “La Mouche”, aussi !

Fetus : Ah oui ! De rentrer dans une cabine de téléportation…

Matthieu : Avec un sosie d’ORELSAN ou un truc comme ça, et du coup…

Fetus : Ouais et après je ressors en mode « oh bah ça va » (rire) !

Matthieu : C’est hyper The Simpsons dans l’image.

Ce que je trouve aussi très cool dans ce clip c’est qu’il est hyper varié, on voit plein de trucs, un peu comme dans l’album !

Flockos : Là c’est pareil, on revient aux références. Quand on est dans le skate park ça fait vraiment SUM 41 parce qu’ils ont fait l’étalonnage de cette manière-là, et dès qu’on est dans les trucs plus metal moderne à la LORNA SHORE, ou qu’on fait les écrans LED au fond, ils ont réussi à faire ressembler ça à ORELSAN. Alors attention, on ne peut pas non plus arriver si facilement au même résultat qu’ORELSAN !

Fetus : ORELSAN c’est une boucherie !

Oui, mais j’avais reconnu le plan avec l’écran, par exemple.

Matthieu : Il y en a plusieurs, des références aux clips d’ORELSAN.

Fetus : J’ai rematé le clip de “L’Odeur de l’essence”, c’est une dinguerie !

Matthieu : Il y a aussi une référence à “Basique” avec le plan devant la cathédrale du Hellfest, où il avance devant les gens.

Fetus : Mais c’est vrai que si on se dit qu’on va faire un clip à la ORELSAN, la barre est très haute. Ses clips, c’est une folie à chaque fois. “Raelsan”, “Ils sont cool”… C’est une dinguerie ! Je ne parle pas des très vieux clips parce qu’ils sont plus cheap. Mais à partir du moment où ils ont bossé avec David Tomaszewski, c’est un truc de malade mental ! J’ai vu le documentaire et il y avait l’air d’y avoir une tension entre Skread (producteur d’ORELSAN, ndlr) et lui, c’est un fou ! Je ne sais pas combien ça coûte des clips comme ça, mais j’imagine que le budget ne doit pas être la même chose. Mais c’est impressionnant, du coup quand tu t’attaques à ça tu fais « ah putain, bon va falloir que ça ne paraisse pas trop cheap ». 

ULTRA VOMIT : c’est leur tournée !

Et vous avez la tournée qui commence dans deux semaines je crois (pleur général, ndlr)…

Matthieu : Ça nous met limite plus la pression que l’album !

Flockos : C’est même moins que deux semaines… Bon allez, salut (rire) !

Et vous jouez partout, même à Plougastel. Comment est-ce que vous abordez une tournée ? Est-ce que c’est comme un spectacle comique ?

Flockos : Ouais, c’est un petit mélange des deux, car on a quand même les chansons à faire ! Mais on a beaucoup de répets. On commence à avoir un peu de bouteille, mais là le truc compliqué c’est de rendre à temps un pitch définitif pour l’équipe light qui doit caler son show, et ça nous pousse au cul pour trouver. Parce que s’il n’y avait pas ça, nous on ferait la setlist la veille.

Fetus : Ouais, je pense que je serais capable de dire la veille « là ça c’est mieux parce que je dis ça ». Ça m’angoisse un peu, ce genre de choses.

Flockos : Ce sera flexible si ça doit être flexible.

Fetus : On se dit que la première date on pourra leur dire « nan mais vous inquiétez pas, c’est un brouillon », et on peut se caler entre les morceaux pour dire « ah je préfère quand on fait ça après le morceau » ou « le speech on peut le caler après ce morceau-là » ou « qu’est-ce que vous en pensez ? J’inverserais bien les deux car ça fait trop d’animaux de suite » (rire) !

Flockos : C’est en tout cas pas notre première tournée, on connaît les pièges, et on sait que ce ne sera pas la setlist ultime. Donc on fera évoluer ça car il y a beaucoup de chansons qu’on aime sur le nouvel album, et on ne va pas toutes les jouer du premier coup. Il faut qu’on laisse un peu les chansons vivre, et voir ce qui pète ou pas, et on va prendre nos marques. Mais on a quand même du taf. On est à deux semaines du truc, et je ne peux pas dire qu’on est prêts, mais on va faire notre maximum. Et en fait, vu qu’on fait confiance à personne, qu’on délègue rien et qu’on a pas de management ou quelque chose comme ça, on fait tout nous-mêmes, donc cette sortie d’album plus créer la setlist, on est complètement à l’arrache.

Fetus : C’est ouf, on a composé tous les morceaux et il va falloir EN PLUS qu’on les joue (rire) ! C’est une dinguerie, quand même ! Mais c’est le jeu.

Flockos : Non mais on a plein de trucs à faire en même temps, tout se télescope, mais on est dans le rush final, c’est un classique.

Matthieu : Désolés Calais !

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