Par Ivane Payen et Sonia Mow
NousToutes est un collectif féministe ouvert à toutes et tous, constitué d’activistes bénévoles qui luttent contre les violences sexistes et sexuelles (VSS) dont sont majoritairement victimes les femmes et les enfants en France, ainsi que les personnes LGBTQ+. Du 15 au 18 août, le collectif investit le Motocultor pour faire de la prévention contre les VSS. Pour en parler, Denise Maréchal a accepté de répondre aux questions de Sonia et Ivane.
Créé fin 2017, le collectif a deux objectifs principaux :
Exiger des politiques publiques efficaces contre les violences sexistes et sexuelles en termes de budget et de méthodes ;
Sensibiliser l’opinion publique aux faits et mécanismes des violences sexistes et sexuelles grâce à une communication large et à des formations.
Aujourd’hui, le collectif compte une centaine de comités locaux. L’association vise également la représentativité la plus juste possible en travaillant en lien avec d’autres associations pour lutter contre les discriminations que subissent les personnes LGBTQ+, les personnes racisées, etc.
Du 15 au 18 août, le collectif investit le Motocultor pour faire de la prévention contre les VSS. Créé en 2007 par Yann Le Baraillec, le Motocultor est un festival de musique métal organisé dans le pays de Vannes, dans le département de Morbihan en Bretagne. Depuis 2023, le festival se déroule à Carhaix, sur le site du Festival des Vieilles Charrues de Kerampuilh. Il accueille environ une centaine de groupes internationaux et locaux sur trois jours et, depuis 2019, sur quatre jours. Aujourd’hui, le festival accueille près de 15 000 personnes par jour. Le collectif NousToutes Quimper organise une campagne de prévention des VSS durant les quatre jours du festival.
En quelques mots, pourriez-vous présenter l’association, son évolution et ses temps forts?
On mène des actions locales pour lutter contre les VSS et on est basées à Quimper, dans le Finistère sud. Chaque novembre, on organise des actions et des événements, généralement d’une semaine, autour de la lutte contre les violences, tels que des festivals, spectacles, concerts, manifestations ou performances artistiques. On organise aussi des événements avec la mairie de Quimper généralement autour du 8 mars. On fait aussi des cafés féministes, on est présentes avec des stands de sensibilisation lors d’événements et on fait de la prévention lors de festivals. C’est d’ailleurs dans ce cadre que nous avons été sollicitées par le Motocultor.
On a pu voir l’impact de l’asso sur notre société, qui s’oriente sur une centaine de comités maintenant en France. Comment l’asso a-t-elle pu regrouper autant de monde ? Comment l’engouement s’est-il créé ? Avez-vous eu des moyens de communication ? Comment recrutez-vous et par quel biais?
L’avantage de NousToutes, c’est qu’on n’est pas un mouvement associatif, mais un mouvement collectif. Chaque collectif est très indépendant et peut mener à bien les mouvements qu’il a envie de mener dans les différentes villes. Chacun choisit sur quels aspects il souhaite travailler, ce qui nous permet d’être mieux alignées sur les enjeux locaux. Quand on mène une action, on n’a pas de compte à rendre. On a des liens avec le national si on a besoin de soutien, d’aide ou de moyens, mais nous sommes libres sur les actions que l’on souhaite mener, ou le choix des actions, ce qui est important car cela a permis aux comités de se créer un peu partout. Concernant le recrutement, comme pour beaucoup, c’est compliqué de fidéliser les bénévoles qui s’engagent pour un an ou deux, mais restent peu nombreux sur le long terme. Les VSS sont prenantes en termes d’énergie et également lourdes émotionnellement. Les personnes qui nous rejoignent sont sensibilisées au sujet et sont parfois émotionnellement fragiles. Il est donc important de ménager les victimes mais aussi les bénévoles. On recrute en permanence, notre équipe est en constante évolution ; on n’a donc pas les mêmes personnes tout le temps ni sur tous les événements. On se nourrit aussi des bénévoles présents lors des événements, qui souhaitent aussi faire de la prévention.
Sur un stand de prévention de festivals, il y a aussi des bénévoles du festival qu’on forme et qui nous rejoignent sur les stands ou en maraude, etc. Sur Quimper, on recrute via les réseaux sociaux et, lors de nos événements, il y a toujours des personnes qui souhaitent s’investir.
