Vecteur Magazine

HELLFEST 2 - Jour 2 / Vendredu 24 /06/2022

Premier réveil chez l’habitant, en direct de ma tente. Et croyez-le ou non, mais je ne suis pas tirée du sommeil de bon matin par le gazouillis des oiseaux ou par la lumière du jour, non non ! Je suis ramenée à la réalité par les premières notes de musique, portées par le vent depuis une des scènes du Hellfest ! Même si les concerts commencent à 10h30, avant ça il y a des balances. Je finis même par reconnaître « Poison » d’Alice Cooper, ça promet pour ce soir ! Autour de moi, les copains de la « team apéro » sont encore endormis, et je me motive à m’activer, m’étant mis comme objectif d’être à 11h devant la scène « Altar » pour Yarotz. Dormir ou profiter du son… je n’ai pas 2h pour philosopher. Les premières foulées sont un peu lourdes, mais rapidement, je retrouve l’excitation de la veille, et je traverse l’entrée VIP comme une fusée pour arriver au plus près de l’Altar. C’est bon signe, je ne suis déjà plus autant perdue dans l’immensité du site qu’hier…

YAROTZ

Date / heure: 24/06 11h05

Durée du set: 30 minutes

Scène: Altar

Genre: Punk rock / post metal

Contexte groupe: Groupe français fondé en 2018

10/10

Et voilà le premier groupe français que je viens voir ce week-end ! 

C’est un peu tôt 11h du mat’ à l’échelle d’un festival, mais pour un réveil en douceur… Avec Yarotz, j’ai été servie !

Ce power trio est formé de Fabien Zwernemann (guitare et voix), Vincent Perdicaro (basse et voix), et Enzo Laimy (batterie, venu tout droit du conservatoire de jazz !).

Comme “Yarotz” le laisse présager (“rage” en russe), le set laisse la part belle à des titres ultra punchy, agressifs, et les 3 membres du groupe dévorent l’espace de l’Altar comme une armée de missionnaires. Et ça groove, et ça growle, et ça scream, pas de temps mort.

Je l’ai dit, il était tôt ce vendredi matin au Hellfest, mais le public n’était pas venu là pour beurrer des tartines… le réveil est tonique, nous voilà revigorés pour la journée… en toute “Impunity” !

J’aperçois Camille pendant qu’il prend les photos de Yarotz, mais il s’échappe rapidement, appelé vers une autre scène. Nous ne sommes pas les seuls motivés de bon matin, je rencontre aussi Julien Garnier, chroniqueur dans l’équipe Vecteur, et rédac chef de Metalife. Il y a aussi Arnaud et Jérémy de Metalife devant l’Altar, et nous sommes unaniment emballés par le set de Yarotz.

Mes potes toulousains sont réveillés, certains arrivent sur site, et notre discussion Whatsapp s’anime (oubliez messenger, le réseau sature à partir de 10h et jusqu’à minuit). Je leur donne rendez-vous devant la Mainstage 2 pour un réveil « caliente »…

CRISIX

Date / heure: 24/06 12h15

Durée du set: 40 minutes

Scène: Mainstage 2

Genre: Trash metal

Contexte groupe: Groupe espagnol fondé en 2008

9/10

Crisix est un groupe espagnol qui a participé au “Warm up tour” en amont du Hellfest, et que j’ai malheureusement raté quand ils sont passés à Toulouse, c’est donc tout naturellement que je les avais inscrits dans ma liste de groupes à ne pas manquer ce week end. J’avais évidemment en tête leurs derniers titres, dont l’emblématique “Macarena Mosh”, hymne déjanté de leur trash metal débridé.

Le concert a démarré par quelques mots du chanteur Juli Baz “Bazooka” Sanchez qui nous a confié que le groupe faisait face à un challenge aussi inattendu qu’inconfortable: leur batteur (Javi « Carry » Carrión López) avait été testé positif au covid 24h plus tôt… Comment jouer un set complet sans batteur ? Et bien nos ibériques n’étaient pas du genre à renoncer si facilement à l’honneur d’une mainstage au Hellfest ! Ils ont pu faire appel à la solidarité amicale des batteurs de Tagada Jones et de Gama Bomb pour assurer l’intérim derrière les fûts.

