Vecteur Magazine

Noctis Incantationis ad Cor Skeletour

Un Live Report de Cidàlia Païs avec des photos de Ryan Chang, à l’ACCOR ARENA, Paris ce 13 Mai 2025

À quelques heures du concert tant attendu, un pèlerinage converge vers Bercy, comme une promesse de communion. Une procession s’organise sous une ambiance joyeuse et électrique, où les capes et les habits liturgiques, ornés des couleurs emblématiques de Ghost, se mêlent aux visages peints, créant une scène fascinante. Les abords de l’Arena se peuplent de légions de Papas et de religieuses ‘diaboliques’, des figures emblématiques qui flattent l’œil et éveillent l’esprit, tandis que le parvis se couvre quasiment de t-shirts à l’effigie du groupe.

La gestion des flux, anticipée avec soin par la production et les équipes de l’Accor Arena, s’illustre par un dispositif fluide et efficace, ménageant convivialité et sécurité pour cette troisième et dernière date en France.

 À l’intérieur, dans la fosse vibrant d’impatience et au cœur des gradins, une atmosphère enfiévrée s’installe : tous les regards, tendus vers la scène enveloppée de mystère, scrutant l’obscurité. Les enceintes diffusent des titres mythiques de Bon Jovi, Motley Crue, AC/DC ou Prince, tissant un lien sacré entre les pèlerins présents. Un bourdonnement mélodieux d’une foule en émoi résonne pendant cette heure précédant la messe; échanges, rires et chuchotements se mêlent dans une communion palpable. Les téléphones sont laissés de côté, et l’excitation, plus intense que les autres soirs, fait vibrer les cœurs ensemble, rendant les échanges plus fluides et agréables, dans une unique mélodie d’attente.

Le moment arrive, comme une révélation, où toutes les générations s’accordent à célébrer la magie du concert. 

Ce soir, les pèlerins d’un soir se rassemblent, désireux de goûter à l’envoûtement des Suédois, qui viennent défendre leur dernier chef-d’œuvre, *Skeletá*, sorti le 25 avril dernier. Tous se préparent à honorer la nouvelle incarnation de Tobias Forge, le mystérieux Papa V Perpetua, une figure déjà légendaire. Mais pas que…

“We All Need Something to Believe In Until it's Over, Anything, Anyone, Anytime”

 La tension, palpable, enveloppe la salle, nous sommes aux alentours de 20h, je crois, je n’ai pas de montre et je ne m’en soucie pas, je profite de chaque instant. Ce rideau qui entoure la scène m’intrigue, une toile tissée d’une manière qui laisse penser à un cocoon, prêt à éclore créant un suspense électrisant, tandis que résonnent les premières notes de *Klara Stjärnor* et *Miserere Mei* de Gregorio Allegri.

Entre-temps j’ai une chance inouïe d’être raccompagné plus près de la scène, je suis aux anges et je vais avoir une vue imprenable sur ce qui va être un des meilleurs concerts de l’année et un des plus beaux que jamais vécus…

Puis, avec l’élan d’un souffle divin,  GHOST monte sur scène, le rideau s’ouvre majestueusement sur des Nameless Ghouls prêts à enflammer la scène, enveloppés d’un halo de fumée mystérieux, et l’apparition de Tobias Forge, masqué tel un Fantôme de l’Opéra, déclenche l’exultation du public avec *Peacefield*, suivi de *Lachryma*, deux morceaux très attendus du dernier opus, *Skeletá*.

Ces deux titres, véritablement taillés pour la scène, tissent immédiatement un lien entre le groupe et nous, nous plongent dans l’émerveillement. 

Une alchimie se crée : tantôt, GHOST, si convaincant, semble plonger l’Arena dans les profondeurs de l’Enfer ; tantôt, il l’élève vers l’éther céleste. 

C’est une expérience cathartique que nous vivons en un clin d’œil, ils construisent et détruisent des cathédrales sonores. Les vitraux explosent, laissant derrière eux des éclats d’émerveillement illuminant des voix en chœur, transportées par l’énergie du concert.

Avec *Skeletour*, la théâtralité est reine !

