Vecteur Magazine

LES RIFFS DU LUNDI devient notre rendez-vous hebdomadaire.
Retrouvez diverses chroniques de nos rédacteurs sur les sorties de la semaine précédente.

MIDNIGHT – Steel, Rust and Disgust 

Label : Metal Blade Records                   

Venu tout droit de l’Ohio, le groupe Midnight débarque, après un an d’absence, avec un tout nouvel album. À la fois black, heavy et speed metal, on peut dire que l’on a droit ici à un joli cocktail musical ! En effet, on y retrouve des influences telles que Venom, Motorhead ou encore Bathory. Suite au succès de leur avant dernier opus « Hellish Expectations », celui-ci se devait d’être foncièrement à la hauteur, et faire encore plus de bruit ! Rien que par le titre déjà, nous sommes mis au parfum et savons que nous allons avoir droit à quelque chose qui « pèse ». Dès le premier morceau « Cleveland Metal », nous embarquons dans les riffs endiablés soutenus par une ligne de batterie bien grasse. Ici, Athenar, le chanteur compositeur fait référence à sa ville natale, où le groupe a également vu le jour, en 2003. Le rythme s’accélère au fil de la musique pour maintenir notre intention, et surtout nos oreilles. On continue tout en vitesse avec « Iron Beast » et ces majestueux solos de guitares. On continue la balade en ralentissant un peu la marche, avec « I’m Insane », qui finalement nous fait repartir au galop de plus belle. En plus des sonorités bien heavy, nous retrouvons aussi par les titres un bon côté thrash. Le morceau à mes yeux le plus décalé de l’album est sans nul doute « Child Eaters », avec ses bruitages de bouches et de mastications / reflux présents à l’introduction et à la fin.  La particularité de cet opus est que sur ses 12 titres, seulement le premier et le onzième ne sont pas des cover. Des reprises réalisées avec une bonne dose de talent. En bref, une petite pépite rythmique qui vaut fortement le détour pour tous les amateurs du genre ! 

Par Mélissa BUSSIERE

WITCHCRAFT – Idag

Label : Heavy Psych Sounds

Voilà désormais deux décennies que Witchcraft enchante les amateurs de rock vintage avec une discographie jalonnée d’albums aussi marquants qu’indélébiles. Le 23 mai dernier, le groupe suédois est revenu sur le devant de la scène avec Idag, leur septième album studio, publié via le label Heavy Psych Sounds. Ce nouveau chapitre discographique, attendu depuis cinq longues années de silence, se compose de dix titres inédits qui cristallisent à merveille l’état d’esprit actuel du groupe, tout en prolongeant son héritage sonore. Toujours profondément ancrée dans les sonorités des années 60 et 70 — et peut-être plus encore que jamais — la musique de Witchcraft revêt ici une dimension encore plus cosmique, presque mystique. Les nappes de fuzz omniprésentes tissent un voile sonore envoûtant, tandis que la voix plaintive et magnétique de Magnus Pelander semble nous saisir à même l’âme, portée par une production qui évoque avec justesse les grandes heures du rock d’antan. Le mixage, d’une grande finesse, met en valeur la basse de Philip Pilossian et la batterie de Par Hjulström, leur offrant un terrain d’expression idéal. Les lignes rythmiques, à la fois lourdes et hypnotiques, se distinguent particulièrement sur des morceaux tels que Drömmen Om Död Och Förruttnelse, où l’ossature instrumentale soutient avec brio la montée en tension dramatique du morceau. La première moitié de l’album, interprétée en suédois, confère une authenticité et une intensité émotionnelle singulière, comme si la langue natale du groupe accentuait encore davantage le caractère introspectif de leur musique. Puis, le titre Burning Cross vient briser cette atmosphère éthérée en ramenant avec puissance les riffs tranchants et saturés chers au groupe. On retrouve aussi Irreligious Flamboyant Flame, véritable ode aux élans progressifs des années 70, où Witchcraft se fait plus lyrique, plus grandiloquent, mais toujours d’une justesse renversante. Avec Idag, Witchcraft confirme une fois de plus sa capacité à naviguer avec aisance entre plusieurs univers — du doom le plus pesant au folk le plus épuré — sans jamais perdre son identité sonore. Chaque titre est imprégné d’une mélancolie tenace et d’une beauté brute, et dès la première écoute, l’album s’impose comme une œuvre habitée, riche de mélodies entêtantes qui vous hantent bien après la dernière note.

Par Emma FORESTIER

AGE OF APOCALYPSE – In Oblivion

Label : Closed Casket Activitie

Né en 2018 dans la vallée de l’Hudson, à New York, Age of Apocalypse s’est imposé avec une fulgurance rare comme l’une des voix les plus singulières et intenses de la scène heavy contemporaine. Porté par une énergie sombre et viscérale, ce groupe de hardcore métallique n’a cessé de creuser un sillon profondément personnel dans un genre pourtant souvent dominé par la redite et l’agressivité brute. Après avoir marqué les esprits en 2022 avec Grim Wisdom, un premier album aussi puissant qu’éloquent, le quintette revient avec In Oblivion, une œuvre plus dense, plus mûre, où l’ombre se teinte de nuances inattendues. Ce second opus, produit par l’incontournable Taylor Young — connu pour son travail avec Twitching Tongues ou God’s Hate —, bénéficie d’un écrin sonore qui sublime chaque aspérité, où mélodie et fureur s’entrelacent dans un équilibre aussi fragile que fascinant. Sur une dizaine de titres, In Oblivion dynamite les conventions du hardcore métallique avec une ambition palpable. Le disque est traversé d’émotions brutes mais finement ciselées, et sa cohérence n’est jamais rigide : elle respire, elle vibre, elle évolue au fil des morceaux. Une métamorphose remarquable s’opère notamment du côté de Dylan Kaplowitz, dont la performance vocale atteint ici une nouvelle hauteur. Là où les premiers enregistrements témoignaient d’un cri primitif et instinctif, ce nouvel album dévoile une voix plus affirmée, au registre élargi, capable de canaliser rage et vulnérabilité avec une justesse troublante. In Oblivion n’est pas seulement un second album réussi : c’est l’œuvre d’un groupe qui, en osant s’ouvrir, gagne en force. Un acte de foi dans la puissance émotionnelle du heavy, porté par une vision artistique désormais limpide.

Par Emma FORESTIER