Vecteur Magazine

“LONELY GOD”, Un Album Analytique

Depuis sa formation en 2011, Fit For A King a su bâtir une discographie impressionnante avec des albums emblématiques tels que *Descendants* et *Deathgrip* et le topissime *The Hell We Create* les propulsant à un nouveau sommet. En revisitant leur discographie collective, le groupe intègre les influences de ses œuvres antérieures tout en expérimentant de nouveaux horizons sonores. *Lonely God* dépasse les attentes : c’est le son d’un groupe qui met tout sur la table et qui ne se contente pas d’un pas en avant, mais qui semble se diriger vers une destination attendue depuis des années.

Ça vient du cœur, ça vient des tripes.

Rugueux et Mélodiques, c’est ainsi que les Texans Fit For A King s’épanouissent pleinement dans leur dernier album, *Lonely God*, un album marquant un tournant significatif dans leur parcours musical. Sortie prévue ce 1er août via Solid State, cet opus n’est pas une simple compilation de morceaux, mais une profonde exploration des relations humaines, du pouvoir et de la solitude, le tout sublimé par une production magistrale signée Daniel Braunstein. Forts de leurs expériences passées, les membres du groupe s’attaquent à des thématiques plus profondes, révélant ainsi une maturité tant personnelle que musicale qui s’est épanouie au fil des ans.

L’album, lourd de sens, émotionnellement et musicalement brut, est un de mes Gros Coups de Cœur 2025. Derrière les riffs percutants et la batterie écrasante, se cache une profondeur poignante : il y a de la douleur, de l’honnêteté, et cela transparaît à chaque seconde de ce disque, et l’alchimie de la ‘fratrie’ est au cœur de cette réalisation. Le processus créatif a vu les expériences individuelles et collectives façonner tant les arrangements instrumentaux que les textes, renforçant le lien ancré dans le groupe.

Libérés de toute pression extérieure, chaque musicien a su livrer le meilleur de soi et c’est palpable dans la “sensibilité” et “rage” de chaque morceau. L’album se distingue aussi par ses featurings marquants. Ce mélange de talents divers enrichit le projet, offrant une palette sonore encore plus vaste.

** : Salut Ryan, ça va ?

**Ryan : Salut, ça va et toi ? Wow. L’audio fonctionne du premier coup.  

** : Oh, c’est vrai ? Cool.

**Ryan : Ouais.

** : Je suis ravie d’avoir l’opportunité de faire cette interview. Ce plaisir provient non seulement de ce que tu apportes à la scène musicale, du nouvel album que vous êtes sur le point de sortir, mais aussi de certains autres points dont je te poserai la question après.

Pour commencer, pourrais-tu partager un peu sur ton parcours ? Comment es-tu devenu membre du groupe ?

**Ryan : Bien sûr. J’ai rejoint le groupe en 2010, donc il y a longtemps ; j’étais encore adolescent. Mais Fit for a King était ce groupe local, et le groupe dans lequel je jouais à l’époque a joué quelques concerts avec eux.  

Bobby [Lynge], qui est maintenant le guitariste de Fit for a King, faisait également partie de mon groupe.

On à découvert que le chanteur de Fit partait, et comme c’était un groupe local plus important que le mien, je me suis dit, « Eh bien, je vais rejoindre Fit for a King. »  

J’ai passé l’audition, et Bobby aussi, et maintenant nous sommes dans le groupe depuis 15 ans.

** : Et depuis, beaucoup de choses se sont passées.

Metalhead & Homme de Foi

** : Je voudrais donner à nos lecteurs un peu de contexte sur toi, car je pense que c’est significatif. Tu es, non seulement le chanteur principal de Fit, mais ton parcours a une qualité exceptionnelle qui mérite d’être mise en lumière, en particulier au sein de la communauté métal.  

J’ai vu que tu as écrit un livre spécial, *Embracing God’s Love*, bien que je n’ai pas trouvé beaucoup d’informations à ce sujet. Personnellement, j’apprécie la présence de personnes comme toi qui offrent des perspectives sur le chemin de la connexion avec Dieu et l’amour des autres.  

Tu veux bien partager quelques détails de ton livre ?

**Ryan : Mais oui bien-sûr. C’était pendant la pandémie, donc j’avais beaucoup de temps car on ne pouvait pas tourner et tout ça..je traversais mes propres difficultés, étant habitué à être très sociable et à sortir. 

Ce n’est pas que je sois une personne super sociable, mais quand tu es en tournée, tu rencontres des gens et tu es constamment entouré des autres, tu discutes..