Et loin de laisser le set être pénalisé par cet aléa, le groupe en joue: les guitaristes Albert Requena Mateu et Marc « Busi » Busqué Plaza, le bassiste Pla Vinseiro, et le chanteur s’amusent à intervertir leurs rôles respectifs entre la voix et les instruments, y compris la fameuse batterie désertée, et c’est super ! C’est déjà une pratique qui avait fait leur renommée lors des concerts de la “Warm up” et c’est un régal à voir.

Les titres s’enchaînent dans la bonne humeur, le public adhère totalement à ce délire insouciant, entre circle pits, crowdsurfing et wall of death.

Des reprises viennent se glisser dans le set (entre “Walk” de Pantera et le clin d’oeil cocorico avec “Antisocial” de Trust), les membres du groupe finissent même dans la foule, c’est la folie !! Merci pour la visite, hasta la proxima, chavales !

Pas de photos pour Crisix, mon binôme Camille étant en mission au même moment à l’Altar pour Fractal Universe… la vie est faite de choix ! 

FRACTAL UNIVERSE

De mon côté, j’ai poursuivi mon chemin vers la Warzone pour prêter une oreille à Dirty Fonzy, solidarité entre sudistes oblige (ils sont d’Albi). Leur punk rock énergique est communicatif, le public saute en rythme, tout le monde profite, comme en témoignent les photos de Didier et Camille : 

Je vous ai déjà dit que la vie est faite de choix ? J’abandonne Dirty Fonzy à la ferveur de la Warzone, parce que je me dis qu’il est 13h, que j’ai un peu faim, et qu’à 14h j’ai rendez-vous pour interviewer Defiency au VIP Press… Je pensais donc m’attraper à manger rapidement, mais un message de mes potes me donne rendez-vous vers les mainstages. Je décide de manger plus tard, loin de me douter que je vais prendre une gifle à cet instant…

YOUTH CODE

Date / heure: 24/06 13h

Durée du set: 40 minutes

Scène: Mainstage 1

Genre: Electronic Body Music

Contexte groupe: Groupe américain fondé en 2012

10/10

En effet, je retrouve mes compagnons de voyage musical scotchés devant la Mainstage 1, hypnotisés sous leurs capuches (oui, il pleut déjà sur le Hellfest à cette heure-ci). Moi-même interpellée par une basse sourde et lancinante, je n’ai pas encore compris ce qui va arriver. Ils sont deux sur cette scène immense, lui derrière une installation type DJ-set, elle armée de son seul micro et d’un maquillage charbonneux. Et pourtant, à eux deux, ils vont prendre possession de la mainstage et du public captivé. Eux, c’est Youth Code, un duo, mais aussi un couple dans la vie: Sara Taylor est la voix écorchée vive qui harangue la foule, Ryan George est à la programmation, synthés, et 2e voix qui vient appuyer les montées rageuses de sa compagne.

Si je rapproche la voix de Sara de certains morceaux de Walls of Jericho (et j’adore Walls of Jericho), mon oreille est totalement novice au style EBM (electronic body music), qui permet des instrus qui oscillent entre la darksynth, le metal indus, mais aussi à mon goût des rythmes qu’on peut retrouver dans la drill ou la trap. Ajoutons à ça Sara qui occupe physiquement l’espace, bondissante, menaçante, faisant oublier le vent, la pluie et le froid pour mieux nous balayer.

Le résultat est tour à tour planant, trippant, oppressant, libérateur… ce set a été une pure révélation pour moi ! 

Une fois le set de Youthcode terminé, je réalise qu’il est largement temps de manger, et comble de chance, j’avise un stand très prisé pour lequel j’ai l’immense chance de trouver une file d’attente réduite, à savoir le « Homard & frites ». Il s’agit d’un succulent sandwich de brioche toastée, garni d’un mélange de homard, surimi et mayonnaise, et accompagné d’une généreuse portion de frites en allumettes. Pour 10 balles, ça cale ! (Dites à l’équipe marketing que ce n’est pas la peine de me remercier…).