Il ne faut donc pas hésiter à s’investir, car on n’a pas besoin d’être des spécialistes pour contribuer. Nous avons besoin de monde dans tous les domaines, que ce soit pour intervenir avec les mairies, gérer les réseaux sociaux, faire de la communication, organiser des manifs, etc. Chez nous, tout le monde ne se consacre pas uniquement à l’écoute de victimes ou aux maraudes, on peut toujours mettre à profit les compétences de chacun.
Pour les personnes qui nous liront, et qui ne sont pas forcément au fait de vos moyens d’actions, pourriez-vous expliquer en quoi consiste la prévention VSS en elle-même et quelles actions concrètes mettre en place pour une campagne de prévention réussie ?
Il y a déjà le fond : que cherche-t-on à transmettre ? On cherche à déculpabiliser les victimes d’abord, permettre à chacun d’agir en tant que témoin et faire en sorte de déconstruire les stéréotypes liés à la culture du viol. Ce sont nos trois axes. Le premier axe est d’aider les victimes à réaliser qu’elles ont été victimes pour pouvoir libérer la parole. On ne fait pas de suivi des victimes, mais on réoriente vers des assos d’aide et on explique les démarches possibles. Certaines victimes ont été violées mais ne savent pas qu’elles l’avaient été. Il s’agit donc de déclencher le déclic de libération de la parole en expliquant que le consentement est valable sur le moment, réversible, enthousiaste, et éclairé (port de préservatif). Il est important de savoir pour quelle pratique on dit oui et si on est en état de donner son consentement. On répète tout cela pour une prise de conscience des personnes violées, mais aussi de celles qui ont violé. On parle de zone grise mais il n’y en a pas.
La deuxième chose est la prévention sur l’action en tant que témoin. Il n’est pas seulement de la responsabilité des bénévoles de faire attention aux agissements sexistes, notamment dans des lieux ou il y a des milliers de personnes. Chacun doit se sentir responsable des ses proches et ne pas fermer les yeux s’il se passe quelque chose. Il est essentiel d’être capable d’identifier les choses, donc on définit la notion d’agression sexuelle qui est encore mal comprise. Un baiser volé, une main aux fesses, une main non désirée sur la poitrine, tous ces actes sont des agressions sexuelles. Il y a trop de minimisation de ces actes, donc il faut débloquer l’idée d’action de chacun, et cela commence enfin à bien marcher. Pour agir en tant que témoin, on peut intervenir directement ou aller vers la victime en faisant semblant de la connaître pour la dégager de la situation. On peut aussi documenter la scène en filmant, non pas pour les réseaux, mais pour permettre à la victime d’avoir des moyens d’action.
La troisième chose est d’éviter que cela se produise en définissant, en parlant, en identifiant, etc. C’est nécessaire pour une prise de conscience qui arrêtera la banalisation des violences. On travaille avec les gens sur les stéréotypes liés à l’agression et on revient sur les statistiques qui montrent que 9 victimes sur 10 connaissent leur agresseur. On entend souvent que la personne ne s’est pas défendue, on explique que, lorsqu’il s’agit d’un proche, souvent la victime ne s’y attend pas et est en état de sidération. Il est donc important de sortir des schémas où les gens pensent qu’il s’agit d’une agression dans la rue avec une arme, etc.
Cela nécessite beaucoup de moyens, de choses à mettre en place, ça implique une certaine organisation et une certaine logistique. Comment faites-vous pour y arriver ? Comment vit l’asso ? Via des dons ou simplement sur la base du volontariat ?
Le collectif fonctionne entièrement sans subvention. Nous faisons parfois des actions avec d’autres associations de sensibilisation. Par exemple, ici, c’est le festival Motocultor qui crée les affiches et met les moyens à disposition. Globalement, les sites engagent les moyens, et nous fournissons les moyens humains qui vont se répartir sur des postes. J’insiste sur le fait que ce sont des postes mixtes. Si, pour accueillir la parole des victimes, il est utile d’avoir une femme, je pense qu’il est également important de laisser les hommes se mobiliser. Nous allons porter la parole différemment en fonction de nos origines, du recul que nous avons, etc. Donc, pour nous, c’est bien que toute personne sensibilisée puisse intervenir, car ce n’est pas que l’affaire des femmes, mais celle de tous. En faire une lutte de femmes, c’est écarter les hommes, qui ont aussi beaucoup à gagner dans cette lutte. J’entends souvent que c’est “pour leurs sœurs, leurs mères, etc.”, mais pas seulement. Ils ont aussi des stéréotypes sur leurs épaules, et la lutte contre les stéréotypes de genre est essentielle à tout le monde. J’ai un petit garçon, et je veux qu’il évolue dans un monde où il se sent libre, qu’il n’ait pas des clichés comme “il doit être fort, il doit protéger sa copine”. On ne veut plus d’un monde comme celui-là, et les hommes non plus. Ce poids des stéréotypes est trop lourd pour tous, et il est important que chacun prenne sa part dans la construction d’un monde différent.