Alors, lorsque je me suis retrouvé coincé à la maison, cela m’a vraiment poussé à réfléchir à beaucoup de choses.  

Un des faits qui m’a le plus travaillée était que beaucoup de la chrétienté, et le discours religieux en général, tend à se concentrer sur les aspects négatifs – spécifiquement, ce qui se passera si tu fais des choses mauvaises.  

Cela semble être l’accent principal pour de nombreuses églises.  

Et ce n’est pas seulement dans le christianisme. Beaucoup de religions soulignent ce que tu ne devrais pas faire et comment Dieu te punira si tu dévies de ces règles…

J’ai commencé à réfléchir sur le fait que nous sommes enseignés que Dieu nous aime de manière inconditionnelle, pourtant nous sommes simultanément présentés avec toutes ces conditions : si tu fais ceci, cela ou cela, alors Dieu ne t’aimera pas, et tu feras face à des conséquences, comme être envoyé en enfer…

Cela me semblait si contradictoire à l’idée d’amour inconditionnel, parce que « inconditionnel » signifie littéralement qu’il n’y a pas de conditions.  

Cela m’a donc poussé à explorer non seulement les enseignements de la Bible, mais aussi mes propres croyances et expériences.  

Je me sentais obligé d’écrire un livre de dévotion car j’avais remarqué que beaucoup de gens me mettaient sur un piédestal – puisqu’ils aimaient le groupe, ils supposaient que je devais être le chrétien idéal juste parce que je suis le chanteur.. 

La vérité est que j’ai mes propres luttes et des moments dans ma vie dont je ne suis pas fier, tout comme tout le monde.  

J’ai alors voulu partager ce sentiment, mes réflexions, pour que les gens comprennent qu’il est normal d’expérimenter des choses dont tu n’es pas fier ou de faire des erreurs.  

Au bout du compte, Dieu t’aime indépendamment de tout.  

C’est le message que nous devrions transmettre, pas la notion que, « C’est dommage que tu aies fait cela parce que maintenant tu pourrais finir en enfer à moins que tu ne t’excuses sincèrement ; dans ce cas, tu pourrais avoir la chance d’aller au paradis. »  

Cela ne devrait pas ressembler à un club restrictif gouverné par des règles rigides. 

Au contraire, l’amour de Dieu est inclusif et accessible à tous à tout moment.  

Avec tout ce temps pour réfléchir pendant la pandémie, je suppose qu’une des choses positives à tirer de cette expérience était l’opportunité d’introspection.

** : C’est tellement beau et bien dit, surtout que beaucoup n’arrivent pas à associer le fait d’être croyant et metalhead en même temps. Merci pour le partage.

Bien que je n’aie pas encore eu la chance de lire le livre, j’ai découvert Fit for a King et ton parcours à travers Pop Evil. Je me souviens avoir interviewé Pop Evil il y a deux ans et d’avoir découvert le morceau “Dead Reckoning” avec Fit en featuring. 

Cela m’a fait découvrir tant sur l’histoire du groupe que sur ton parcours personnel, et le fait de souligner que nous ne connaissons souvent pas les luttes que les autres ont traversées.

Le Courage de Briser le Cycle

** : Je ne vais pas plonger dans toute l’histoire du groupe, mais j’aimerais orienter notre discussion vers la post-pandémie.

*The Hell We Create* est sorti en 2022. Au départ, je le percevais comme l’album cathartique de Fit for a King, mais « Lonely God » m’a surpris par sa profondeur.. certains morceaux m’arrachent les tripes..

Il aborde des thèmes de traumatisme intergénérationnel et porte un poids émotionnel significatif. Quelles réflexions sur les thèmes présents dans cette chanson et dans l’album, pourrais-tu aborder ?

**Ryan : Cet album était notre troisième collaboration avec le producteur Drew Fulk. Nous avons travaillé avec lui sur *Dark Skies* et *The Path*.  

Cet album était significatif, car c’était le premier que nous avons enregistré après la pandémie.  

Aux États-Unis, la pandémie a frappé et a duré environ trois mois au Texas, d’où je viens.  

Bien que nous ayons pu reprendre certaines activités, en ce qui concerne les tournées, les choses étaient plutôt incertaines pendant cette période.  

Comme je l’ai mentionné plus tôt, j’ai eu beaucoup de temps pour réfléchir à la vie durant cette période. En fait, ma femme et moi avons adopté notre nièce et notre neveu quatre mois juste avant le début de la COVID.  

On n’avait pas prévu de les adopter, puis le monde s’est arrêté, ce qui m’a conduit à m’arrêter pendant deux ans.  

