Deuxième jour, toujours sous un grand soleil ! Réveil dans les tentes au son des balances, une douche rapide et… on y va !
Suivez les récits de Tom BINET (TB), Carole CERDAN (CC) et Valentin POCHART (VP), agrémentés des photos d’Emma RIBAL et Didier RIVET.
Mainstage 2
Groupe anglais
Punk rock
Ce vendredi, on se lève tôt car la valeur montante du punk rock anglais s’apprête à jouer à 10h30 sur la Mainstage 2 : SAINT AGNES ! Le groupe monte sur scène devant un public de curieux assez clairsemé (comme un vendredi 10h30, quoi), mais dès le premier titre, « Bloodsuckers », il est clair que le groupe de Kitty Austen, Jon Tufnell et Andy Head, renforcé par Maxine Cahill à la basse, va tout retourner ! L’énergie est au top, le show visuel bien calé avec des écrans affichant les paroles en direct, et le son est incroyable. Tous les éléments sont donc là pour un show historique ! En à peine trente minutes, SAINT AGNES ont changé un petit public de curieux en une foule de fans en délire, enchaînant les titres de ‘Bloodsuckers’ et les classiques comme un « Daughter Of Lucifer », parfaitement adapté au lieu. C’est enfin sur « Middle Finger » que SAINT AGNES finit son set, ponctué par un magnifique wall of death matinal, rempli de visages souriants et de nouveaux fans conquis. Quelle entrée en matière !
VP
Altar
Groupe français
Metalcore
Mainstage 1
Groupe français
Heavy rock
Le crossover thrash est à l’honneur ce matin sur la Warzone ! En effet c’est au tour des Grenoblois de EIGHT SINS d’ouvrir la journée pour la scène la plus survoltée du festival. Et c’est directement sur « Namek » que le groupe nous emmène avec des riffs assassins et un chant carrément hardcore par moments. Les vannes fusent également, avec une spéciale dédicace à « Toutankhamon », le seul soixantenaire du public, au milieu du circle pit… Enfin, des circle pits ! Car il y en avait deux en même temps à ce moment-là tant la bande envoyait du bois ! La French Touch et l’humour d’EIGHT SINS a su convaincre instantanément tous les métalleux présents, et le stand de bière d’à côté a dû voir passer au moins autant de monde que le stand de merch après un concert aussi fou ! Merci les gars pour ce moment ! Et à vous qui lisez cet article, foncez écouter leur album ‘Straight To Namek’, vous nous remercierez après.
VP
11h05 ce vendredi matin, c’est tôt pour un festivalier lambda. Et pourtant, la Temple est remplie d’une foule attentive pour suivre le set de HOULE. Ce groupe français, fondé en 2019 par le Brestois Crabe, nous avait accordé une interview dans notre numéro d’été (à retrouver ici), et j’étais curieuse de voir prendre vie leur black metal mélodique marqué par une thématique maritime. Et le concept se voit déjà : les membres arborent des cirés sombres, les rayures marines de leurs t-shirts salis leur donnent des allures d’équipage en perdition, et la chanteuse, Adsagsona, semble chercher à s’éclairer dans la tempête avec une lanterne désuète. Ses textes sont poétiques et donnent vie à un récit tragique aux accents d’embruns et de tempête, le public devient une marée montante alors que les instruments forment des courants de notes dévastatrices. Les nœuds marins des cordes enchevêtrées autour des pieds de micro ne changeront rien à notre sort : nous sommes emportés par la houle, qui nous submerge efficacement au son de l’album ‘Ciel Cendre et Misère Noire’.
CC
Mainstage 2
Groupe espagnol
Metalcore
Sensation de la scène metalcore parisienne, le groupe SOLITARIS était ma top priorité de ce vendredi, tant j’ai aimé leur EP ‘Siwa’, à la production léchée et aux influences riches. Je me suis donc très logiquement postée à la barrière, sous l’Altar, pour profiter au mieux du set. Même si l’heure est encore matinale à l’échelle du festival (11h40), le public a répondu présent, et accueille avec clameur l’entrée en scène de nos protagonistes, tout de noir vêtus, les visages masqués, sans réel signe distinctif, à l’exception peut-être du chanteur qui arbore un stetson sombre assorti à sa barbe.
Dans le public, dès les premières notes bien lourdes, le circle pit s’élance déjà, encouragé par le growl puissant du chanteur, appuyé par son bassiste. Le guitariste lui vient offrir des passages plus mélodieux d’une belle voix claire. Nous profitons du morceau « Siwa », qui donne son titre à l’EP.
