Vecteur Magazine

HEILUNG + EIVOR + LILI REFRAIN

L'Olympia - PARIS

21.10.2022

Nous étions le vendredi 18 novembre à l’Olympia de Paris pour le concert de HEILUNG.

Un report par Valentin POCHART avec des photos d’Alexandre FARRET

pour VECTEUR MAGAZINE

Alors que le public de l’Olympia se masse doucement autour de la scène de la salle mythique, une femme entre seule sur scène, immédiatement applaudie par le public. LILI REFRAIN saisit des clochettes et entame son premier morceau de la soirée. La multi-instrumentiste fait partie de la vague de musiciens travaillant avec des boucles enregistrées en direct, créant peu à peu de véritables symphonies, mais seuls. Et LILI REFRAIN est excellente pour installer ses morceaux planants et magiques ! Entre percussions, claviers et guitares, les morceaux de l’italienne semblent convaincre de plus en plus les fans d’HEILUNG présents en nombre ce soir (la date est complète), jusqu’à déclencher de véritables ovations entre les morceaux. LILI REFRAIN s’inspire de la musique nordique, mais on sent également d’autres influences notamment la musique de western, qui se ressent dans le son de guitare utilisé , et qui se marie parfaitement au reste de son univers. Mais malheureusement, vient déjà l’heure de la fin du très court set de LILI que nous retournerons voir avec grand plaisir lors de ses prochains passages parisiens, car elle a ouvert une belle première page pour le concert de ce soir !

Vient ensuite le moment pour moi de découvrir EIVØR en live, car je ne connaissais rien de l’artiste avant d’entrer dans la salle (je voulais me garder la surprise, en toute honnêteté). La chanteuse féroïenne entre en scène accompagnée d’un seul musicien et saisit d’emblée le public par sa technique vocale, virevoltant entre de nombreux styles vocaux avec aisance et fluidité. C’est un euphémisme de dire que la salle a été instantanément captivée ! On reconnaîtra d’ailleurs des airs composés pour la bande son de la série « The Last Kingdom », et les morceaux mélangeant vintage et moderne de la chanteuse surnommée « la BJÖRK des Îles Féroé ». Malgré le peu de musiciens sur scène (EIVØR n’est accompagnée que d’un musicien et se charge des percussions, programmations et guitares pendant que celui-ci se charge de la contrebasse, des claviers et des programmations également), le son est prenant, grâce notamment aux basses très présentes dans le mix, permettant de garder l’attention de tous ceux qui oseraient la détourner. Le concert d’EIVØR est aérien et puissant à la fois, et m’aura sincèrement bluffé par son efficacité, me mettant encore plus dans une ambiance propice à accueillir HEILUNG ensuite !

Le public semble chauffé à blanc quand commence la cérémonie d’ouverture d’HEILUNG, en témoignent les insultes dispensables (mais vite oubliées) entre « anti-téléphones » et « pro-téléphones », filmant la cérémonie alors que Kai Uwe Faust brûle de la sauge sur scène, purifiant celle-ci avant d’accueillir et de purifier également les différents acteurs de cette soirée (musiciens et guerriers). L’ambiance (malgré les cris de certains spectateurs gâchant un peu l’expérience) est solennelle, et le motto du groupe est entonné sur scène et dans le public. Le rituel peut commencer. 

Un concert d’HEILUNG est une expérience à part entière, quelque part entre une pièce de théâtre, une expérience religieuse et un concert. Il n’est donc pas surprenant de voir le public de plus en plus en transe au fur et à mesure du set. Et celui-ci commence fort, par un extrait de ‘Ofnir’, le premier opus du collectif : « In Maidjan » (que vous avez peut-être découvert comme moi sur la bande annonce de « Hellblade 2 »). Dès le début, on sent que ce concert sera spécial, Kai Uwe Faust étant assis au centre de la scène tandis que Maria Franz, Christopher Juul et les autres musiciens installent l’ambiance sonore à base de percussions et de mélopées mystérieuses. 

Pour cette tournée, HEILUNG souhaite visiblement rattraper le retard pris lors des annulations de tournées et représentera pas moins de 7 extraits de son second album, ‘Futha’. ‘Ofnir’ ne sera pas pour autant en reste avec 4 extraits, seul le dernier opus d’HEILUNG, l’excellent ‘Drif’, sera un peu en retrait avec seulement 2 morceaux représentés (« Asja » et « Anoana »). Nul doute que ce chiffre augmentera sur la prochaine tournée. 

Plus le set avance et plus le public semble en transe, comme uni par le rituel, à la fois transcendé par les scènes représentant une armée de guerriers et apaisé par les tableaux plus sereins comme celui de « Anoana », qui m’aura particulièrement marqué. Néanmoins cette transe atteindra son paroxysme sur le dernier morceau du set de 2h10 : « Hamrer Hippyer », véritable pierre angulaire du concert. Le morceau à l’introduction mystérieuse se changera en véritable célébration de la vie, renforcée par la performance des guerriers présents sur scène. Le jeu de lumière joue également beaucoup, prouvant que l’alliance du vintage et du moderne est au coeur de ce qui fait HEILUNG. Le morceau se termine sur la cérémonie de clôture, permettant aux différents acteurs de cette cérémonie d’être à nouveau purifiés, et de sortir de scène heureux et sereins. 

C’est une sacrée expérience qu’a vécu le public de l’Olympia ce soir, et nous ne sommes pas prêts de l’oublier ! Vivement la prochaine cérémonie !