Il y avait donc beaucoup de matériel à écrire pour *The Hell We Create*, non seulement de mon point de vue, mais aussi à partir des expériences que les enfants ont vécues.  

Il faut comprendre que les enfants ne se retrouvent pas en famille d’accueil ou dans des refuges pour de bonnes raisons ; ces circonstances découlent généralement de situations malheureuses.  

Les parents ont souvent fait des erreurs significatives, mais si l’on remonte plus loin, on s’aperçoit que leurs propres parents ont également fait des erreurs.  

Cette exploration du traumatisme générationnel m’a conduit à faire beaucoup de recherches en plus de la formation que nous avons suivie pour la garde d’enfants.  

Il est évident que de nombreuses personnes qui adoptent des comportements nuisibles ont souvent un passé marqué par des traumatismes.  

Bien qu’il soit important de reconnaître que chaque action porte ses conséquences, le fait qu’un mal vous soit arrivé ne justifie pas de faire du mal aux autres.  

Par exemple, avoir des parents abusifs ne vous exonère pas de perpétuer ce cycle d’abus.  

À un moment donné, quelqu’un doit prendre position et dire : « Ça s’arrête là. »  

Je regarde en ce moment une série appelée *The Righteous Gemstones*, qui critique de manière humoristique les méga-églises.  

Mais il y avait une citation poignante dans cette série qui renvoie à un comportement abusif d’un père. Il exprime : « J’espère juste que tu seras un peu meilleur que moi. »  

Puis le père dit la même chose à son enfant.  

Quoi qu’il en soit, cela symbolise l’idée de s’efforcer d’être meilleur, et cela résonne profondément avec les thèmes de notre album.  

Idéalement, il faudrait tout simplement tout arrêter…

Je compare souvent l’éducation de mes enfants, qui a été difficile, à celle de mon père.

Il a également rencontré des défis en grandissant, mais il a pris la décision consciente de changer.  

Il a rejoint l’Armée pour aider à financer ses études universitaires. Il a obtenu son diplôme, décroché un excellent emploi, et a été un père incroyable. Il a choisi de briser le cycle d’échecs qui prévalait dans notre famille. Son propre père l’a abandonné lorsqu’il avait seulement trois ans, ce qui a aggravé la situation.  

Donc, je crois que cet album, comme tu l’as mentionné, aborde le thème de la transmission des traumatismes de génération en génération, mais il souligne également que cela peut être arrêté.

C’est très difficile de le faire ; cela nécessite un système de soutien solide et des personnes qui s’entraident.  

Une grande partie de l’album reflète ces thèmes-là. 

Le titre, *The Hell We Create*, résume l’idée que beaucoup des problèmes auxquels nous sommes confrontés dans ce monde — qu’il s’agisse de problèmes politiques majeurs ou de problèmes familiaux plus petits — proviennent souvent d’erreurs que nous avons commises, ou de celles que les gens autour de nous.  

Donc, oui, j’étais définitivement introspectif durant le processus d’écriture, notamment parce que nous n’avons pas pu partir en tournée pendant deux ans, ce qui m’a laissé plonger dans mes pensées. 

** : Grand respect sur ce que tu as enduré, ta femme et toi, sur tes réflexions, sur la rupture du cycle, surtout en ce qui concerne la dynamique familiale — cela exige vraiment un courage remarquable, et de la force.. Par expérience personnelle, il est possible d’arrêter ces cycles, et il faut souvent juste une personne pour commencer ce changement. Même si tu es perçu comme le mouton noir de ta famille, le choix de rompre le cycle apportera des bénédictions à tes enfants et, finalement, à toi-même.  

Cela dit, comme tu disais, il est crucial de reconnaître à quel point ce chemin peut être complexe, mais on peut y arriver..

**Ryan : C’est difficile quand tu n’as pas ce soutien..tu sais..ma femme est un peu le mouton noir de sa famille aussi.  

Elle a également eu une enfance difficile.  

Elle a même dû aller au tribunal contre son père dans une affaire d’abus et tout ça.  

** : Je suis vraiment désolée… 

**Ryan : Non, ça va. On vit avec…  

Mais, je me sens mal parce que j’ai eu une enfance formidable, et je suis extrêmement reconnaissant pour ça, surtout maintenant que je vois les choses du point de vue de nos enfants adoptifs et de l’enfance de ma femme.  

J’apprécie vraiment le fait d’avoir un père qui a fait un effort, car il a eu une enfance similaire à celle de ma femme.  