Côté interactions, le choix du mystère se poursuit : c’est en effet une voix off, robotique et aseptisée, qui nous salue, puis nous invite à mettre le feu. J’apprécie particulièrement le morceau « Tarnished » où le bassiste apporte un groove incroyable à grand renfort de slap. Ce set sera aussi l’occasion pour SOLITARIS de nous faire découvrir en live leur dernier single en date, « Aira », redoutable d’efficacité, alors que la voix nous rappelle que c’est notre dernière chance de tout donner ! Je repars de l’Altar convaincue que nous entendrons parler de ce groupe dans un futur très proche, le mystère les entourant n’assombrissant en rien leur belle technicité et leurs morceaux bien produits et exécutés.
Pour ceux qui se demandent comment le fait que le groupe ne parle pas du tout au public impacte le set, j’ai peut-être un début de réponse : en plus de la voix off évoquée plus haut, les membres du groupe s’adressent quand même régulièrement à nous dans une gestuelle qui vise à nous encourager, nous remercier, ou même à la fin nous faire part de leur émotion et leur gratitude d’être là. Et finalement, c’est une victoire au niveau de l’ambiance : le public sait que c’est le concept, et nous voilà tous complices, dans la connivence même, comme un peu membre de cette meute mystérieuse. Brillant.
CC
Crédits photos : Aurore Angelique
Mainstage 1
Groupe japonais
Power metal
Warzone
Groupe français
Rap metal
C’est au tour des dignes héritiers de THE PRODIGY et LIMP BIZKIT (oui, les deux en même temps) de prendre le contrôle de la Mainstage 2, et si on en croit les acclamations du public alors que le concert prend du retard, WARGASM sont attendus de pied ferme ! C’est donc survoltés que Milkie Way, Sam Matlock et leurs musiciens attaquent leur set avec « Venom », titre éponyme de leur premier album. Les deux leaders (et seuls membres « officiels ») du groupe sautent partout et ne laissent personne s’ennuyer pendant plus de 10 titres (dont 6 du dernier album). Cependant, on remarquera assez vite que ce seront les titres de l’EP ‘EXPLICIT : The MiXXXtape’ qui récolteront le plus de succès, l’album étant globalement moins hyperactif dans sa composition. Qu’à cela ne tienne, les Anglais ont vraiment envoyé et nous auront livré un set surpuissant, et on ne doute pas qu’ils sauront retourner les salles et les festivals à venir sur leur chemin ! Et le public a headbangué jusqu’à se briser la nuque pendant près de 40 minutes comme demandé dans le hit « Bang Ya Head », donc la promesse est tenue !
VP
Valley
Groupe américain
Stoner
Premier détour du festival pour moi sous l’Altar et son ambiance toujours à part, en ce début de journée.
Le moment parfait pour embarquer à bord du bateau THE ACACIA STRAIN et ses expérimentations musicales (attention, n’allez pas dire à Vincent Bennett que sa musique s’apparente à du deathcore !). Qu’importe, il y a bien longtemps que les Américains maîtrisent leur sujet et savent comment séduire leur public. En voici une nouvelle démonstration avec ce set qui fait la part belle à un large extrait de leur discographie, de « The Beast » à « Tactical Nuke », sans oublier de défendre leur dernier album sorti l’an dernier, avec notamment « Fresh Bones ». Expérience approuvée.
TB
Les Américains de THE ACACIA STRAIN n’ont jamais eu la réputation de faire dans la dentelle. Depuis mon poste d’observation au tout premier rang à la barrière, je constate un phénomène inédit pour moi : derrière mon rang et le suivant, le set démarre avec un énorme trou dans le public, les gens prenant visiblement une grosse marge de sécurité en prévision de la violence du pit qui pourrait se déclencher à tout moment. Et le moment tarde un peu trop à arriver au goût du vocaliste, Vincent Bennett, qui rappelle que le groupe existe depuis 2001, mais que pour autant son enthousiasme est intacte, et qu’il attend du public une « participation active ». Le circle pit se déclenche enfin, et j’ai l’impression qu’un ventilateur géant se met en route dans mon dos sous l’Altar !
Devin Shidaker, le guitariste lead, appuie de sa belle voix chantée certains passages, avant que Bennett n’enchaîne entre growls, pig squeals et autres cris féroces. Ce dernier nous demande en fin de set de lever les mains et de profiter pour « faire de ce moment un souvenir inoubliable ». Pour ma part, je garderai cette image d’un headbanger, en train de se dandiner calmement, tranquille, planté au milieu d’un circle pit devenu inarrêtable !
