03.10.2023
Par Valentin Pochart, photo de David Pear
Depuis maintenant 10 ans, THE DEAD DAISIES offre bien plus qu’un supergroupe aux fans de hard rock,
c’est un collectif animé par la même passion : faire plaisir à ces fans. Pour cet anniversaire exceptionnel, un double album « best-of » est sorti en août dernier, et une tournée européenne s’annonce pour novembre avec 2 dates en France : Paris le 5 novembre et Lyon le 7 novembre. A cette occasion, nous avons pu discuter avec le chanteur John Corabi qui effectue son grand retour dans le groupe après 4 ans d’absence !
Vous venez de sortir le Best-Of de THE DEAD DAISIES, que penses-tu de ce best-of et du choix des chansons ?
John : Pour être honnête avec toi, avant que je revienne, ils avaient déjà commencé à assembler cet album. Je n’avais donc pas vraiment mon mot à dire dessus. Mais ce que j’aime vraiment c’est, que par exemple, ma femme adore le rock. Elle adore la musique en général, mais elle aime beaucoup de groupes de rock. Et comme j’ai été dans les DEAD DAISIES, elle connaissait bien ce que j’avais fait avec le groupe, mais pas vraiment l’histoire de JOHN STEVENS ou de GLENN HUGHES. Donc quand je suis revenu dans le groupe, j’ai eu une copie de l’album, et je le lui ai fait écouter. C’est un super album, j’adore les chansons dessus. Il marque l’anniversaire des 10 ans du groupe, c’est tout ce qu’on a fait jusque là et le meilleur est à venir. Mais l’autre truc que je regarde, c’est que peu importe quel chanteur était là quand tu t’es intéressé au groupe, cet album va te faire connaître aussi les deux autres chanteurs. Et ma femme, quand elle a entendu les chansons de JOHN STEVENS, elle a dit « Oh mon dieu, il est super bon » ! C’est un super chanteur. Et
évidemment on connaît tous GLENN HUGHES, qui est juste un monstre musicalement. Mais maintenant ma femme est aussi une fan de GLENN HUGHES. Je pense que de ce point de vue, si quelqu’un ne connaît pas bien les deux autres chanteurs, c’est un super moyen de les lui présenter.
C’est vrai que c’est un point que j’ai beaucoup apprécié, car j’avais découvert le groupe en 2016
quand tu était déjà dedans, et je ne connaissais pas super bien le travail qui avait été fait avec JOHN STEVENS, j’ai donc eu exactement cette expérience aussi.
Un des morceaux que j’ai fait écouter à ma femme est une chanson de JOHN STEVENS appelée « Miles In Front Of Me ». Et elle a tout de suite adoré. Et quand elle a entendu « Bustle And Flow » avec
GLENN HUGHES, elle est devenue fan de ces deux gars. La plupart des groupes font un best of quand ils ont fini leur carrière, mais les DEAD DAISIES n’ont jamais fait les choses normalement. On fait toujours notre propre truc. Je pense que c’est cool pour nos fans, on les remercie comme ça du soutien de ces 10 dernières années. Et on espère en faire un autre pour les 20 ans !
J’ai aussi beaucoup apprécié que le livret mentionne chaque personne qui a joué dans le groupe, on sent le respect pour chaque musicien et j’ai adoré ça.
