KATATONIA

Il est déjà 22h35 quand les hôtes de ce soir entrent en scène sous les acclamations du public (nous sommes plus de 500 personnes). Deux superbes panneaux de chaque côté de la scène font apparaître le logo du groupe suédois, entouré d’un cercle dans lequel vole une corneille. Entre les deux panneaux, un immense étendard vertical reprend lui aussi le nom du groupe, mais également l’image de chute d’eau qui figure sur la superbe pochette du tout nouvel album du groupe, sorti le 20 Janvier 2023, « A sky void of stars ». Cinq morceaux seront extraits de l’opus à travers la setlist de ce soir.

Et c’est d’ailleurs le morceau d’ouverture de l’album, ‘Austerity’ qui entame cette setlist pour nous embarquer dans un voyage à travers 30 ans de metal ayant glissé du doom vers le prog le plus assumé (nous remonterons jusqu’en 2003 avec le morceau « Evidence » lors du rappel). 

Il faudra quelques morceaux pour que le son des simulateurs d’amplis utilisés par le groupe soit optimisé, ce qui nous permet alors d’apprécier l’excellent jeu technique de Niklas Sandin à la basse, Roger Ojersson (guitare lead) ou Nico Elgstrand (guitare rythmique). C’est en effet le guitariste d’Entombed AD qui remplace pour cette tournée le guitariste cofondateur de Katatonia, Anders Nyström, retenu par des soucis personnels. Il assurera même des solos sur deux morceaux, montrant sa parfaite intégration de la setlist. La batterie ultra ciselée de Daniel Moilanen porte le tout, pour une propreté implacable.

Jonas, l’emblématique chanteur du groupe, joue à cache-cache derrière ses longs cheveux bruns, mais sa voix si reconnaissable est bien là, déclamant ses textes poétiques et mélancoliques. Il est aidé dans cette mission par les très beaux choeurs de Roger, dont la pureté de la voix est remarquable.

La complicité est palpable, les membres du groupe se déplacent les uns vers les autres, Jonas n’hésitant pas à venir soutenir ses guitaristes pendant les solos, nous invitant ensuite à les applaudir. En bon maître de cérémonie, il nous tend régulièrement le micro, ne cachant pas son plaisir de nous faire exprimer le nôtre. Il nous invite d’ailleurs à chanter « My twin » avec lui, après avoir annoncé le titre avec humour comme étant leur « seul hit ».

C’est d’ailleurs assez touchant qu’un groupe avec une telle carrière s’extasie ce soir de nous voir si nombreux pour un soir de semaine (même si selon Jonas, en Suède, les mercredis sont des « petits samedis »), ils semblent presque étonnés de la ferveur qu’ils suscitent. Jonas salue aussi l’envie des bons moments partagés, la France et ses « bons vins ».

Les lumières sont très présentes, avec beaucoup de stroboscope, mais aussi des jeux d’ambiances qui changent au gré des morceaux, comme pour marquer les changements d’époques et d’albums, en passant du vert au rouge par exemple. 

Le set va durer 1h15, avec 2 titres en rappel, « July » et « Evidence », et c’est l’évidence justement : Katatonia est un superbe groupe de live qui magnifie ses albums avec un savoir-faire redoutable.