CC
Devant une foule bien plus dense que lors de leur dernier passage en 2018, les Allemands d’Orden Ogan sont venus pour poursuivre leur opération séduction du public français. Forts de leurs refrains entêtants « Seeb » Leverman – emmitouflé dans un costume de scène du meilleur effet mais à ne pas reproduire chez soi en cette forte chaleur – et sa bande offrent un show parfaitement maîtrisé. Preuve que le groupe commence à se faire sa place auprès des amoureux de power metal de l’Hexagone, le public massé devant la Mainstage 1 lâche volontiers les cordes vocales dès les premiers accords de « F.E.V.E.R. », avant d’être totalement emporté sur « Gunman » puis « Come With Me To The Other Side ». Un petit circle pit pour la route sur « The Things We Believe In » en guise de conclusion et il est déjà l’heure d’aller retrouver la tête pensante du projet pour échanger sur son nouvel album, paru début juillet, et plein d’autres sujets !
Une interview à retrouver dès la rentrée dans notre magazine.
TB
Warzone
Groupe américain
Fusion / Nu metal
Après une rapide pause déj sur le pouce, je me rapproche de la Mainstage 2 pour assister au set de WHILE SHE SLEEPS. C’est ma première occasion de les voir se produire live (et je connais leur belle réputation dans le domaine), mais en plus ce set va avoir une saveur toute particulière, étant donné que j’ai eu la chance d’interviewer leur frontman charismatique, Lawrence « Loz » Taylor, pour le numéro de Vecteur de printemps 2024 (à retrouver ici).
C’est d’ailleurs sur un des morceaux très dynamiques du dernier album ‘Self Hell’ que s’ouvre le show, puisque dès que retentit le début d' »Into the Void », le public envoie déjà le premier circle pit, alors que la pyrotechnie s’enflamme sans attente. Sean Long nous offre le premier solo impeccable du set, sur sa guitare jaune poussin, alors que chacun reprend le refrain entêtant du morceau ensuite.
Après « You are all you need », nous revenons sur le morceau qui donne son titre au dernier album du groupe, « Self Hell », et l’énergie du public ne redescend pas.
Je dirais même qu’elle monte encore d’un cran, alors que Loz nous ordonne de sauter quand il en fait le signal, et que résonne le cultissime « Sleep Society ».
Tout au long du set, j’apprécie de retrouver les touches électroniques que WSS sait si bien distiller, tout comme le son des guitares offre remarquablement la netteté et la singularité qui le rendent reconnaissable entre mille.
Loz nous demande de ne pas le décevoir, et c’est la folie dans le pit, alors qu’il nous appelle à un maximum de slam sur « Silence Speaks ». On sent le groupe clairement touché par l’enthousiasme qu’il perçoit de son public, et alors que Loz nous explique ne jamais rien prendre pour acquis, l’intro déjà emblématique de leur somptueux « To The Flowers » finit de nous électriser ! Le temps de se dire au revoir sur « Systematic », et je recroiserai Loz dans l’espace VIP presse, pour lui offrir le numéro de Vecteur Magazine dont il a fait la couverture, ainsi qu’un cornet de glace avec la complicité de mon amie Noémie ! Le bonheur à l’état pur finalement.
CC
C’est sur recommandation d’un ami que je me dirige vers la Mainstage 1 pour assister au concert de KARNIVOOL, alors qu’un petit mètre carré d’ombre salutaire se libère sous la régie. En effet, si les Australiens sont en pleine tournée européenne, leur passage au Hellfest marque l’une des seules trois dates prévues pour la France. Je dois admettre être totalement passée à côté de ce groupe jusqu’à présent, mais c’est l’occasion ou jamais de les découvrir !
Premier élément qui me frappe : la voix de Ian Kenny me rappelle tour à tour du Maynard James Keenan de TOOL mais le regretté Chris Cornell pour ses tonalités les plus chaudes. Musicalement, on est sur du rock metal prog, c’est énergique, c’est très propre, parfaitement mis en avant par la sono de la Mainstage. Les morceaux s’enchaînent, le bush australien s’invite dans la chaleur clissonnaise, et je suis même surprise de la facilité des morceaux à proposer à la fois des riffs accessibles, voire entraînants, mais aussi des passages plus techniques, avec de la polyrythmie, avant de repartir sur des envolées planantes. Un bon moment pour moi qui s’achève sur la touchante ballade « New day », merci pour la recommandation !
CC
Serait-il temps pour un peu de hardcore ? Je pense que oui ! Et qui de mieux pour se faire briser quelques vertèbres que les Australiens de SPEED ? Après avoir retourné quelques jours plus tôt un Olympia plein à craquer avec TURNSTILE, la Warzone a enfin pu trembler sous les riffs du groupe, plus chaud que jamais sous un soleil de plomb. Les classiques de leurs demos de 2019 et 2020 ont fait la part belle aux deux albums ‘Gang Called Speed’ et ‘Only One Mode’ mais tous les coreux s’en donnent à cœur joie, entre hardcore dance et mosh pur et dur. Musicalement, c’est direct, c’est du hardcore à l’ancienne, mais on apprécie toujours autant de voir Jem Siow, chanteur principal du groupe, attraper une flûte traversière le temps du breakdown de « The First Test », qui est devenu un inratable de leur set. En tout cas, le public de la Warzone est venu pour s’en prendre plein la gueule, et SPEED le leur a donné avec générosité. Un set simple et efficace d’un groupe qui monte à grande vitesse (sans mauvais jeu de mot) pour continuer cette journée décidément géniale !
