Vecteur Magazine

LES RIFFS DU LUNDI devient notre rendez-vous hebdomadaire.
Retrouvez diverses chroniques de nos rédacteurs sur les sorties de la semaine précédente.

CHONTARAZ – Phantom Of Reality

Label : Chontaraz

Chontaraz from Hell ? Eh bien oui ! Le groupe s’est formé à Hell en Norvège en 2015 et a d’emblée créé sa signature esthétique : maquillages appuyés, théâtralité exacerbée, son aux confluences de l’Indus, du heavy  et du modern metal. La rencontre avec Fotis Benardo, batteur et producteur a redéfini les contours du concept et a élargi les horizons musicaux du groupe pour arriver à ce « Phantom of Reality », se voulant un aboutissement de l’identité de Chontaraz. Ce dernier, chanteur de son état et qui donne son nom au groupe, promène sur ces 10 titres sa voix habitée et caverneuse, rappelant parfois Billy Idol, profonde, pouvant s’envoler dans des éclairs lyriques tutoyant le symphonique. Istambul nous immerge directement dans l’univers de Chontaraz avec des arrangements aux accents orientaux et hypnotiques. Ce titre ultra efficace pose tout de suite l’ambiance de l’album : sombre, dramatique mais drapée dans une flamboyante exubérance. Puis la voix de Chontaraz nous surprend par sa clarté dans « Prayer to the masses », avant de basculer dans le growl bien granuleux aux côtés du grec Sakis Tolis le temps de « Scream ». Le groove de « Dressed to Kill » apporte une touche funky aux riffs lourds qui jalonnent ce « Phantom of Reality », hautement recommandable !

Par Christophe DESCOUZÈRES

BLAXEM – Ethereal

Label : Eclipse Records

Blaxem, formation composée de Dann Hidalgo (chant et guitare), Guille Malatesta (guitare solo), Chelo Romanini (basse et chœurs) et Robert Unger (batterie), dévoile son tout nouvel opus, Ethereal, paru le 16 mai sur le label Eclipse Records. Véritable torrent d’émotion brute et de virtuosité, Ethereal se distingue par une intensité presque mystique. Produit par Hidalgo et Malatesta, mixé par le premier et magnifié au mastering par Hakeen Mishea, l’album impressionne dès les premières notes par la richesse de son écriture : sinueuse, imprévisible, d’une intelligence rare. Chaque morceau regorge de fulgurances mélodiques et de détours inattendus, où les guitares lacèrent et caressent à la fois, courbant les émotions jusqu’à leur point de rupture dans un éclat sonore étourdissant. Dès Grey Summit, morceau d’ouverture, le ton est donné : une énergie sombre et incantatoire s’élève comme une menace latente. Plus loin, Miscellaneous surgit dans un climat hanté, percé de nappes électroniques spectrales. Dann Hidalgo y démontre toute l’étendue de sa palette vocale, alternant éclats de chant clair et rugissements viscéraux avec une maîtrise impressionnante. Le groupe manie l’équilibre entre violence et contemplation avec une rare habileté. L’introduction de longues séquences instrumentales insuffle à l’album une respiration bienvenue, sans jamais en altérer l’élan. Ces passages ouvrent des espaces nouveaux, où Blaxem ose des explorations rythmiques et esthétiques qui s’éloignent des sentiers qu’il foule habituellement. Le point d’orgue de cette odyssée sonore est sans doute Radiant Abyss, qui referme l’album avec une intensité presque céleste. Des envolées vocales quasi opératiques se mêlent à des riffs staccato incandescents, conférant au morceau une dimension cosmique, avant qu’un ultime solo, d’une beauté foudroyante, n’achève de sublimer l’ensemble. Avec Ethereal, Blaxem livre un album à la fois viscéral et raffiné, d’une puissance saisissante. C’est un voyage exaltant, un déferlement de passion sonore, porté par une exécution sans faille et une vision artistique d’une rare intensité.

Par Emma FORESTIER

ANTROPOMORPHIA – Devoid Of Light

Label : Testimony Records

Six années se sont écoulées depuis Merciless Savagery (2019), et les vétérans hollandais du death metal, AntropomorphiA refont surface avec ce qui s’impose comme leur œuvre la plus brutale et la plus ténébreuse à ce jour. Intitulé avec justesse Devoid of Light, ce sixième album est paru le 16 mai dernier via le label Testimony Records. Entièrement enregistré et mixé par Marco Stubbe ( également batteur du groupe ) au Aftermath Studio, avec le concours de Daan Janzing au Patchwork Studio, ce nouveau chapitre s’impose comme l’aboutissement le plus mûr et le plus dense de la carrière d’AntropomorphiA. Débutée en 2020, l’écriture s’est étendue sur près de trois années, offrant un disque à la texture musicale riche, nourrie par les errances du passé et une large palette d’influences ayant façonné l’identité sonore du groupe. Les compositions, imprégnées d’une atmosphère fétide et quasi-réligieuse, oscillent entre des mid-tempos pesants et envoûtants, et des accès de violence soudaine, sans jamais céder à la facilité d’une frénésie stérile. L’oppression est constante, l’obscurité omniprésente, servie par des titres à la noirceur assumée, tels que The Withering Stench of Hope (qui ouvre l’album) ou Cancerous Bane, véritables odes misanthropiques où le désespoir se fait presque sublime. À chaque écoute, de nouveaux détails affleurent : des mélodies dissimulées à la lisière de l’audible, des variations de tempo subtilement placées, et des structures qui s’infiltrent lentement dans l’esprit, jusqu’à l’obsession. Grâce à une vision artistique sans compromis et à une exploration sonore toujours plus vaste — incorporant notamment des éléments black metal de plus en plus présents dans leur esthétique — AntropomorphiA continue d’affirmer, sans vaciller, sa place d’icône incontournable dans les tréfonds de l’underground extrême.

Par Emma FORESTIER