Vecteur Magazine

TRIBULATION - SOUS LA ROSE POUR TOUJOURS

Par Christophe Pinheiro 

S’il y a des groupes qui sont en constante évolution, album après album, TRIBULATION fait partie de ceux-là. Leur sixième opus vient de sortir, un album sombre, envoûtant et innovant. Je me suis entretenu avec Adam ZAARS, guitariste du groupe pour en parler après son retour de tournée aux États-Unis.

Votre sixième album, « Sub Rosa in Aeternum » est sorti le 1er novembre. Vous avez terminé votre tournée américaine la veille de sa sortie. Avez-vous eu le temps d’apprécier sa sortie et de prêter attention aux opinions des fans et des médias ?

Pas quand il est sorti, pas pendant quelques jours, mais depuis, oui. Je veux dire, nous, nous nous sommes réveillés le 1er novembre et avons eu un simple passage à l’aéroport de San Francisco, puis une escale à Istanbul avant d’atterrir finalement à Stockholm. Donc, le décalage horaire et le temps passé avec la famille et tout ça… Mais, mais après cela, oui, j’ai été regarder, j’ai vu quelques retours, j’ai eu quelques interactions avec des personnes qui ont écouté l’album.

Et tout le monde est content de ce disque ?

Je ne sais pas, pour être honnête, d’après ce que j’ai vu, ça semble plutôt bien fonctionner. C’est toujours agréable pour nous car nous avons fait quelque chose de différent et de nouveau. Que des gens pensent toujours que cela ressemble à TRIBULATION, même si c’est une toute nouvelle façon de le faire, c’est toujours aussi agréable à entendre. Quand nous étions en studio, nous l’avons fait écouté à des amis et ainsi de suite entre le studio et la sortie. C’est ce que les gens nous ont dit. Donc en général, j’ai surtout vu des réactions très, très positives à l’égard de cet album. Heureusement…

Pour être honnête, je suis un fan de cet album. J’aime l’atmosphère sombre qu’il dégage. Comment définissez-vous ce son et quelles sont vos inspirations ?

Comment définir le son ? Je n’en ai aucune idée. Je n’y ai pas pensé. Si, je suppose que c’est assez diversifié. Il y a des chansons comme « Time & the Vivid Ore » qui aurait probablement pu être une chanson sur l’un des précédents albums. Même si tu as « Saturn Coming Down », qui est dans un territoire assez sombre, je suppose, dans une certaine mesure. Et puis tu as des chansons comme « Hunger Waters » et « Murder in Red », qui sont des chansons complètement différentes du reste de l’album. Donc je ne sais pas vraiment comment définir le son. C’est toujours du metal. C’est assez gothique. Je dirais que c’est du metal gothique, je ne sais pas. Mais, tu sais, honnêtement, je n’y pense pas, et je n’y ai pas pensé depuis longtemps. Je veux dire, nous étions un groupe de death metal, black metal, mais c’était il y a longtemps. Depuis, nous sommes une sorte de groupe sombre, je dirais. Quelle était la deuxième question ?

Quelles sont vos inspirations pour cet album ?

Eh bien, nous avons en quelque sorte posé les bases de notre son il y a longtemps, et nous nous sommes beaucoup inspirés de sources diverses, de MORBID ANGEL à IRON MAIDEN en passant par MAYHEM et FIELDS OF NEPHILIM, et c’est toujours à peu près comme ça. Donc nous n’avons pas vraiment besoin d’y penser. Et ce n’est pas nouveau. Je pourrais dire que c’est nouveau, car il y a beaucoup d’inspirations provenant des bandes originales de films d’horreur sur cet album, mais c’est le cas depuis notre première démo. Ce n’est donc pas non plus une nouveauté, mais c’est peut-être un peu plus prononcé dans cet album. Et je pense que nous pourrions jouer davantage avec ce genre d’inspirations pour cet album, les années 60 et 70, peu importe ce que c’est, la musique pop rock, parce que grâce aux voix claires, je pense que nous pourrions prendre plus de ça et l’intégrer dans la musique. Ce que nous avons fait dans le passé. Donc même si je pense que nous avons toujours été inspirés par ça, je dirais que ça prend plus de place dans cet album.

Si on passe du premier album de votre discographie à ce nouvel album, on voit qu’ils sont très éloignés. Mais en écoutant album après album dans votre discographie, il y a une cohérence dans le changement de style, même si vous gardez un son spécifique à TRIBULATION. Comment appelez-vous ces changements, des évolutions ou des expérimentations ?