VP
Est-il encore besoin de présenter LOFOFORA ? Piliers du metal français, proposant depuis 35 ans un son crossover et surtout des textes engagés voire enragés ! Et quel plus beau podium que la Mainstage 2 pour ce faire ? Il faut dire qu’à l’heure du goûter, la foule est déjà bien massée là, prête à en découdre !
Si la setlist est sans grande surprise, du portrait au vitriol sur « Les gens » à la liste non exhaustive de dénonciations sur « Les choses qui nous dérangent », on peut compter sur la gouaille franche de Reuno pour asséner ses quatre vérités au micro. Ainsi, nous avons par exemple droit à un commentaire moqueur quant à la présence de SHAKA PONK prévue un peu plus tard dans la soirée, et qui s’interroge sur leur légitimité à l’affiche.
Et comme les images sont plus fortes que les mots, le groupe choisit de faire monter sur scène des Femens, brandissant une banderolle « What the Hell », avant que le set ne s’achève sur « Justice pour tous ».
CC
Valley
Groupe suédois
Stoner rock
Mainstage 1
Groupe américain
Metal industriel
Tout avait commencé par une bagarre de poireaux. Une pluie de légumes que même les applications météorologiques les plus fiables n’avaient pas vu venir, venue accompagner les premières notes du quintette de punk. Il faut dire que les locaux de l’étape n’ont pas fait le voyage pour rien, démontant la Warzone méthodiquement et sans aucune parcimonie. Sous un soleil de plomb, le public venu assister au spectacle s’en donne à cœur joie. « Faites attention à vous quand même ! », lâche le chanteur Clair en voyant se préparer un énième Wall of Death, toujours plus important que le précédent. Moment également choisi par le leader de la bande pour se confier sur sa transition et appeler la foule à davantage de respect les uns envers les autres dans le contexte politique actuel, avant d’annoncer le single d’un nouvel album à paraît à l’automne, « Down in the Dumps ». Ce à quoi cette dernière répond par une volée de huées à l’attention de l’extrême droite. Une magnifique claque comme on les aime !
TB
Les Norvégiens de MORK attendaient ça depuis des années, et le moment est venu pour eux de présenter pour la première fois en France leur musique sous la Temple ! Le groupe mené par Thomas Eriksen envoie donc un black metal direct et sans vraiment d’artifices. Pas de lance flammes ici, ni de confetti, juste de la musique solide et bien composée, et un Thomas Eriksen survolté envoyant ses soli d’un bout à l’autre de la scène pendant que le reste du groupe reste fixe, le regard dur et sérieux. Les derniers albums du groupe, ‘Katedralen’ et ‘Dypet’ sont mis à l’honneur, mais c’est le classique ‘Det Svarte Juv’ qui composera la majorité du set, pour le plus grand bonheur des fans de longue date ! D’ailleurs, le public, comme souvent avec le style, est assez sage mais hyper investi dans le concert : à chaque interlude, c’est une ovation qui répondra ! Même chose à la fin du concert, car il est clair que pour son premier concert français, MORK a convaincu les curieux et satisfait les fans qui les attendaient de pied ferme. Vivement leur retour, car on en redemande !
VP
Fin d’après-midi, la lumière se fait moins brûlante, et l’Altar offre un écrin idéal pour un moment poétique au milieu d’une journée très énergique jusque-là.
C’est le moment idéal pour découvrir le leader de LEPROUS, Einar Solberg, dans son projet personnel. Si la voix du Norvégien rend par moment inévitable les pensées vers le groupe qui a fait sa renommée (à moins que ça ne soit l’inverse, tant son timbre haut et puissant à la fois le rend reconnaissable entre mille), je suis agréablement surprise de ce que ce projet lui permet d’offrir au public. En effet, même s’il oscille entre micro et claviers, Einar est entouré d’un véritable groupe de musiciens, entre percussions, basse électronisante, mais aussi un violon vibrant. Et puis ses comparses lui permettent de mettre en valeur son chant par un sublime travail d’harmonies. C’est poétique, entre ambiance pop voire trip hop, et montées progressives. Nous sommes emportés comme dans un songe tout au long du set. Einar nous fait d’ailleurs part du fait que lui aussi est emporté par le moment, nous disant que nous sommes « époustouflants », et qu’il savoure de jouer des morceaux dont un coécrit avec sa propre sœur Heidi Solberg Tveitan, alias Starofash (qui est aussi l’épouse d’IHSAHN au civil), « Where All The Twigs Broke ».