Oui c’est le truc, il faut se souvenir de chaque personne, même si ça peut être un peu confus quand tu regardes les noms de tous ceux qui ont été impliqués. Certains, comme DAMON JOHNSON ou YOGI LONICH, sont des amis à nous qui pour une raison ou une autre sont venus jouer une semaine en concert
avec nous parce que quelqu’un était malade. Par exemple, juste avant qu’on fasse une énorme tournée avec KISS, on savait que DAVID LOWY devait gérer quelque chose pour son autre métier. Donc on a invité un gars qui s’appelle RANDALL WALLER pour jouer à la place de David pour quelques concerts. Et juste avant d’aller en Australie, RICHARD FORTUS a eu un accident de moto, et ne pouvait pas venir faire la tournée. On a donc appelé un ami en Australie, DAVE LESLIE du groupe BABY ANIMALS, et il a remplacé Richard. Quand on est retournés en Europe après cette tournée, Richard allait mieux et il a pu faire la partie européenne. Mais pour la tournée australienne, ces deux gars sont venus, donc ils sont sur la liste. Ils n’étaient pas vraiment membres du groupes, mais ce sont des amis. On a une famille étendue, des amis sur lesquels on peut compter. Si par exemple je tombe malade, DINO JELUSIC peut venir me remplacer, ou GLENN HUGHES. C’est ce qui est cool avec les DEAD DAISIES, on a toute cette liste de personnes qui sont tous amis ! Je parle toujours avec RICHARD FORTUS régulièrement, ou avec DEEN CASTRONOVO, ou MARCO MENDOZA. Même des gens comme BERNARD FOWLER et DARRYL JONES, on se parle tout le temps, même si ce n’est
parfois que par SMS. C’est la beauté de THE DEAD DAISIES, tous ceux qui ont participé sont amis. On se respecte tous, donc c’est une bonne situation.
C’est d’ailleurs un peu comme ça que tu as joué à Cuba pour la première fois avec le groupe, non ?
Pour être honnête, je n’ai pas tous les détails, ils m’ont demandé de venir à Cuba parce que JOHN STEVENS avait un souci soit pour quitter l’Australie, soit pour entrer à Cuba. Donc ils m’ont demandé de le remplacer, puis je ne sais plus s’il a démissionné ou s’ils m’ont demandé de rejoindre le groupe en premier. Je ne sais plus quelle était toute l’histoire, mais ils m’ont demandé de venir à Cuba et on a passé un super moment. Les concerts étaient excellents, puis je suis rentré à Nashville et environ une semaine plus tard, le manager des DEAD DAISIES m’appelle et dit qu’ils aimeraient enregistrer un album, et me propose de venir le finir en Australie, car on avait déjà enregistré 2 chansons de l’album ‘Revolucion’ à Cuba. On avait fait « Mignight Moses » et « Evil ». Donc quand ils m’ont proposé de venir en Australie finir l’album, je me suis dit « allons-y ».
Comme tu as fait partie de THE DEAD DAISIES une bonne partie de son existence, quels sont certains de tes moments préférés ?
Eh bien tout d’abord, on a fait un festival énorme en Pologne. Il s’appelait « Woodstock Festival » à l’époque mais ils ont eu des soucis légaux et ne peuvent plus utiliser ce nom, mais on a pu y jouer devant 50 000 personnes avec un orchestre complet ! C’est donc évidemment un des plus beaux moments. Mais un truc qui m’a surpris d’une belle manière, c’était juste après cet horrible attentat au Bataclan. On devait jouer à Paris peut-être 10 jours plus tard, et on se demandait s’il fallait le faire. Si tu te souviens, U2 et beaucoup d’autres groupes ont annulé leurs concerts et ne sont pas venus. Et on se demandait vraiment s’il fallait venir, si jouer serait un manque de respect pour ceux qui ont perdu leurs vies, ou s’il fallait venir comme un doigt d’honneur pour ceux qui ont causé tout ça. Et DAVID LOWY a eu un très bon argument, il a dit que la situation était horrible, mais que si on n’y allait pas, ils gagnaient. On y est donc allés, on a joué un concert, je ne sais plus où à Paris, mais on a fait le concert et c’était complet. Je me souviens d’être debout sur scène, et de regarder le public. Et les Parisiens étaient si heureux que quelqu’un vienne les consoler pour une heure ou deux. Ils pleuraient pour beaucoup. Puis quand je suis rentré chez moi, j’ai reçu un email d’un fan qui était à ce concert, et il disait « je veux vous remercier, vous êtes des héros d’être venus. C’est exactement ce dont Paris avait besoin : de la musique ». Puis il m’a dit qu’il était dans les toilettes du Bataclan pendant trois heures quand tout ça a eu lieu… Je lui ai répondu et je lui ai envoyé des t shirts et d’autres trucs, mais je lui ai surtout dit « mec, je ne sais pas si j’aurais pu quitter ma maison si j’avais vécu ce que tu as vécu ». C’était lui, le héros. Je me souviens qu’on était tous très émus que ce concert soit complet. On se regardait tous, RICHARD FORTUS, DIZZY REED, on était là, on regardait tous ces fans émus aux larmes, et de vivre ce moment était une des choses les plus fortes que j’ai vécue de ma vie, et de loin. De tous les groupes où j’ai joué, c’était l’expérience la plus intense et émouvante que j’ai vécue de ma vie.