Le temps de retrouver Camille au VIP pour un café avalé en quelques secondes, et arrive l’heure de se présenter à l’espace presse pour mon 1er interview plannifié sur le week-end. J’ai ainsi l’occasion de rencontrer Marion Boesch, qui assure l’accueil et qui est aussi chez LMProd (une asso qui fait la promotion de la musique metal), qui sera d’une aide précieuse tout le week-end. L’espace presse est divisé en 2 parties principales : tout d’abord une sorte d’open space qui sert de régie, avec connexion internet, où les nombreux représentants des medias sur place viennent mettre en ligne du contenu plus facilement, et dans l’enfilade duquel se situe la salle dédiée aux conférences de presse, et ensuite à l’opposé se trouve un enchaînement de boxs avec des chaises, des tables, le tout dans des tentures noires, et c’est là que les artistes rencontrent les médias pour des interviews. 

C’est dans cette seconde partie que Camille et moi retrouvons le groupe alsacien Deficiency, venu au Hellfest pour profiter des concerts et assurer la promotion de leur album « Warenta » (interview à retrouver dans le Vecteur Magazine de Septembre).

Quand je ressors du box, 25 minutes plus tard, j’ai le plaisir de tomber nez à nez avec une autre membre de l’équipe Vecteur, Julie Gazzoti, photographe et habituée du Hellfest. Quelques échanges de mots, un selfie rapide pour figer le moment, et la belle est déjà repartie, prête à mitrailler le concert suivant… quand je vous dis qu’il faut des jambes pour couvrir le Hellfest…

Je croise aussi Romain Reaper, que je côtoie à Toulouse dans le cadre de ses soirées metal (il officie aussi dans Actu-METAL Toulouse), et ça fait plaisir de se retrouver dans ce cadre.

A être dans le VIP Press, je profite de l’opportunité d’assister à la conférence de presse de Kreator, assurée par Mille Petrozza. Une conférence de presse, c’est en général l’artiste sur un podium, avec un micro, et face à lui des rangs de journalistes qui à tour de rôle posent leurs questions sous le crépitement des flashs des photographes. Entre traits d’humour, questions de quasi fans et questions techniques, chacun cherche à obtenir la réponse ou la réaction qui marquera le plus. Je les laisse discrètement…

Toujours dans l’espace VIP Press, je rencontre « pour de vrai » un autre personnage avec qui j’ai déjà eu plaisir à échanger sur les réseaux : Romain Graëffly, chroniqueur pour Art’n’roll. Il a troqué pour l’occasion le look de dandy de sa photo Facebook contre un style plus « corsaire », avec un bandana sur la tête. Nous nous recroiserons ensuite les deux autres jours, et je constate que l’homme est comme un poisson dans l’eau, et toujours bien accompagné entre artistes et compagnons d’aventure.

Pour ma part, je rejoins mes amis toulousains sous la forêt qui mène en direction de la Warzone, devant le bar à Muscadet. C’est le moment d’une très sérieuse étude comparative entre ledit muscadet (un vin blanc sec typique du terroir local), et du cidre non moins typique. Mon palais se sent plus d’affinités avec le cidre, mais les avis du groupe sont partagés sur les quelques premiers verres… ensuite, l’étude devient moins concluante, ne me demandez pas pourquoi…

C’est dans cette ambiance bon enfant que résonnent les premiers accords du set suivant dans la warzone.

OPIUM DU PEUPLE

Date / heure: 24/06 16h10

Durée du set: 45 minutes

Scène: Warzone

Genre: Punk rock (reprises)

Contexte groupe: Groupe français fondé en 2006

8/10

Décidément, après Dirty Fonzy, “mon” sud-ouest est à l’honneur !

Les albigeois offrent une bonne troupe formée de non moins de 3 chanteurs (Slobodan, Joey Délices et Mademoiselle Cœur), 2 guitaristes (Edouardo de la Vega et Gil de la Tournante), 1 basse (Le K) et 1 batterie (Machine, oui oui c’est un humain). 

Dès l’intro, le ton est donné: une voix féminine arrive sur l’instru de “Sabotage” des Beastie Boys, et même si l’air est le même au niveau du chant, les paroles sont en fait celles de “La fièvre” de NTM !