En bref, un beau moment suspendu, avant de repartir vers d’autres ambiances !
CC
S’il y a bien un groupe que j’attendais au tournant, devant la Mainstage 1, c’est POLYPHIA ! Les quatre Texans font sensation depuis une quinzaine d’années, au départ avec un son typé metal progressif, mais s’ouvrant aujourd’hui à des sonorités plus mélodiques et moins sombres. Pour preuve, le dernier duo entre Tim Henson, le guitariste emblématique du groupe aux doigts qui volent sur sa guitare, et le prodige du flamenco MARCIN. POLYPHIA propose une musique 100 % instrumentale, ce qui peut parfois rendre plus complexe l’interaction et l’engagement du public. Ma grande interrogation était de vérifier à quel point un son très produit avec autant de riffs complexes pouvait sonner en concert, et si le public du Hellfest saurait y trouver son compte. Réponses : oui et oui !
Le set s’ouvre sous un soleil baissant, dans une ambiance de terrasse de guinguette, aux accents chill de « Loud » qui pour le coup est plutôt cool en démarrage, avec des rythmes trap, et ses guitares planantes. La surprise pour moi, c’est que c’est Scott LePage, deuxième guitariste du groupe, qui prend le micro et se charge de nous parler tout au long du set, alors que Tim se place visiblement en retrait avec son Ibanez blanche. Ce qui ne les empêche pas de jouer en toute complicité, se rapprochant tous sourires en enchaînant les prouesses, alors que la section rythmique n’est pas en reste !
Et côté public ? Les hits s’enchaînant (« Champagne », « The Worst »), je constate que ça danse, et même ça slamme fort, alors que Scott nous invite à suivre le mouvement ! Message reçu, merci pour la grosse ambiance en plus de l’émerveillement technique !
CC
C’est en terrain conquis que STEEL PANTHER reviennent ! En effet, le groupe est habitué aux scènes principales du Hellfest après les avoir foulées et saccagées de nombreuses fois. Le public sait donc exactement ce qui l’attend, et malgré tout, dès « Eyes Of A Panther », on remarque que celui-ci ne boude pas son plaisir ! Les morceaux marchent, les vannes font mouche, Satchel dégomme comme d’habitude Michael Starr, Stix Zadinia imite Rick Allen de DEF LEPPARD et Spyder, le nouveau bassiste et ancien tour manager du groupe, trouve ses marques. Les 2 titres extraits de ‘On The Prowl’ marchent également super bien, confirmant mon sentiment sur cet album décidément bon. Michael Starr invitera ensuite une fan à monter sur scène pour « Weenie Ride », mais à la suite d’un souci de communication, la scène sera envahie de fans pendant pas moins de 3 morceaux ! Pas grave, STEEL PANTHER en a vu d’autres et assure un concert parfait dans le style, plus fun et énergique encore que leur dernier passage. Un retour réussi !
VP
Petite incursion dans la Valley, histoire d’aller me faire voir chez des Grecs. Enfin plutôt d’aller voir du stoner grec ! Et je me dois de l’avouer d’emblée : le stoner, de manière générale, ce n’est pas mon style de prédilection, mais je suis dans ma journée éclectique. Et très clairement, ce set ne m’a pas déçue parce que ce groupe envoie proprement du lourd. La batterie est implacable et la caisse claire claque effrontément, les guitares rugissent, la basse est crunchy à souhait, et la voix est puissante (un petit air de Scott Weiland pour moi dans le timbre). Du coup, je ne m’ennuie pas, y compris sur des morceaux comme « Road to Burn » et ses huit minutes brûlantes. L’influence de BLACK SABBATH me saute aux oreilles sur « El Rollito », bref, très bon moment en terre inconnue !
CC
Cela faisait 15 ans que les fans attendaient ça : CLAWFINGER sont enfin de retour ! Les Suédois ramènent le metal industriel teinté de rap qui a fait leur succès, et le moins qu’on puisse dire, c’est que le public français est au rendez-vous ! Dès les premières notes le mosh explose, et les hits s’enchaînent ! Le groupe commence par « Hold Your Head Up », extrait de leur album éponyme et met directement tout le monde d’accord : Zak Tell et sa band ont encore la patate plus de 30 ans après leurs débuts ! On prend deux ou trois mandales dans le pogo quand soudain arrive une suite de morceaux plus imparables les uns que les autres : « Two Sides », « Biggest & The Best », « The Price We Pay » et « The Truth » nous frappent comme un enchaînement de boxe, et je me retrouve à slammer sur ce dernier, avant de revenir dans le pit pour « Do What I Say ». Ce dernier marquera tellement les esprits qu’on entendra régulièrement les fans entonner « when I grow up, there will be a day… » le reste du week-end. C’est d’ailleurs à pleins poumons que les fans de CLAWFINGER entonnent ce véritable hymne pendant plusieurs minutes après la fin du set, mettant à genoux le groupe, visiblement très ému. Le public achèvera de remercier CLAWFINGER en se mettant à genoux à son tour : le respect est mutuel, la reconnaissance aussi… Ce concert fut sincèrement un moment figé dans le temps que je n’oublierai jamais !
