COLD SLITHER – Cold Slither
Label : Reigning Phoenix Music
Tel un cri arraché aux entrailles métalliques d’une époque révolue, Knock ‘Em Dread s’impose comme un hommage éclatant et pleinement revendiqué au heavy metal incandescent du milieu des années 1980. Cette composition sauvage, battue par un tempo effréné et martelée par une batterie aussi implacable que déchaînée, incarne l’essence même de l’hymne, furieux, galvanisant, indomptable. Dès les premières secondes, le morceau jaillit comme un cheval de guerre lancé au galop, traînant dans son sillage une traînée de feu, de chaos et de distorsion. Au cœur de ce tumulte sonore, une phrase retentit comme une devise gravée dans l’acier : « Thrashin’ and fightin’, Dreadnoks for life ! ». Ces mots résonnent avec la force d’un serment tribal, cristallisant l’esprit irréductible de la bande, entre anarchie revendiquée, loyauté sauvage et appétit insatiable pour la destruction. Ce n’est pas seulement un morceau : c’est une déclaration de guerre, un rugissement amplifié par le même carburant sonore qui avait déjà transformé leur tube inaugural en arme psychologique massive. Plusieurs décennies après avoir marqué les esprits avec Cold Slither, leur single devenu culte, les légendaires Cobra, le groupe fictif échappé de l’univers G.I. Joe de Hasbro, effectuent un retour fracassant sur la scène musicale. Knock ‘Em Dread marque leur première création originale depuis des années, et avec elle, la promesse d’un règne renouvelé sur les terres du metal. Saturez les amplis, enfilez votre denim rapiécé, affûtez vos chaînes : la horde des Dreadnoks est de retour, et elle ne vient pas en paix. Émergeant des tréfonds de leur héritage sonore le plus brutal, le morceau est une plongée sans retour dans un univers de riffs carnassiers et d’énergie brute, convoquant les esprits déchaînés du passé pour mieux les projeter dans une ère nouvelle. Et pour parfaire cette offensive sonore, le groupe s’associe une fois de plus à l’illustrateur visionnaire Costin Chioreanu, dont la vidéo qui accompagne la sortie ajoute une couche visuelle aussi dérangeante que magnétique à cette renaissance métallique. Knock ‘Em Dread n’est pas seulement une chanson. C’est un manifeste. Une secousse tellurique. Le chant de ralliement d’une révolution de cuir, de feu et de fureur.
Par Emma Forestier
NIGHT HAWK – Six Three 0
Label : Target Tunes
Après avoir traversé les ondes d’Abbey Road et capturé la mémoire sonore de Rockfield , ce sanctuaire gallois où résonnent encore les fantômes de Queen et d’Oasis, le groupe livre avec « Six Three O » un album incandescent, à la croisée du classic rock et de l’intime. Chaque titre est une pierre précieuse sertie d’humanité et de passion. « Home Tonight », né d’un vieux riff oublié, s’ouvre comme une lettre jamais envoyée. Les guitares y murmurent des souvenirs d’innocence, jusqu’à l’envol lyrique d’un solo de Robert Majd, aussi libre que mélancolique. Sur « Angel of Mine », les lignes de basse profondes de Rasmus Ehrnborn vibrent comme un cœur sous tension, pendant que les claviers de John Lönnmyr tissent un ciel d’aurore électrique, chargé de psychédélisme et de grâce. « Can’t Say Goodbye » surgit dans l’instant – une étincelle d’improvisation, un pré-refrain soufflé comme une évidence par Björn Strid, et l’alchimie opère : le morceau prend feu, porté par l’instant pur de la création. Puis « Too Good To You » explose, brut et incandescent. C’est le cri du rock originel, celui qui jaillit des tripes, sans détour ni vernis, où chaque musicien trouve sa voix dans une déflagration de liberté. Avec « I Am The Night », le groupe ralentit la cadence, laissant la nostalgie s’installer. Le chant s’élève, clair et souverain, dans un écho subtil à Thin Lizzy, mêlant solitude et puissance, comme un phare dans la nuit. « Losing My Mind », courte cavalcade, laisse parler les cordes et les fûts : guitares saturées, batterie déchaînée, un instant suspendu entre vertige et abandon. Enfin, « Wrong Side Of Desire » embrasse avec panache le flamboyant héritage du rock des années 70 et de l’AOR des années 80. Une signature sonore pleine d’allure, de fièvre et de réminiscences.