Que gardes-tu des albums sur lesquels tu as chanté, ‘Revolucion’, ‘Make Some Noise’ et ‘Burn It Down’ ?
Tu sais, c’est marrant parce que tu apprends un truc sur chaque album que tu fais. Même maintenant. Pendant le COVID, j’ai pris des cours pour m’enregistrer sur Pro Tools. Et je me souviens encore des trucs que EDDIE KRAMER m’a dit quand j’étais dans THE SCREAM. Je garde ça, et des choses que BOB ROCK m’a dites quand j’étais dans MOTLEY CRÜE. J’apprends un peu avec chaque album. C’est une expérience, mais aussi un apprentissage. Pour chaque album il y a quelque chose à surmonter, ou quelque chose que tu apprends. Je ne saurais pas pointer du doigt quoi, mais je pense qu’on apprend toujours quelque chose.
Tu as sorti un livre l’année dernière appelé « Horseshoes And Handgrenades », et j’ai regardé quelques interviews que tu as faites pour le livre, et tu y dis que tu es souvent au bon endroit au mauvais moment, mais j’ai l’impression qu’avec THE DEAD DAISIES, tu es au bon endroit au bon moment !
Oui, je le pense. Tu sais, c’est marrant parce que les gens m’ont beaucoup demandé ces derniers mois pourquoi je suis parti. Et c’était juste pour des raisons personnelles, familiales etc. J’ai rejoint THE DEAD DAISIES en février 2015. Et si tu te souviens bien, à l’époque je faisais les concerts des 20 ans de mon album de MOTLEY CRÜE avec mon groupe solo, donc j’étais peu à la maison. Puis j’ai rejoint THE DEAD DAISIES, et j’étais encore moins présent. Donc d’un point de vue personnel, j’ai senti que j’avais dit à ma femme « on se revoit dans 4 ans ». Et d’un autre côté, mon fils est batteur dans mon groupe solo, et il me dit « papa, t’es nul, j’ai emménagé à Nashville pour être dans ton groupe, puis tu rejoins les DEAD DAISIES et je ne te vois plus, tu n’es plus à la maison ». Tout ça un peu à cause de l’agenda de THE DEAD DAISIES. Et c’est une bonne chose, quand on a fait l’album ‘Revolucion’, les choses ont commencé à décoller, mais l’agenda était juste sans aucune pause. On finissait une tournée avec peut-être une semaine de vacances puis on retournait enregistrer un album, et dès que c’était fini on repartait en tournée. Donc je voulais juste prendre un moment, passer du temps avec ma femme, avec ma famille, peut-être faire quelques concerts avec mon groupe solo en acoustique… A mon propre rythme, tu vois ? C’est ce que j’ai fait quand le COVID est arrivé, ça a bloqué les choses pour tout le monde. Mais j’étais encore ami avec les gars, et quand j’ai quitté le groupe ils ont été très compréhensifs. Tout le temps où Glenn était dans le groupe, j’étais en contact avec lui et encore en contact avec David, Doug et le management, tout le temps. A un moment Glenn est tombé malade, et ils devaient se préparer à une tournée, et ils avaient des répétitions programmées. Donc je suis allé à New York et je les ai aidés à répéter pendant un peu plus d’une semaine. Puis je suis rentré et ils ont fait leur truc et j’ai fait le mien de mon côté. On a toujours été bons amis, donc quand Glenn est reparti faire les trucs de DEEP