Bonne question. Ce ne sont pas vraiment des expérimentations. Je ne dirais pas ça, parce que nous sommes nous. Ça semble toujours assez naturel de faire ces changements. Donc ce n’est pas vraiment expérimental. Donc si je devais choisir entre évolution et expérimentation, je dirais que c’est plus une évolution. C’est plus un changement organique, naturel pour nous, que nous devons faire jusqu’à nos limites. Je pense qu’on s’ennuierait et on serait fatigués si nous ne le faisions pas. Nous écrivons juste de la musique. Il faut que ce soit du TRIBULATION. Il faut que ça sonne comme TRIBULATION, mais il faut que ça soit pertinent pour nous dans le groupe. Je veux dire, nous faisons de la musique, nous avons toujours fait de la musique que nous aimons nous-mêmes, et qui nous semble pertinente. Là où nous en sommes à ce moment, là où nous l’écrivons. Je pense donc que nous avons toujours laissé la musique changer avec nous au fur et à mesure que nous avons grandi. Et je ne dis pas qu’il n’y a rien de mal à rester avec un son particulier. Je ne pense pas du tout cela. J’écoute beaucoup d’artistes qui font ça, mais ce n’est pas pour nous. Je pense que c’est juste nécessaire pour nous de laisser la musique grandir et changer avec nous. Mais nous restons toujours TRIBULATION, quel qu’il soit.

Vous avez enregistré trois vidéos pour cet album, « Saturn Coming Down » , « Hungry Waters » et « Murder In Red ». Tout d’abord, félicitations, car ces vidéos sont incroyables. Un mot sur là-dessus ?

La première était « Saturn Coming Down ». Nous l’avons fait avec un gars appelé Brendan McGowan, un Américain et nous avons également eu l’aide d’un Suédois que nous connaissons déjà, appelé Damon Zurawski. Il a aidé au tournage, nous ne sommes pas allés aux États-Unis pour être filmés. Il nous a filmés en Suède. Et puis Brandon a fait tout le reste à New York. C’était un plaisir de le faire avec eux deux. De trouver Brandon, parce qu’il sait quels sont nos goûts, nos préférences pour certaines choses. Il peut être difficile de transmettre cela à quelqu’un qui ne partage pas vos références. Mais il l’a fait. Il comprenait exactement ce qu’on disait quand nous avons eu notre première rencontre avant l’enregistrement de « Saturn Coming Down ». Nous n’avions pas beaucoup de temps, et nous devions vraiment lui faire confiance, pour qu’il fasse sa part du travail, parce que nous n’avions pas vraiment le temps de changer quoi que ce soit une fois qu’il avait fini. Mais il l’a fait. C’était presque la première fois que nous étions pleinement satisfaits d’une vidéo. Donc c’était génial. Et puis nous avons fait « Hungry Waters » avec Damon, à Stockholm. C’était génial de travailler avec lui aussi. Et puis nous en avons fait un autre pour « Murder in Red » qui est sorti il ​​y a un mois. Et nous sommes retournés voir Brandon encore une fois. Damon nous a aidés à filmer en Suède. Donc, Brandon a fait deux vidéos. Il a compris tout ce qu’on voulait, et a fait son propre truc. J’ai senti que nous pouvions lui faire confiance pour faire ces vidéos, et nous avons bien fait, j’adore ses vidéos. Finalement, nous avons une série de vidéos dont nous sommes satisfaits. C’est génial.

Justement, j’adore le titre, « Murder in Red », c’est ma chanson préférée de cet album. Elle sonne très années 80. C’est la plus belle chanson qui parle d’un meurtre que j’ai entendu. Comment cette chanson est-elle née ?

(Rires) J’avais une idée de l’esthétique générale de l’album, de la façon dont je voulais qu’il sonne. Je veux dire, dans les images que l’on obtient en l’écoutant, comment je voulais qu’elles soient perçues. Et j’ai pris beaucoup d’inspiration dans des films d’horreur italiens, des années 60 et 70, ou des thrillers italiens. Et ce que je disais juste avant, c’est vraiment la bande-son de tout ça. Je voulais beaucoup de tout ça dans cette chanson. Et aussi parce que nous avions un focus clair sur cet album, nous pouvions vraiment aller plus loin dans ce genre de choses. Donc je voulais que ce soit… je ne sais pas… beau, je suppose, mais violent en même temps. Et je voulais une partie électronique. Je voulais ce genre de musique clubbing, dance, un truc du genre. Il y a aussi les thèmes d’opéra que vous pouvez voir dans certains de ces films. Je voulais aussi mettre ça aussi dans le son. Je voulais que ce soit comme un hommage pour beaucoup de ces films. Donc, c’est vraiment une chanson spéciale pour moi. Et une chanson très difficile à assembler. J’ai eu l’aide de Joseph, l’autre guitariste, quand je n’arrivais pas à la terminer. Il a écrit la section solo de ce titre et ça m’a vraiment aidé. J’ai failli la jeter en studio. Mais je ne l’ai pas fait, je l’ai mise sur une étagère en me disant que ça pourrait être du contenu pour le prochain album. Car je pensais qu’il y avait du potentiel, qu’il y avait quelque chose de spécial. Finalement, on a bien fait.

Vous commencez une nouvelle tournée en février prochain. Cette fois, c’est en Europe. Le concert à Paris a été annoncé plus tard, il aura lieu le 25 février à La Maroquinerie. À quoi devons-nous nous attendre pendant cette tournée ? Parce que cet album est très sombre.