Et malgré tout ce qu’il à vécu, j’ai eu une bonne enfance, je n’ai jamais subi ce qu’il à subi. J’en ai même été protégé, parce qu’il s’est distancié d’une grande partie de sa famille, ce qui est difficile à faire.  

Ma femme a dû faire quelque chose de similaire ; elle a déménagé pour échapper à ça.  

C’est difficile parce qu’ils lui ont dit des choses blessantes, l’ont qualifiée de « princesse », et ont sous-entendu qu’elle se croyait supérieure à eux. 

…parfois, il faut juste s’éloigner.  

Je dis toujours que la famille n’est pas déterminée par le sang ; ce sont plutôt les personnes qui t’entourent. Idéalement, ce devrait être du sang, mais malheureusement, cela ne fonctionne pas toujours.  

** : Je suis vraiment désolée pour elle…

** : Continuant sur cet album, je dois mentionner que dessus, mes morceaux préférés sont « Falling Through The Sky » et « Fracture ».  

Je ne peux l’expliquer, mais quand je les ai écoutés, j’ai vraiment perçu une certaine douleur. Ce n’est que lorsque j’ai appris un peu sur toi et ta femme que j’ai compris à quel point cela résonnait avec vos luttes.  

Vous êtes des battants !

Fort heureusement, bien que les expériences personnelles et les défis fassent partie de notre chemin, et si ne résout pas tout, on le sait, ‘music is a healer’.  

C’est le sentiment que j’ai. 

Une Réflexion Personnelle & Collective

** : En ce qui concerne votre prochain album, *Lonely God*..mais c’est pas possible de faire un Album si bon ! Mais j’ai pris une claque ! 

J’ai bien compris que cela marquerait un tournant significatif pour vous tous.  

L’album est en effet magnifique, mais je dois admettre qu’il y a des chansons sur *Lonely God* qui me sont difficiles à exprimer par des mots.. ça m’a clouée par moments..

C’est rassurant aussi de savoir que vous n’ayez ressenti aucune pression extérieure durant le processus créatif. Raconte-nous.

**Ryan : Mais c’est top comme retour !

Absolument ! Nous avons abordé cet album avec un état d’esprit différent. Même si *The Hell We Create* avait des paroles très profondes et thérapeutiques, nous étions un peu hésitants quant à la musique.  

*The Path* a fait l’objet de pas mal de critiques, et cela nous a affectés plus que cela n’aurait dû, en y repensant..  

Nous étions inquiets, on ne voulait pas décevoir à nouveau nos fans, mais on s’est rendu compte qu’on attachait trop d’importance aux commentaires négatifs.  

Par conséquent, la composition des morceaux est devenue plus fluide. Nous n’avons pas beaucoup expérimenté ; on s’est sentis poussés à inclure des breakdowns et à créer des chansons adaptées à la radio Octane [SiriusSM].

Bien que les paroles restent thérapeutiques et profondes, la musique manquait un peu du même niveau d’audace.  

En revanche, avec *Lonely God*, nous avons décidé qu’il nous fallait simplement écrire ce que nous avions envie d’écrire. On avait compris que nos fans apprécient notre authenticité, et c’est ce qui compte le plus.  

On est pas obligés de produire des chansons pour la radio ou de suivre les tendances virales sur TikTok. On s’est simplement dit : “On écrit ce qu’on aime, et ça sera bien mieux. »  

Je crois vraiment que l’album s’est révélé bien meilleur et beaucoup plus diversifié parce qu’on à pas eu peur d’essayer de nouvelles choses, en explorant différents styles vocaux et des parties instrumentales qui s’écartent de notre son habituel.  

Certaines pistes sont beaucoup plus lourdes que celles que nous créons d’habitude, mais nous aimons ce style, alors on s’est dit : « Écrivons-le ! »  

Si les gens aiment ça, nous continuerons sur cette voie. 

** : L’album est vraiment remarquable, et je suis vraiment contente de la direction que vous avez prise avec. Bien qu’il ait toujours ces breakdowns emblématiques et ces blast beats, ainsi que des vocaux rageurs, il y a de nombreux morceaux qui dégagent une intensité pure. Elles sont chargées d’émotion brute, tout en incorporant ces moments cathartiques qui donnent comme un sentiment de libération.. 

La façon dont l’album entrelace des morceaux très intenses avec ceux plus apaisants, crée une expérience d’écoute incroyable. 

Je suis également ravie des collaborations ; elles ajoutent une dynamique plus ! 