Chaque morceau se déploie sur des décors somptueux – des changements subtils au fil des titres, avec une pyrotechnie qui souligne chaque atmosphère. 

Les costumes flambants, à la fois nouveaux et audacieux, révèlent un Ghost réinventé, dont l’ambition est plus vive que jamais. Si les nouvelles incarnations de Tobias captivent, notamment avec son costume pourpre et argenté de Papa V Perpetua, les Nameless Ghouls ne sont pas en reste. Elles ne sont plus de simples figurantes, mais des actrices essentielles, scintillantes et omniprésentes, jouant avec l’ardeur du public. Des strass et des paillettes sur les costumes et dans tous les regards !

Et puis, Papa V Perpetua, est adouci d’une telle espièglerie et d’une élégance faisant de sa présence une véritable grâce. En parfaite symbiose avec la performance, il éveille les passions et l’émerveillement d’un festin visuel au rythme parfaitement orchestré.

Tobias Forge avait promis une tournée mondiale pour *Skeletá* d’un caractère exceptionnel. Jamais je n’aurais imaginé un tel déferlement – plus de flammes, une scène plus imposante, des lumières éclatantes, plein les confettis !

Je le redis, la mise en scène, magnifique, évolue tout au long du concert, témoignant de l’expansion continue du groupe depuis leur dernière tournée.

Chaque minute offre un spectacle à la fois impressionnant par son ampleur et ingénieux dans sa création et, où chaque détail contribue à cette immersion phénoménale, transcendante et magnifique. 

Et que dire de ce logo emblématique et colossal, la croix entrelacée de la lettre G, qui illumine la scène d’une myriade de spots lumineux flottant au-dessus de nos têtes, s’illuminant de couleurs flamboyantes, tel un fer rouge marquant nos esprits.. Priest est tu passé par là ?

Les écrans en fond de scène viennent enrichir chaque ambiance, apportant une dynamique visuelle tout aussi engageante.

Tout le reste n’est que ossature, ailes et une gloire macabre, scintillante et éblouissante. La scénographie s’exprime puissamment lors des claviers de “Devil Church”, introduisant “Cirice”, où les sonorités prennent une dimension sinistre ; rien ne semble pouvoir l’ arrêter. Sur *Umbra*, l’atmosphère laisse entrevoir des accents de science-fiction, ce qui me rappelle que ce soir, visuellement, GHOST ne nous présente que son imagerie ecclésiastique, fusionnant des influences futuristes avec l’esprit glam, le rock FM des années 80, révélant des néons brillants et des claviers envoûtants.

Le set, impeccablement rythmé et minutieusement calibré, pulse avec cœur et âme, soutenant toute sa théâtralité.

L’émotion s’exprime à travers une connexion authentique entre GHOST et ses disciples. 

Le choix audacieux de bannir les téléphones portables intensifie cette expérience collective, riche et immersive, et moi, une adepte de l’écran je n’ai pas ressenti le moindre manque, je n’ai pas eu le temps, et c’est là aussi la réussite du choix de Tobias. Démontrer à chacun(e) d’entre nous qu’un concert est un échange sans aucune barrière.

Lors des titres comme “Darkness At The Heart of My Love”, “He Is”, et “Year Zero”, la ferveur du chant choral atteint un sommet, nous laissant suspendus dans une atmosphère électrique, je me suis demandé comment on allait redescendre…et avions nous l’envie ?… Mes mots ne décrivent pas l’expérience transcendantale, où chaque note et chaque visuel se sont unis pour créer un tableau aussi captivant que inoubliable, pas à la hauteur de cette glorification de l’art que représente GHOST..

Musicalement, la puissance du son de GHOST marque les esprits avec une intensité qui transcende l’ordinaire. La basse et la batterie, mises en avant, apportent une assise rythmique solide et percutante, insufflant profondeur et groove aux titres. 

Cette mise en avant des instruments rythmiques permet de ressentir toute la dynamique du groupe, renforçant l’impact et l’intensité de chaque performance. Les choristes, avec leur déhanché captivant, ajoutent une touche de plaisir visuel très appréciable, tandis que le guitariste soliste, véritable monstre, nous régale avec des solos éclatants, n’étant même pas freiné par son atèle.