Oui, exactement. Nous commençons à réviser cela. Je veux dire, que c’est une tournée en tête d’affiche en Europe. Ça fait longtemps que nous n’avons pas fait ça. Donc, nous aurons l’occasion de jouer un set plus long. Nous pourrons jouer beaucoup de nouvelles chansons. Après s’être reposés, nous commençons à planifier ça maintenant. On va voir ce qu’on va faire visuellement. En tout cas, on a hâte d’y être. J’espère que les gens viendront, parce qu’on va faire de notre mieux.

Dans quelles conditions recommandes-tu l’écoute de cet album ?

Comme tu le souhaites. Idéalement, les morceaux à suivre. Mais aussi dans un super système audio. Je n’en ai pas, donc je ne vais pas le faire. Mais, tu sais que les gens sont comme moi, ils écoutent en streaming de nos jours. C’est ce qu’ils font. Les gens écoutent aussi de la musique avec des écouteurs. Et je pense que c’est ce que les gens vont faire. Et ça me va parfaitement, les gens peuvent en faire ce qu’ils veulent.

Vous êtes un groupe suédois, et ce n’est pas nouveau, la Suède a toujours eu cette capacité à nous offrir des groupes incroyables, et je vous remercie pour cela. Comment expliques-tu ça ? Le talent est naturel en Suède ?

(Rires) Je n’en ai aucune idée. On me pose souvent cette question, et tu sais, la réponse standard est que nous avons tous accès à ces grandes salles de répétition et ainsi de suite… Et nous avons ces écoles de musique municipales que nous pouvons fréquenter. Ça peut l’expliquer. Mais je n’en suis pas si sûr. Ce n’est peut-être pas l’explication. Je ne sais pas d’où vient la bonne musique. Tu sais, le hip-hop new-yorkais n’a pas eu besoin de tout ça. La bonne musique peut venir de n’importe où, je pense. Je pense qu’en Suède, nous avons toujours été ouverts aux autres cultures. Et nous n’avons pas fait confiance à notre propre culture. Depuis très tôt, nous avons regardé ce que les groupes faisaient au Royaume-Unis ou aux Etats-Unis. Et on a vu très vite des groupes de heavy metal se créer, presqu’en même temps qu’au Royaume-Unis. Alors, c’est peut-être le cas dans d’autres pays européens, mais nous en avons eu beaucoup, vraiment. C’est un peu pareil avec la musique pop, nous avons connu le succès avec ABBA. Et c’est peut-être devenu une sorte de standard. Je veux dire qu’il est peut-être plus facile de penser qu’on peut faire quelque chose comme un standard lorsque vous avez de grands artistes qui ont réussi à le faire avant. Peut-être… Je ne sais pas. Nous ne sommes pas du tout diffusés à la radio. Peut-être une ou deux fois, à la radio suédoise. Alors dans des stations qui peuvent diffuser du heavy metal ou du rock, ils jouent du SCORPIONS, ou plus récent, du SABATON. Mais ils ne sont pas désireux d’aller plus loin que ça.

Est-ce qu’il y a un album qui t’a donné envie de faire de la musique ?

Pas seulement un. Je pourrais citer KISS, mais le groupe. C’est le groupe qui m’a donné envie de jouer de la guitare rock n’roll. J’étais jeune, j’avais six ans quand j’ai commencé à écouter KISS et je suis devenu obsédé par leur apparence. Je ne pense même pas les avoir entendus avant d’aimer le groupe. Heureusement, j’aimais aussi la musique. Donc, oui, KISS est définitivement le groupe. J’aimais surtout les trucs des années 70. J’ai acheté une cassette VHS qui s’appelait « KISS : Exposed ». Je pense que j’étais trop jeune pour avoir cette cassette. Mais j’ai apprécié. Bien sûr, il y a eu tous les trucs des années 80 et après « KISS Unplugged ». J’ai écouté tout ça. Je n’ai pas écouté que des choses des années 70, mais c’est ces années que j’ai préféré. Donc, c’est KISS qui m’a donné envie de me lancer dans la musique.

Le dernier mot est pour toi.

Merci de venir aux concerts. Nous ferons de notre mieux pour vous offrir un super spectacle. Nous ferons de notre mieux pour satisfaire à la fois le public et nous-mêmes avec une liste de chansons variées. Achetez l’album, ou si vous ne le faites pas, écoutez-le en streaming. Vous savez, c’est comme ça que ça se passe de nos jours, ce qui est bien. Donnez-lui une chance. Lorsque nous étions en studio, nous avions tous l’impression d’avoir des chansons fortes et bonnes. Nous y avons mis beaucoup d’efforts. Donc, oui, donnez-lui une chance, même si vous ne l’aimez pas au début.

PLUS D'INFORMATIONS

  • Artiste : TRIBULATION
  • Album : Sub Rosa In Aeternum
  • Label : Century Media
  • Date de sortie : 1 novembre 2024