L’Opium du Peuple, c’est comment revisiter des morceaux de variétés et en faire des hymnes punks, qui font bouger la tête et sauter les guiboles ! 

Avec le soleil timidement de retour sur la Warzone, la recette prend, le public s’amuse de ces idées bon esprit, où on se laisse surprendre par des choix inattendus d’une bande de joyeux drilles (mention spéciale au “lion est mort ce soir” avec intervention de la cornemuse).

L’esprit bon enfant est communicatif, c’est ça aussi le punk, ne pas se prendre au sérieux, mais le faire bien !

Sitôt le set terminé, je cours me poster vers la mainstage 2 pour rejoindre les copains pour le concert de Dragonforce, et autant vous dire que je ne suis pas la seule à avoir eu l’idée.

DRAGONFORCE

Date / heure: 24/06 17h

Durée du set: 50 minutes

Scène: Mainstage 2

Genre: Extrem power metal

Contexte groupe: Groupe britannique fondé en 1999

10/10

Alors je me dois d’être franche, quand j’ai vu le nom de Dragonforce sur le running order, j’ai dit à mes potes guitaristes “bon, ok, pourquoi pas, pour rigoler, mais on restera pas plus que 3 morceaux, ça me suffira”. Parce que oui, pour moi, Dragonforce c’est avant tout un groupe de musique ultra rapide, avec des guitares ultra techniques, le son bien compliqué à jouer par tous les geeks de la planète quand ils se faisaient des ampoules aux doigts sur le titre “Through the fire and flames” pour Guitar Hero.

C’est donc presque résignée que je m’approche de la mainstage 2 pour apercevoir Herman Li et Sam Totman, les membres originels du groupe, aux guitares, accompagnés de Marc Hudson (chant), Gee Anzalone (batterie), Alicia Vigil (basse). 

Première impression: effectivement, qu’est-ce que ça joue vite !! Et puis c’est propre, chirurgical, c’est vrai que la réputation n’est pas usurpée ! Ils sont connus pour envoyer des riffs sur du 200 battements par minute, et là où je trouve qu’ils sont encore meilleurs que “juste” techniques, c’est qu’ils font le show ! On pourrait penser que ce genre de musique n’est là que pour les fans de guitares, mais en vérité, la voix est puissante, juste et à propos, les autres instruments sont de la fête, et le jeu de scène est à l’image du son: omniprésent et généreux.

Je suis repartie de ce set émerveillée sous une pluie de confettis, et convaincue que pour un groupe qui avait fait le pari de se faire connaître par les canaux numériques au début des années 2000, Dragonforce est en réalité une bête de scène implacable d’efficacité ! Merci de m’y avoir trainée les copains !

Après ce concert, les copains et moi sommes allés vers le Metal corner, espace en extérieur de l’enceinte des scènes de concert, où se trouvent des échopes, des stands de restauration, une scène tremplin, mais aussi des barbiers, des tatoueurs, et un point de renseignements. Au point de renseignement, justement, nous faisons la rencontre d’un bénévole présent depuis la toute première édition du Hellfest. Il se fait appeler Nounours, et son sourire est un rayon de soleil au milieu de toute cette pluie. L’occasion de se rappeler que les bénévoles sont une armée de l’ombre qui oeuvre pour faire de notre expérience un moment inoubliable. Je suis d’ailleurs impressionnée qu’avec autant de milliers de festivaliers chaque jour, le site soit aussi propre, que ce soit dans les espaces extérieurs comme dans les sanitaires. Nounours nous explique que 70% des bénévoles du week-end 1 sont aussi là pour assurer le week-end 2, c’est un bel exploit !

Pendant qu’un des copains guitaristes est allé tester des amplis, une nouvelle étude très sérieuse se tient au bar concernant la répartition Jack Da / coca dans un bon whisky coca… ceux du Hellfest sont bien équilibrés, peut-être la recette perso de Lemmy, qui sait…

Le débat n’était pas clos quand je retourne vers la Warzone pour mon concert suivant avec l’ami Dédé, pour notre minute « nostalgie du collège et des sacs Eastpack ».