D’une prestation impeccable avec un son de qualité qui fait vibrer les gradins grâce à des basses puissantes, le groupe nous livre ainsi une série de titres inoubliables, dont les fracassants *From The Pinnacle To The Pit*, *Ritual*, et *Rats*. Ces morceaux, rythmés et entraînants, mettent tout le monde d’accord !

La tension monte d’un cran que je croyais inatteignable avec le puissant *Mummy Dust*, créant une ambiance électrisante qui s’amplifie encore avec *Monstrance Clock*. Ce dernier provoque l’effervescence en mettant en avant le refrain sur un écran géant : *Come Together As One*, véritable invitation à remonter le temps jusqu’en 2013. Il suscite en chacun de nous l’envie de pousser la voix vers les cieux, créant une ambiance quasi cathédrale. 

Ayant repris en chœur presque l’intégralité des titres dans une ambiance de karaoké géant, je me demande s’il en reste encore un peu d’énergie à revendre. 

Pourtant, lorsque l’heure du départ de GHOST frappe, c’est avec une force impressionnante que la foule démontre que l’énergie est loin d’être épuisée. Lors de ce nouveau moment plongé dans l’obscurité, il nous est difficile de les laisser partir, et Tobias Forge, avec une complicité touchante, nous révèle qu’il a gardé les “pires morceaux” pour la fin, on prend !

Le groupe réapparaît sur scène pour un rappel qui met tout le monde à genoux, offrant les exceptionnels *Mary On A Cross*, *Dance Macabre*, et, bien entendu, le désormais classique *Square Hammer*.

La setlist a été soigneusement remaniée pour alterner entre les nouvelles compositions issues de *Skeletá* et les classiques de l’ère *Infestissumam* (2013) et 

 *Meliora* (2015), sans oublier des pépites du tout premier album, *Opus Eponymous* (2010), au plus grand bonheur des fans de la première heure. Cette aventure musicale jongle également avec des morceaux récents, puisant dans *Impera* (2022) et *Rite Here Rite Now* (O.S. 2024). 

L’ensemble, magistralement exécuté, s’étale sur près de deux heures sans véritable temps mort, tissant une fresque narrative captivante sur la saga des papes déchus.

                                                                                                                              Unique !

Chacun (e) d’entre nous avait la possibilité de se plonger complètement dans le moment présent, ressentir chaque vibration, chaque émotion dans un partage authentique avec l’ensemble du groupe. 

GHOST redéfinit ainsi le concept de concert, transcendant la simple performance musicale pour en faire une expérience mémorable.

Après presque deux heures intenses, GHOST s’éclipse pour de bon. Éreintés mais comblés, nous avons vécu ce moment d’une parenthèse enchantée.

Ce concert a été un véritable succès, et le groupe est en train de marquer durablement son époque. 

Qu’on soit fan ou pas, il est impossible de ne pas reconnaître leur talent de mise en scène et l’énergie indéniable qu’ils déploient sur scène. Ne faites pas comme moi, je les ai découverts il y a seulement deux ans et je suis passé à côté de pas mal de choses. Ma joie étant que j’ai vu plusieurs générations se rassembler, des familles entières parfois venues pour cet événement qui restera gravé dans les mémoires.

La *Skeletour*  fait désormais partie de ces rares moments d’épanouissement qui dépassent le simple cadre de l’histoire du rock et du métal, alliant un spectacle visuel époustouflant, enrichi de pyrotechnie, à une maîtrise musicale et à une interaction frappante avec un public passionné. La soirée a été mémorable, un véritable tourbillon d’énergie où le sang des fans n’a fait qu’un tour.

                                           En célébrant ce sold-out nous avons assisté à la véritable citation ‘this is what dreams are of’.

Un grand merci à Vecteur Magazine, mais aussi à Olivier Garnier / Replica Promotion, GDP  et Live Nation pour cette soirée, sans oublier le Staff de l’Accor Arena qui à fourni un travail formidable et une forte amabilité.