Ainsi, ce Clockworked, onzième et ultime opus, est un magma en perpétuelle fusion, plongeant dans un maelstrom de flammes furieuses nos renoncements les plus mesquins. Andrew Dijorio scande toute la rage qui serpente ses veines et celles de ses comparses, nous exhortant dans un déchirant appel à la révolte et au renversement de l’ordre établi, à ne céder en rien à l’immobilisme et la passivité. Le combat continue, plus que jamais, pour que l’humain soit au cœur de la société et non une simple et froide variable malléable à l’envi. Le système ne doit pas changer, il doit disparaître dans la fureur et le bruit.

Pour tout préambule, Kubrick Stare alerte sur la surmédiatisation et la désensibilisation face à l’indicible atrocité, anesthésiant par un flot ininterrompu d’images nos émotions. Le flow de Dijorio souligne l’immense travail de Graig Reynolds à la batterie, artisan indéniablement central de cet album au groove incandescent aux côtés de Thomas Williams à la guitare et Anthony Altamura à la basse.

Cependant, si la révolte est le leitmotiv inaltérable de son engagement musical et humain, Dijorio confie également ses faiblesses et ses failles dans le viscéral Can’t Help Myself, confession intime sur ses addictions, conférant à Clockworked une profondeur plus personnelle. 

Le titre éponyme voit Flo de Landmvrks en guest, pour une échappée de metalcore élégante au milieu de ce tumulte punk. L’évocation d’une humanité désincarnée et robotisée, prise dans des engrenages absurdes souligne de manière indélébile le pamphlet humaniste qu’est cet opus crépusculaire, bien qu’intimement plus vivant et virulent que jamais.

Car d’énergie brute, d’urgence et d’âme, ce testament sonore n’en manque pas, bien au contraire, si bien que l’on regrette l’arrêt soudain de ces militants intraitables et profondément humains. Si de ce périple jonché de batailles furieuses, nous ne devions retenir qu’une chose, ce serait le feu de la révolte et l’insoumission à l’autoritarisme politique, corporatiste et financier pour enfin briser les entraves d’une humanité vacillante et plus que jamais vulnérable.