VP
De retour dans la Valley pour la dernière fois du week-end pour moi (pour cause d’Altar intensive le samedi et le dimanche…), le soleil est couchant derrière la scène, les derniers rayons oranges s’infiltrent à travers les sublimes ouvertures sculptées dans les palissades métalliques qui délimitent les abords de la scène, il fait encore chaud et tout se perd dans un rougeoiement intense, assorti aux lights de la Valley et aux cheveux de Lori S, la chanteuse et guitariste du power trio stoner ACID BAND. Je suis venue voir ces Américains, forts de plus de 30 ans de carrière et qui ne passent pas tous les quatre matins dans nos contrées. L’avantage avec les morceaux qui font rarement moins de cinq minutes, c’est que le set sera complet avec neuf titres. L’ambiance est lourde, et si la chaleur poisseuse avait une bande son, ce pourrait être celle écrite par ACID KING. Le côté lancinant à la limite de l’hypnotique est renforcé par la voix medium de Lori, qui se répond au fil des morceaux avec une guitare prenant un lead mélodique efficace. L’expérience est renforcée par une caméra qui filme le set suspendue à un câble en hauteur, et qui nous survole pour offrir des vues plongeantes vers la scène où le set s’embrase dans l’harmonie totale avec le coucher de soleil. Magique.
CC
Alors que la nuit est tombée sur Clisson, l’atmosphère s’apprête à devenir encore plus sombre sous la Temple. En effet, EMPEROR s’apprêtent à jouer un set 100 % composé de classiques devant un public nombreux et attentif. Ihsahn, Samoth et Trym entrent en scène accompagnés de leurs musiciens de tournée, Secthdamon et Jørgen Munkeby (que vous connaissez peut-être de SHINING, qui ont joué la veille au même endroit) et lance les hostilités avec « Into The Infinity Of Thoughts » pour le plus grand plaisir des fans de black metal classique. Au total, pas moins de quatre morceaux de ‘In The Nightside Eclipse’ et quatre de ‘Anthems Of The Welkin At Dusk’ seront joués, pendant que ‘Prometheus : The Discipline Of Fire & Demise’ ne sera représenté que par « In The Wordless Chamber ». Et que dire de l’interprétation de ces morceaux à part que tout est joué avec une exécution parfaite et une sobriété appréciée de la part d’un des groupes les plus cultes du style ? On remarquera d’ailleurs que l’envoûtement ne concerne pas que les fans de black metal car le son parfait et l’efficacité des composition atteignent les quelques curieux qui nous entourent au fond de la Temple, et l’absence de réel show visuel est largement comblée par la perfection d’un set travaillé et sans accroc. EMPEROR fait là une démonstration de force en ne se reposant que sur la musique pour convaincre, et le fait tant et si bien qu’on se souviendra sûrement longtemps de ce set. Espérons qu’IHSAHN viendra mettre une deuxième couche l’année prochaine avec son projet solo !
VP
Pour ce set, nous avons choisi de laisser Christophe PINHEIRO, membre de l’équipe et grand fan du groupe, nous raconter son expérience au Hellfest devant son groupe favori.
La simple venue de MACHINE HEAD au Hellfest suffit à me combler de bonheur. Et encore plus en les voyant en tête d’affiche du vendredi sur la Mainstage 1. Après les avoir vus à Groningen, Tilburg et Glasgow en ce mois de juin, c’est accompagné d’un pote venu spécialement d’Allemagne pour ce concert et qui les a déjà vus huit fois ce mois-ci, que nous prenons place dans le pit, là où toute la magie opère. À peine l’intro de « In Comes The Flood » terminée, retentissent les premières notes de « Imperium ». Le Général Robb Flynn arrive sur scène, les poings levés, et scande « Hellfest, get your fists in the air ». L’armée des « Headcases » réagit immédiatement et la bataille commence.