MILLENCOLIN

Date / heure: 24/06 19h45

Durée du set: 55 minutes

Scène: Warzone

Genre: Punk rock / skate punk

Contexte groupe: Groupe suédois fondé en 1992

8/10

Millencolin, c’est un groupe qui a marqué mes années collège, avec son skate punk de l’époque, et j’avoue que d’aller voir jouer un souvenir, c’est parfois doux amer, parce qu’on a tous grandi (qui a dit « vieilli » ?) et que ce n’est pas toujours pour le meilleur.

Me voilà donc dans la Warzone, un peu préparée psychologiquement à me dire que le temps a pu faire des ravages, sur le son comme sur l’image. 

Nous retrouvons sur scène Nikola Sarcevic (basse, chant), Mathias Färm et Erik Ohlsson (guitares) et Fredrik Larzon (batterie).

Contre toute attente, et même si la pluie tombe maintenant à un rythme soutenu, le groupe sait dès les premiers morceaux ramener une ambiance de soleil californien, avec un son punk énergique et efficace. La voix est toujours fidèle à mes souvenirs, les morceaux s’enchaînent selon les différentes époques du groupe (“Penguins and polar bears”, “Lozin’ must” et enfin “No cigar”) pour le plus grand plaisir d’un pit trempé mais déchaîné.

Au bilan, la madeleine de Proust a gardé toute sa saveur, avec un bon mordant !

Comme il faut bien penser à se nourrir, au menu de ce soir, ce sera assiette de mezzés, avec du pain libanais, du humous, des falafels… c’était délicieux !

Alors que le jour s’assombrit, il recommence à pleuvoir fortement. C’est bien dommage, le concert d’Alice Cooper se tient en plein air, sur la Mainstage 2. Là où les festivaliers du week-end 1 avaient souffert de la canicule, je sens déjà que nous allons devoir affronter des conditions météo diamétralement opposées… Enfin bon, ce ne sont pas quelques gouttes qui vont sapper mon envie d’en prendre plein les esgourdes (quelle innocente j’étais !)…

ALICE COOPER

Date / heure: 24/06 21h55

Durée du set: 1h05

Scène: Mainstage 2

Genre: Hard rock

Contexte groupe: Artiste américain en activité depuis 1963 

8/10

Attention, légende ! Alice Cooper n’a plus besoin d’être présenté, et je suis allée voir le concert pour perpétuer la tradition familiale (c’est le premier concert qu’est allé voir mon père à ses 20 ans, si vous voulez tout savoir). Je connaissais donc vaguement le répertoire de ce grand monsieur, et je m’attendais à un son hard rock à l’ancienne, probablement un peu daté. Peu importe, il est l’heure, et Alice Cooper arrive sur scène maquillé et vêtu comme un héros maléfique échappé d’un film de Tim Burton, dans un décor qui évoque une ambiance glauque et baroque à la fois. C’est à mon sens le coup de maître de l’artiste : il ne se contente pas d’un set “best of” de ses plus grands tubes, il propose un véritable show, avec une mise en scène de son personnage déjanté et sinistre, entouré d’une “famille” d’autres personnages entre les musiciens et les comédiens. Alice Cooper, ça s’écoute, et ça se regarde ! Sa femme, Sheryl Goddard, incarne une sorte de Bellatrix Lestrange, et les tableaux s’enchaînent comme autant de numéros, au service des titres du seigneur de la soirée (“No more Mister Nice Guy”, “I’m eighteen”, “Poison”). La météo est détestable, mais le public reste à son poste, électrisé par le solo de Nita Strauss à la guitare, ou celui de la batterie sur “Black Widow Jam”. Alice Cooper finira guillotiné, mais il n’a pas perdu la tête pour autant : pour tenir autant la route après presque 60 ans de carrière, il faut savoir offrir au public une expérience qui va au-delà de la musique, pour continuer à mériter son titre de “père du shock rock” !

Note a posteriori : C’est l’une des dernières dates jouées en présence de Nita Strauss, c’était quand même un bon coup de chance.