Nous avons souvent l’exemple de l’homme qui, en tant que témoin, dit qu’il réagirait à une agression en “cassant la gueule” de l’agresseur. Mais il est important aussi qu’il comprenne que ce n’est pas forcément ce que l’on attend, et que répondre à la violence par la violence n’est pas la solution. On a encore tout un travail à mener, car on n’a pas besoin d’être protégés par une violence viriliste. Il faut aussi sortir de ces schémas. C’est doublement compliqué, car ça n’aide pas à déconstruire le système.
D’où est venue l’idée de travailler avec le Motocultor ? De votre côté ou du leur ?
Le festival est venu nous chercher. C’est toujours comme ça, on ne fait pas de démarchage. L’année dernière, ils travaillaient avec une autre équipe, mais il y a eu pas mal de cas de violences sexistes. Je pense que la médiatisation les a poussés à prendre le sujet à bras-le-corps et ils ont très très bien réagi. On intervenait sur les Vieilles Charrues depuis plusieurs années et on y a rencontré beaucoup de bénévoles du Motocultor, ce qui a permis de mettre la collaboration en place. Ce sont eux qui ont eu envie de mettre les moyens cette année, même si “mettre les moyens” peut vouloir dire tout et rien. On ne rend pas les festivaliers safe, on ne leur fait pas prendre une douche de féminisme avant de rentrer dans le festival. Par contre, il y a un réel effort du festival pour dire qu’on ne veut pas de ces agressions et qu’on va mettre en place tout ce qui est nécessaire pour les éviter. La première nécessité est la prise de conscience de ces enjeux par les festivaliers. Nous sommes là pour rappeler que le festival s’est engagé contre les VSS, mais chacun et chacune doit pouvoir réagir. Par exemple, j’entends souvent, même si c’est pareil dans les autres milieux, dire que “dans le metal c’est différent, il n’y a pas de violence et on est tous des gros nounours”. J’entends plein de clichés, mais j’entends ça aussi pour le rock, pour la musique bretonne, etc. Dans aucun milieu, on n’a envie de se dire qu’on côtoie des agresseurs. On a plutôt envie de se dire que les gens qu’on fréquente ne font pas ces choses-là, sauf que ça n’est pas vrai : il y a des agresseurs quel que soit le milieu, sans que ça soit lié au type de musique qu’on écoute. On ne peut pas aller à un festival de métal en se disant que c’est plus tranquille parce que les gens sont gentils, etc. Les violences sexistes et sexuelles sont un phénomène de société et aucun milieu n’y échappe, donc il est important que cette prise de conscience ait lieu dans tous les festivals. Je crois que pendant très longtemps, dans tout milieu, on se disait “Il n’y a pas ça chez nous”, et faire de la prévention équivalait à reconnaître qu’il y avait ça chez nous. C’est toujours un peu dur de se dire que dans tous ces gens qui aiment la même musique que nous, qui ont les mêmes codes, vêtements et maquillage, il y a des agresseurs. C’est le même fonctionnement que lorsqu’il s’agit de notre famille : on n’a pas envie de se dire que c’est notre frère, notre père, notre oncle, etc. Mettre en place les moyens nécessaires équivaut à admettre que ça arrive chez nous aussi et à faire en sorte que ça n’arrive plus.
Pouvez-vous nous parler des actions qui sont prévues pendant cette édition du festival ?