La pyrotechnie bien présente sur scène apporte un coup de chaud aux premiers rangs, mais rien de comparable à l’ambiance qui règne dans le pit, ni au sein du premier circle pit du set, sans même que Robb n’ait eu l’occasion de le demander. Matt Alston apporte à chaque frappe chirurgicale la puissance d’un « Ten Ton Hammer » qui appelle au « headbang ». Le public du Hellfest qui se veut résistant, va peu à peu nourrir le groupe de son énergie. Et cette surenchère de partage commence à nous offrir un show dantesque et débordant de folie. « CHØKE ØN THE ASHES ØF YØUR HATE» enfonce le clou et vient mettre en valeur les prouesses vocales et le jeu de basse de Jared Mc Eachern.
Toute la discographie du groupe, à l’exception de l’album ‘Catharsis’ sera valorisée ce soir. Les sourires qui se dessinent sur le visage de Robb Flynn attestent de sa bonne humeur et de son plaisir d’être présent sur les terres clissonnaises. Après un solo du nouveau venu, Reece Scruggs, Robb, accompagné de sa guitare acoustique, demande au public d’allumer les lumières des téléphones portables pour le magique « Darkness Within ». Ce moment d’accalmie ne fera pas descendre la température, bien au contraire, la communion perdure lors de la participation du public à chantonner sur demande du frontman des « Oh oh oh » à la fin du morceau. Après un « Bulldozer » balayant tout sur son passage, la terre a tremblé sur les « jumps » de « From This Day ». Mais lorsque Robb harangue la foule d’un « Let Freedom Ring With A Shotgun Blast », la magnificence de ce concert est à son apogée.
La pyrotechnie apporte une vision apocalyptique et accompagne la violence dévastatrice dans le pit. Le moment est venu de clore cette prestation incroyable et après quelques lancés de verres de bière dans le public, Robb Flynn entame le fabuleux « Halo », tel un hymne que tout le public scande pour sceller les retrouvailles entre MACHINE HEAD et le Hellfest. Et c’est sur fond de confettis et de feux d’artifice que se termine la superbe prestation d’un MACHINE HEAD en très très grande forme.
Encore étourdi par ce show phénoménal, je retrouve mon pote au milieu de ce champ de bataille. On débriefe sur ce qu’on vient de vivre. Lui, va partir pour voir le groupe le lendemain à Lisbonne et moi, je vais me coucher encore groggy, espérant revivre d’autres shows avec la même intensité pendant le reste du festival…
Gros dilemme personnel au moment de choisir le dernier concert dont profiter en ce vendredi soir. Mais devant l’affluence folle pour BODY COUNT sur la Warzone et un début de set enchanteur de la part de PRODIGY, mon choix fut finalement de rester scotché devant la Mainstage 2. Et avec bonheur ! En une grosse heure, les Britanniques nous offrent pas moins de seize titres, des hits à tout va et une ambiance qui ne redescend jamais. Ou comment transformer rock city en boîte de nuit géante. À regarder autour de moi, je me dis que je fais probablement partie des plus anciens habitués des lieux, huit ans à peine après ma première visite en enfer. Un public particulièrement jeune donc et qui ne correspond pas forcément au manuel du parfait metalleux, mais surtout un public qui s’enjaille comme rarement devant l’efficacité de la recette proposée. « Omen », « Voodoo People », « Get Your Fight On », « Invaders Must Die », mais également « Breathe » ou « Firestarter » : il y en a pour les fans de toutes les époques. Quelle magnifique manière de conclure, tout sourire pendant encore de longues minutes après que la dernière note a retenti, l’une des plus belles journées que j’ai passées au Hellfest !
TB
Cette édition 2024 a été l’occasion pour le Hellfest de rappeler sa volonté d’inscrire son rayonnement au-delà des projets musicaux. En effet, si la présence du stand de la SPA n’est pas une nouveauté, une autre cause a pu bénéficier d’un stand au sein du Hellfest Corner, l’ONG Savage Lands. Sur ce stand, les festivaliers ont pu découvrir que l’ONG se donne pour mission de faire l’acquisition de parcelles de terrains au Costa Rica pour leur éviter de finir entre les griffes de promoteurs, et afin d’assurer la préservation d’un écosystème fragilisé par la spéculation et la construction humaine intensive.
Au-delà d’un espace de visibilité via le stand mais aussi sur scène (je vais y venir un peu plus bas), le Hellfest a annoncé un énorme coup de pouce financier en marge de cette édition 2024 : c’est pas moins d’un million d’euros que le Hellfest va donner à l’ONG sur les cinq prochaines années !
Alors évidemment, je me suis posé des questions, et qui de mieux placé pour y répondre que l’un des deux fondateurs du projet, Sylvain Demercastel ? Voici en substance les éléments sur lesquels nous avons pu échanger.
– COMMENT EST NÉE L’IDÉE DE CRÉER SAVAGE LANDS ?