A ce moment là de la soirée, je suis trempée, et même si la pluie semble se calmer, nous piétinons dorénavant dans la boue et le froid. Là où les cracheurs de feu assuraient d’habitude le spectacle, les équipes essaient de faire des brasiers afin de réchauffer ceux qui pourraient arriver à s’en approcher… L’avantage c’est qu’il y a nettement moins de monde devant les mainstages, ce qui fait mon bonheur pour le concert suivant…

NINE INCH NAILS

Date / heure: 24/06 23h15

Durée du set: 1h30

Scène: Mainstage 1

Genre: Metal industriel

Contexte groupe: Groupe américain fondé en 1988

8/10

Nine Inch Nails (NIN) est un groupe que j’ai toujours connu de nom, mais que j’ai toujours pensé ne pas aimer. Pour moi, NIN c’était une ambiance pesante, du son lourd et lent… industriel mais glauque. 

Et me voilà devant cette mainstage 1, avec cet a priori, et persuadée de subir un set ennuyeux dans une ambiance humide et morose. Dès que “Mr Self Destruct” démarre, je réalise ma monumentale erreur, et ce n’est qu’un début. Certes, il y a des passages planants, murmurés, oppressants, mais bon sang, ensuite, qu’est-ce que ça cogne !! Son saturé, batterie déchaînée, et cette voix tantôt lancinante, suppliante, tantôt vengeresse et directive, l’expérience est saisissante. Le son est complété par des jeux de lumières et d’écrans géants à faire défaillir un épileptique, certains moments sont hypnotiques, nous voilà aux frontières d’un monde électronique, fou, puissant et déstructuré à la fois. Je suis déjà en transe sur “Last”, j’apprécie aussi beaucoup “Isn’t everyone” avec Health, et je me rappelle du dérangeant “Closer”. Le public est acquis à la cause, de toute façon la pluie n’a pas découragé les fans de la première heure.

Trent Renzor, le compositeur, interprète, instrumentiste et figure omnipotente de ce groupe, est sur tous les fronts. Le froid et le vent me feront paraître la fin du set un peu long, mais me voilà réconciliée avec un artiste dont l’oeuvre m’avait échappé, et dont je retrouve la génétique partagée dans tellement d’autres sons que j’affectionne, des Chemical brothers à Carpenter Brut en passant par Prodigy. Promis, en rentrant de Clisson, je replonge dans la discographie complète de NIN !

MEGADETH

Je suis gelée, et c’est au mental que je tiens pour assister au début du set de Megadeth. Là aussi, je partais avec un a priori, n’ayant jamais trop réussi à accrocher à la voix particulière de Dave Mustaine. Et à nouveau, je fais mon mea culpa : j’avais complètement occulté le fait que Dave Mustaine est un extraordinaire guitariste, offrant des riffs millimétré, là où je pensais que les parties les plus techniques étaient réservées à Kiko Loureiro. Mais que nenni ! Mustaine assure des enchaînements léchés, et une fois sa voix un peu plus chauffée, il offre un chant tout à fait à mon goût, loin de la voix caricaturale de certains titres historiques. Ce grand monsieur s’est fendu d’une excuse pour ne pas pouvoir jouer exactement comme il l’aurait voulu, mais franchement, c’est à en faire manger à mon pote guitariste le manche de sa gratte et les cordes avec…

Je n’ai pas pu tenir tout le set, mais je vous livre quelques photos prises lors du 1er week-end.

Il est quasiment 2h du matin quand je m’installe dans ma tente, débarrassée de mes vêtements trempés, mais encore transie de froid… quand je pense que tout le monde me disait de me méfier de la canicule, merci bien !!

LES AUTRES SETS COUVERTS PAR L’EQUIPE DE VECTEUR MAGAZINE CE MEME JOUR :

NEIGE MORTE

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AS A NEW REVOLT

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THE BABOON SHOW

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PORTRAYAL OF GUILT

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OKKULTOKRATI

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BLUES PILLS

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DANKO JONES

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SKELETAL REMAINS

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WITCHERY

The Temple

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The Valley

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BENIGHTED

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KILLING JOKE

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GAMA BOMB

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Style : Death metal technique

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