Il y aura un stand de prévention qu’on a voulu rendre un peu ludique avec des quizz, des jeux bretons pour que les gens viennent faire des activités sympas. On y parle consentement et prévention sans que ça soit trop lourd. Il y aura des quizz pour tester sa relation, des violentomètres (instrument de mesure de la violence dans une relation), des produits du festival à gagner, et des protections pour les verres. Ensuite, on aura des maraudes de trois personnes qui circuleront pendant toute la durée des concerts et sur le camping.
Qu’est-ce que vous appréhendez le plus ?
On n’a pas peur parce qu’on a l’habitude, mais ce qui est toujours un peu désolant, c’est de gérer la prise de toxiques comme l’alcool et les drogues car ça complique la prévention et les interventions. On lutte pour expliquer que la prise d’alcool ou de drogues est une circonstance aggravante pour l’agresseur, c’est-à-dire que si on agresse une personne qui est ivre, cette circonstance sera retenue en justice contre l’agresseur. En revanche, dans la société, c’est encore l’inverse : si une victime est alcoolisée ou droguée, la charge de culpabilité est encore plus lourde sur elle. C’est toujours cette prévention des risques qui est compliquée, avec les interventions auprès de personnes dont on ne sait pas si elles se sont mises d’elles-mêmes dans cet état ou si elles y ont été incitées. Certaines personnes sont droguées à leur insu, d’autres incitent à la consommation pour pratiquer des violences par la suite, ce qui rend très compliquée la distinction entre le libre-arbitre de chacun et chacune. En même temps, on ne fait pas de prévention contre la prise de toxiques, ce qui complique le fait de dire que c’est un risque amplifié. Mais la liberté de chacun et chacune réside aussi dans la liberté de consommation. Ça n’est pas vraiment une crainte, mais c’est toujours plus compliqué d’intervenir dans un contexte où on sait qu’on va avoir ce type de public et des personnes qui seront dans un état second. On passe la main à la sécurité quand c’est nécessaire, mais on se dit aussi que s’il y a intervention, c’est parce qu’on a échoué en prévention. C’est éprouvant émotionnellement.
Vous agissez principalement contre les VSS. Est-ce que ce combat inclut aussi les violences liées au racisme et à d’autres formes de discriminations ?
Pour nous, c’est une évidence. Par contre, on n’a pas envie de parler à la place d’autres personnes, qu’il s’agisse de personnes racisées ou LGBT+, etc. On leur laisse la parole et on travaille souvent en lien avec d’autres associations. Sur Quimper, on est en lien avec le Collectif Trans en Finistère Sud (CTEFS), dont certains bénévoles seront présents sur notre stand, et on est aussi en lien avec l’association Phénix pour les droits des personnes LGBT+. On est très conscientes de ces enjeux et on laisse la parole à ces personnes pour qu’elles en parlent, car on estime que la parole des personnes concernées est plus efficace et a aussi souvent été tue, alors que ce sont elles qui sont le plus à même d’en parler.
Combien de personnes de NousToutes seront mobilisées pour couvrir le festival ?
Il y aura une trentaine de bénévoles sur le Motocultor. On impose seulement une formation avant. On ne devient pas bénévole VSS comme on pourrait être au bar ou au nettoyage des toilettes, donc c’est très important de recevoir une formation. On en fera une en ligne mardi soir, avant l’ouverture du festival. Je ne doute pas que les gens qui nous rejoignent soient sensibilisés, mais il faut qu’on soit au point pour ne pas se mettre en danger. On va être confrontés à des propos qui nous mettent hors de nous et des réponses qui nous semblent totalement aberrantes, comme ceux qui affirment encore : “Elle n’avait qu’à s’habiller autrement.” Il faut être capable de gérer ses propres émotions pour ne pas se faire du mal. Parfois, on va discuter avec quelqu’un avec qui on part de très loin. Discuter sera déjà un peu de terrain gagné, mais on ne peut pas amener tout le monde là où on voudrait, on ne va pas changer le monde en quatre jours. On fait cette formation entre nous pour clarifier les définitions, mais aussi pour apprendre à lâcher prise, à gérer nos propres limites, passer la main, et à reconnaître qu’on n’est pas des sauveurs et qu’on fait ce qu’on peut sans pour autant s’épuiser. On ne va pas non plus miraculeusement sauver toutes les victimes potentielles. On fait tout ce qu’on peut, mais on ne va évidemment pas y arriver. Ce temps de formation est la seule obligation avant de devenir bénévole avec nous sur le festival, mais il est vraiment nécessaire.