PURPLE et BLACK COUNTRY COMMUNION, David m’a appelé et en rigolant il m’a dit qu’il venait prendre le dîner à Nashville. Donc on a mangé ensemble, on a parlé, on a ri, et il m’a demandé si je m’étais assez reposé, ce à quoi j’ai dit que je me sentais bien. Puis il m’a demandé si je voulais revenir car ils adoreraient me voir revenir. Et j’ai dit que j’avais une tournée avec TOM KIEFER, mais ils ont arrangé les choses et c’était hilarant : le 18 août j’ai fini ma tournée avec Tom, le 19 j’ai lavé le linge, et le 20 j’ai pris l’avion pour Philadelphie pour rejoindre les DEAD DAISIES et commencer cette tournée ! Tout a bien marché. Et tout était super, c’était comme si je n’étais jamais parti. Je m’amuse tellement, mec ! Avec les gars, Doug, Brian, Michael, David, on est amis depuis si longtemps ! On a repris pile là où on s’était arrêtés.
Vous allez jouer en Europe bientôt, que peut-on attendre de ces concerts, et en particulier des concerts à Lyon et Paris ?
Tu sais, DAVID LOWY m’a expliqué quand je suis revenu qu’on allait être plus malins au niveau de l’agenda. Être moins chaotiques, avec un agenda moins éreintant qu’avant, mais il m’a aussi dit qu’il a investi beaucoup de temps et d’argent dans ce groupe pour faire un groupe stylé, mais avec lequel il pourrait s’amuser. Donc il a dit « John, on veut juste que tu reviennes, que tu fasse ton truc. On aime comment tu interagis avec le public, on adore ton sens de l’humour. On veut que tu ramènes le fun ». Donc j’ai répondu « OK, je mets mon costume de clown » (rire) ! Donc tu vois, on a une setlist, mais ce que j’adorais avec les DEAD DAISIES quand on montait sur scène, c’est que je pouvais déconner avec Doug sur scène et inversement, et pareil avec Brian, David et Michael, on s’éclate à se faire des blagues sur scène. Et je pense que le public le voit. On est juste là pour s’amuser. Oubliez vos disputes, votre boss qui vous emmerde. Pour les deux prochaines heures, on va juste s’amuser. Et c’est ce qu’on espère faire quand on jouera à Paris et à Lyon : juste s’amuser.
J’avais ressenti ça au HELLFEST en 2017, j’avais adoré !
Oui et je le redis, pour moi c’est comme traîner avec un groupe de très bons amis. On a une histoire perlée de très bonnes chansons, et je suis sur scène avec des gens qui sont super à leur instrument. Et le seul truc qu’on avait perdu de vue, c’était le côté fun. Ramenons ça dans le mix, et voyons ce que ça donne ! Je le vois tous les jours en Amérique, je suis sûr que c’est pareil en France, en Allemagne et en Italie : tout le monde est inquiet de rapporter assez d’argent pour nourrir sa famille, et de l’était du monde, de ce qui se passe en Russie et en Ukraine, et ce qui se passe dans la politique américaine. Donc quand vous passez la porte d’un de nos concerts, on veut juste que vous puissiez l’oublier pendant deux heures, et juste vous amuser. C’est ce qu’on essaie de faire.
THE DEAD DAISIES joueront le 05/11/2023 à La Machine Du Moulin Rouge à Paris, et le 07/11/2023 à La Rayonne à Lyon.
Le Best Of de THE DEAD DAISIES est déjà disponible !