Par Emma Forestier
ANCIENT MALICE – Accept The Vile Gifts Of The Dead
Label : Underground Movement
Né des cendres encore fumantes de l’underground irlandais, Ancient Malice s’impose comme une entité nouvelle, mais forgée dans le feu ancien. Fondé par Steve Maher (ex-Abaddon Incarnate) et rejoint par d’anciens membres de Coldwar, le trio ne compose pas avec la modernité. Il la piétine. Leur premier album, Accept the Vile Gifts of the Dead, n’est pas un disque : c’est un rite, capturé à vif, entre murs de béton, câbles enchevêtrés et sueur crue. Aucune retouche, aucun artifice, juste le souffle brutal d’un death metal dépouillé jusqu’à l’os, claquant comme une vérité qu’on ne veut pas entendre. Chaque titre y est un couloir obscur, chaque riff une lame rouillée plantée dans la mémoire du genre. Sur “Persistent Grave”, une mélodie spectrale s’efface dans un chaos tourbillonnant, un déluge où la précision tranchante des riffs se cogne à la sauvagerie des fûts, dans une danse de destruction parfaitement orchestrée. “Lethal Retribution” fait émerger la basse d’Ian Lawless comme une bête tapie qui gronde sous les fondations. Avec “Cyst of Malaise”, le groupe insuffle une noirceur démoniaque, striée de groove impie. Et puis il y a “Contusion”, éclat brutal de quelques secondes, une violence sèche, qui marque plus fort que bien des morceaux longs. En clôture, Sean Fitzgerald (Protest Zone) offre une œuvre visuelle aussi implacable que la musique : un visuel austère, sans détour, comme gravé à même le béton. Ancient Malice ne cherche pas à rappeler une époque : il prolonge une blessure, il l’ouvre à nouveau pour mieux nous la faire ressentir. Ce n’est ni passéiste, ni calculé : c’est organique, primitif, brûlant de sincérité. Ici, pas de poudre aux yeux. Rien que des riffs pesants comme des pierres tombales, et la fureur nue de ceux qui croient encore que la musique peut mordre.
Par Emma Forestier
FANGSLINGER – We Are The Night
Label : Fangslinger
Le collectif britannique FangSlinger, explorateurs du Gothic-Western, livre son premier EP We Are The Night le 29 juillet 2025, une plongée abyssale dans les légendes obscures du Lost Souls Saloon. Cinq morceaux tissent des contes hantés où les guitares rugissent entre hard rock incisif, blues poussiéreux du Far West et ombres gothiques envoûtantes. Au cœur de cet écrin sonore, la pièce maîtresse — la chanson éponyme, fraîchement dévoilée, déploie ses ailes sombres. Des riffs tranchants comme des éclats de lune, des voix qui s’entrelacent, fusionnant la douceur d’un murmure féminin et la gravité d’un chant masculin, composent une alchimie troublante, comme une incantation gravée dans la nuit. Les trois voix s’assemblent en un chant funèbre, un mélange sauvage de hard rock, de country rebelle et d’Americana aux teintes gothiques. Pour la première fois, HangMan s’élève en soliste sur le refrain, tandis que les couplets s’enroulent en une harmonie ténébreuse à trois voix, célébrant ce récit du Sud profond, sombre et mystérieux, où la nuit règne sans fin.
Par Emma Forestier
VLAD IN TEARS – Hide Inside
Label : Metalville
Vlad In Tears, ce tremblement de terre sonore qui secoue la scène mondiale du dark metal, dévoile enfin son nouvel opus tant attendu, « Hide Inside ». Tel un voile épais d’ombres et de feu, cet album tisse un équilibre parfait entre atmosphères oppressantes, riffs fracassants et paroles chargées de profondeur. Une œuvre destinée à ouvrir un nouveau chapitre, affirmant le groupe comme l’une des figures les plus visionnaires et audacieuses du metal contemporain. Enregistré avec une minutie passionnée, « Hide Inside » porte l’intensité brute et les émotions viscérales de chaque composition, révélant une maturité artistique et une quête intérieure sans compromis. À travers ce voyage sonore, Vlad In Tears explore les ténèbres cachées au creux de l’âme, mêlant mythes ancestraux et affrontements mystiques entre le tangible et l’éthéré. Chaque titre s’impose comme un conte puissant, un passage suspendu entre rêve et réalité, où le psychisme se dévoile sans fard. Ancrée dans les racines du dark metal, cette création repousse pourtant les frontières du genre, offrant une expérience auditive inédite, où l’expérimentation et la fraîcheur sonore s’entrelacent pour mieux défier les codes établis.
Par Emma Forestier
PURGE OF SANITY – The Expense of Striving To Heal
Label : Seek & Strike
Le groupe français Purge Of Sanity est en forme cette année avec son premier EP, et il
cogne ! On nous offre un projet très soigné : que ce soit de la qualité sonore des cinq titres, de la pochette ou des clips, l’identité du groupe est affirmée. “The Light You Won’t See”, premier morceau, mêle leur force : la violence et la douceur de leurs sons, qui en fait toute la réussite de l’EP.
En effet, d’un côté nous avons des growls bruts, comme dans “Candescent”. Une férocité retrouvée dans les instrus, montrant bien la puissance du groupe. “Mediocre” et “Malignant Flowers” quant à eux arborent des influences électro, à la limite du techno. Puis il y a des moments plus mélodieux avec un chant clair, qui forme un merveilleux contraste, notamment à la fin de “The Expense Of Striving To Heal” qui clôt parfaitement l’EP.
Même si c’est presque trop court et qu’on en redemande encore, on sent pendant l’écoute une réelle recherche de modernité du newcore. Une attention particulière est portée aux détails quant à l’exploration de différents styles, preuve du travail monstre derrière ce projet.
Par Alexia Samsonoff