Le milieu de la musique metal est composé d’activistes, d’une percée des femmes sur les stages, de messages bienveillants, mais aussi d’une part plus obscure et plus proche des extrêmes, ou d’artistes ayant des antécédents de VSS. Comment percevez-vous cette présence et pensez-vous que cela a un impact sur la perception des VSS aux yeux du public ?
Nous nous opposons fermement à la présence sur scène de toute personne mise en cause pour des VSS. Nous ne participons pas aux événements où des agresseurs seraient valorisés dans la programmation. C’est un accord que nous passons d’emblée avec les organisateurs. La vigilance sur les comportements des artistes et techniciens est primordiale pour nous. L’argument de séparation de l’artiste et de l’homme est, pour nous, fallacieux. Permettre à quelqu’un de se produire sur scène lui donne une certaine visibilité que nous ne voulons pas pour les agresseurs. L’exemplarité est essentielle pour permettre une évolution de la société, que ce soit dans la musique, le cinéma, le sport ou la politique.
Le mouvement #MeToo, qui a émergé en 2016 et a été popularisé en hashtag en 2017, a eu un impact sur la libération de la parole des victimes dans les industries de la culture. Ce mouvement a eu l’effet d’un électrochoc sur les mentalités et a donné de la visibilité aux victimes, à tel point qu’aujourd’hui encore, de nombreux groupes de métal prennent des décisions lourdes de sens, comme retirer leurs membres problématiques et condamner publiquement leurs agissements. Pensez-vous que cela révèle quelque chose sur l’industrie métal et la mentalité de sa communauté ?
Depuis #MToo, une prise de conscience est indéniable. Peu à peu, tous les milieux réalisent l’ampleur du travail à accomplir pour atteindre une réelle égalité et lutter contre les VSS. C’est un travail de longue haleine qui implique de s’attaquer aux racines du problème et pas seulement de faire un « nettoyage » en surface. Bien sûr, refuser de jouer avec quelqu’un qui est mis en cause dans une affaire de VSS est un premier pas notable et louable. Cela devrait finalement être normal. Cependant, il ne faudrait pas que ce genre d’opérations se réduise à de la comm ou du « purple washing » (méthode marketing consistant à dissimuler des pratiques anti-féministes par le soutien à des causes féministes). Si ces actions sont le fruit d’une vraie volonté et d’une vraie réflexion signifiant “nous ne tolérons plus ces agissements”, alors on progresse. Si ce n’est qu’une manière de se protéger des activistes et des médias qui braqueraient les projecteurs sur des affaires, une manière d’être tranquille et de ne pas s’attirer de problèmes, alors ce n’est pas suffisant. Chacune et chacun d’entre nous doit mener sa propre réflexion et mesurer combien nous serons tous et toutes gagnants si nous luttons contre les agissements sexistes et faisons tomber les stéréotypes de genre, y compris les hommes.
Avez-vous l’intention d’étendre votre action sur le Motocultor à d’autres festivals ou à d’autres évènements culturels dans l’industrie musicale ?
Nous sommes sollicitées par de nombreux événements. Parfois, nous ne pouvons pas répondre présentes par manque de bénévoles. J’en profite d’ailleurs pour lancer un appel à celles et ceux qui souhaiteraient nous rejoindre. Chacun.e est bienvenu.e avec ses compétences personnelles (communication, réseaux, prévention, supports, etc.) Nous privilégions les événements qui ont vraiment besoin de mener un travail de fond, comme nous l’avons fait avec le Motocultor. Accompagner les équipes, former les bénévoles, piloter le dispositif. Certains festivals sont déjà dans cette dynamique et ont les ressources nécessaires en interne.
Quelles sont les prochaines actions prévues sur le plan régional et national ?
Après l’été, nous préparons « War sav », notre semaine de sensibilisation aux VSS, qui a lieu chaque année fin novembre à Quimper. Au programme : concerts, spectacles, manifestations et rencontres. Parallèlement, nous serons présentes aux côtés de la ville dans un van de prévention qui circulera les soirs de fête. Nous collaborons avec nos partenaires locaux, notamment la LDH et le CTEFS, pour mener une vraie lutte intersectionnelle.
Un grand merci à Denise Maréchal pour avoir répondu à nos questions.
Pour plus d’informations sur l’association NousToutes : https://www.noustoutes.org/