TEN56.

En l’espace de 2 ans et demi, le phénomène deathcore Ten56. a su devenir le représentant incontournable de la scène française actuelle. Sous des airs de supergroupe (avec des membres issus de Betraying the Martyrs ou Kadinja par exemple), le projet se cristallise autour de compositions où la lourdeur le dispute à la violence, avec des textes à fleur de peau teintés de rage. C’est pour moi l’occasion de les revoir sur scène, puisque j’avais pu les découvrir en live en première partie de Landmvrks à Toulouse en mars 2022 (j’avais également pu échanger avec le charismatique Aaron Matts, pour une interview à retrouver dans notre numéro « été 2022 » en cliquant ici, si vous souhaitez notamment découvrir l’origine du nom du groupe ou leur processus créatif). Là où j’avais pu entendre une setlist plutôt courte, le groupe n’ayant à l’époque sorti qu’un EP « Downer Part.1 », je peux ce soir  profiter d’un set entier, puisque leur nouvel EP « Downer Part.2 » est disponible depuis la semaine dernière (le 13/01/2023). Cette tournée en tête d’affiche porte évidemment le nom de l’EP, puisqu’elle a pour but de le faire prendre vie. Et niveau vivacité, nous allons être servis…

Une fois les lumières allumées pour annoncer le début du concert, nous sommes accueillis par du rap US (Tyler, the creator, me semble-t’il), et c’est emblématique à plusieurs niveaux. Tout d’abord, pour l’ambiance : que ce soit Aaron au micro ou les musiciens, il n’y a pas d’économie de moyens, chacun s’investit pour nous offrir un show digne des scènes US, entre le frontman qui impose sa carrure en ouvrant ses bras tel un condor prêt à s’envoler, ou bien les guitaristes ou le bassiste qui n’hésitent pas à accompagner physiquement l’énergie brute de leurs morceaux. Le batteur n’est pas en reste, ses mouvements de bras offrant une grâce paradoxale compte tenu de la violence percussive délivrée par le groupe. Le choix d’ouvrir le concert sur un morceau de rap US est aussi pour moi révélateur du souhait de Ten56. de s’exonérer des barrières de styles. Les compos sont lourdes, massives, agressives et globalement violentes, mais les influences dans le flow d’Aaron ou même dans les enchaînements de rythmes (breakdowns, passages 2-step) sont variées et enrichissent l’étiquette deathcore. L’apport de sons électroniques contribue à cette impression de violence surréaliste et de descente aux enfers frénétique.

Le résultat est à la hauteur des attentes, et Aaron prend le temps de nous parler, ravi de nous sentir aussi enthousiastes. Les morceaux s’enchaînent avec leur lot de circle pits, mais aussi un wall of death, et les titres cultes sont bien là (« Yenta », « Boy ») alors que le tout dernier single « Saiko » fait des heureux. Je suis pour ma part ravie de confirmer mes coups de coeur du nouvel EP (« Masque » et le très touchant « RLS »).

Mention spéciale aussi aux jeux de lumière qui ont été remarquables toute la soirée et qui participent à l’immersion dans l’univers ultra lourd de Ten56. (petit excès sur la fumée, tellement présente qu’Aaron fera une dédicace humoristique à Snoop Dog).

L’expérience est telle que nous oublions que nous sommes au coeur de l’hiver, ici c’est Toulouse, ici c’est le feu !

En quasiment un an, je trouve que Ten56. a su trouver une belle osmose entre ses membres, le son est d’avis général encore au-dessus du niveau de leur dernier passage dans la ville rose, alors que je n’aurais pas cru cela possible.

Si vous aussi vous souhaitez prendre votre gifle du moment, la tournée se poursuit pour eux, et nous les retrouverons notamment le 11 février à l’Hydrophone de Lorient, puisque Vecteur Magazine est partenaire de l’évènement (infos et billetterie à retrouver ici).