L’ONG est issue de l’union des forces de Dirk Verbeuren (batteur de MEGADETH) et de Sylvain Demercastel, activiste écologique depuis plus de 30 ans, et également musicien. Leur passion commune pour la musique et leur souci de la préservation des écosystèmes les ont réunis autour d’une mission : lever des fonds pour reboiser des parcelles de terres, et également faire l’acquisition de nouvelles parcelles pour y rendre toute construction impossible, pour les sanctuariser au profit des espèces animales présentes. Cette vision est actuellement propulsée majoritairement au Costa Rica, tout simplement parce que Sylvain y vit et a pu déjà constituer des équipes locales pour la partie reboisement, tout en ayant une expertise prononcée sur les terrains les plus menacés et à acquérir en priorité, grâce notamment à son réseau avec les institutions locales.
– CONCRETEMENT, QUE FAIT L’ONG ?
Savage Lands répartit son action autour de trois axes principaux. En premier lieu, l’ONG mène des actions de reforestation, en collectant des pousses d’arbres auprès d’associations partenaires, en les faisant grandir dans des nurseries, avant de les planter grâce à des bénévoles à la saison propice, avant de superviser le suivi dans le temps délégué à des initiatives locales.
En parallèle, grâce aux fonds collectés par l’ONG, celle-ci vise à faire l’acquisition de terrains et coordonner leur reboisement puis leur administration. Ainsi, Sylvain m’a expliqué comment l’ONG avait réussi à faire barrage à un promoteur étranger en mutualisant des actes d’achat d’un terrain par des locaux, moyennant la promesse par ceux-ci de ne construire que sur 10 % de la superficie totale acquise (5 600 m²), alors que l’ONG est devenue propriétaire d’une servitude sur les 90 % restants, rendant ces terres impossibles à dégrader et inconstructibles.
Le troisième axe consiste à faire adhérer les propriétaires locaux à une charte via le programme « My forest », ouvrant la porte aux conseils et aux actions de l’ONG pour redensifier les arbres et gérer leurs parcelles au mieux pour l’environnement. L’ONG espère pouvoir développer ces axes au-delà du Costa Rica, et notamment en France.
– COMMENT L’ONG SE FINANCE-T-ELLE ?
Là où Savage Lands se distingue d’autres ONG, c’est sur le fait qu’une grande partie de son financement est liée à la musique. En effet, les fondateurs ont su rallier à leur cause des anonymes mais aussi des artistes conscients de la nécessité d’agir pour la planète et convaincus du bien fondé de la démarche. Cette « armées des arbres » est ainsi constituée d’adhérents à l’ONG, et de grands noms de la scène metal, comme Andreas Kisser de SEPULTURA, ou bien John Tardy d’OBITUARY, Poun de BLACK BOMB Ä, ou encore Maria Franz de HEILUNG, Chloé TRUJILLO et évidemment Dirk Verbeuren de MEGADETH, entre autres. Ce line-up « all stars » évolue au gré de morceaux composés et enregistrés sous le nom d’un super groupe, SAVAGE LANDS, qui s’est produit pour un set sur la Mainstage 2 ce vendredi 26/06. Même Sylvain lui-même s’est mêlé aux guests de luxe pour jouer « The Last Howl », titre original composé pour alerter sur le sort des singes hurleurs dont l’habitat naturel au Costa Rica a été décimé au point de menacer l’espèce. Et fait inédit : c’est l’ONG elle-même qui est signée sur le label Season of Mist, ce qui fait que les royalties générées par ce titre ont permis l’achat du terrain dont je vous parlais un peu plus haut.
– ET NOUS, COMMENT PEUT-ON AIDER ?
Si tous les propriétaires de terrains sont invités à se rapprocher de SAVAGE LANDS s’ils souhaitent entrer dans le programme « My forest » pour donner accès à leurs parcelles pour les reboiser, tout don au-delà de l’adhésion peut compter. Sylvain m’a par exemple cité le groupe RED GORDON qui a fait don des fonds qu’ils ont décidé de lever pour la cause.
À notre niveau, il suffit d’une chose simple : aller écouter massivement les morceaux mis en ligne par SAVAGE LANDS, puisque l’intégralité des revenus générés sont reversés à l’ONG.
Enfin, s’il fallait démontrer que cette cause touche les metalleux du Hellfest, un dernier chiffre : 88 245 € ont été offerts depuis les reliquats de cashless par les festivaliers à l’issue de l’édition 2024, dont 22 517 € pour SAVAGE LANDS.
Crédits : Cédric Le Dantec
Crédits : Renaud Collet
Un grand merci à Sylvain Demercastel pour sa disponibilité, son engagement, et la qualité de nos échanges.
Retrouvez plus d’infos sur l’ONG Savage Lands sur le site https://savagelands.org/fr/
Rendez-vous prochainement sur www.vecteur-magazine.com pour le report intégral du samedi au Hellfest 2024 !