Il est essentiel que l’autre musicien comprenne vraiment ce que vous essayez d’exprimer dans chaque chanson, et il est clair que toutes les personnes avec qui vous avez travaillé comprennent cette vision.

Par exemple, quand j’écoute « Witness the End » avec Chris, il est évident que tous les deux vous avez créé quelque chose d’unique ensemble. Votre connexion transparaît, évoquant des émotions profondes qui résonnent dans l’esprit et le cœur. Vous êtes phénoménaux !

**Ryan : Chris est tout simplement fantastique dessus !  

** : Est-ce que Chris et toi vous êtes amis depuis longtemps ? Votre amitié a-t-elle commencé lors de vos tournées ensemble, ou y a-t-il eu un autre catalyseur pour votre lien ?

**Ryan : Nous avons fait une tournée avec eux en 2023 aux États-Unis, et c’est là que nous sommes définitivement devenus amis.  

Ensuite, nous avons fait une tournée en Europe et nous sommes devenus des amis encore plus proches.  

On se connait depuis un certain temps ; nous partageons le même agent de booking et on s’était croisés auparavant.  

Je savais qu’il était fan de notre groupe, et il savait que j’aimais le sien parce qu’il en parlait de temps en temps.  

Il est même venu à notre concert à Chicago bien avant que nous devenions amis, juste pour découvrir les groupes de la tournée parce qu’il était réellement fan.  

Chris est l’une des personnes les plus gentilles que j’ai jamais rencontrées. Je suis enthousiaste car nous allons filmer le clip de « Witness the End » dans environ cinq jours, donc je vais le revoir à ce moment-là.  

J’attends vraiment ça avec impatience !  

C’est toujours agréable de voir quelqu’un en dehors de la routine de tournée, car tu n’es pas juste occupé à jouer des concerts ou à te reposer la voix.  

Quand j’ai demandé à Chris de participer à la chanson, je ne l’ai pas approché juste parce qu’il est incroyable comme chanteur, et dans un groupe plus renommée.

Je pensais sincèrement que sa voix s’accorderait parfaitement avec la chanson. Je ne voulais pas qu’il contribue à une chanson pour la radio ; je voulais ramener cette énergie métal qu’il possède.  

Et il brille vraiment dans les parties plus lourdes de la chanson.  

Je lui ai demandé parce que je croyais vraiment que sa voix s’ajustait incroyablement bien sur le morceau, et je ne voulais pas qu’il fasse juste un tube radio.  

J’ai dit : « Ramenez-nous le Metal Chris ! »  

Il chante des passages clairs évidemment dedans aussi, mais je pense qu’il est absolument phénoménal dans les sections métal.  

Lors de l’écriture du titre, je pouvais immédiatement imaginer à quel point ses screams seraient cool dessus.  

Au-delà de ça, je connais son cœur en tant que personne. Tout ce qu’il fait vient d’un lieu de sincérité, que ce soit avec sa musique ou avec Motionless.  

J’adore mettre en avant des personnes réellement sincères sur l’album, comme Landon [Tewers] et Lochie [Keogh].  

Tous les trois sont des individus que j’ai rencontrés et avec qui j’ai passé du temps, et je sais qu’ils sont incroyables comme gars, en plus d’être d’incroyables chanteurs.  

C’est rafraîchissant parce qu’il ne s’agit pas seulement de : « Prenons ce gars d’un grand groupe pour augmenter nos chiffres de stream. »  

C’est l’envie de l’avoir sur la chanson parce que nous sommes amis, et je l’apprécie vraiment en tant que personne et en tant que chanteur. 

** : C’est un des points forts de l’album ! Le sentiment de fraternité est palpable, non seulement dans le son global, mais aussi dans les collaborations impressionnantes, en particulier avec les performances vocales. Tout s’assemble magnifiquement.

Prenons « Technium » avec Landon, par exemple — comment décrire un morceau pareil…..? Il y a des moments, vraiment, où les mots ne suffisent pas à capturer l’expérience. 

** Ryan : J’adore ce morceau aussi, c’était chouette de bosser avec lui.

Le Pouvoir & ses Démons

** : Je tourne notre attention sur un nouveau single, « Begin the Sacrifice », qui est sorti aujourd’hui — peux-tu nous raconter un peu ce morceau ?

**Ryan : Oui !  

Tu dois vraiment le regarder pour saisir le message complet.  

Même dans ce cas, si tu as tendance à être empathique ou sensible aux énergies, tu pourrais avoir besoin de force pour absorber pleinement tout ce qu’il transmet.  

Essentiellement, il aborde le thème du sacrifice personnel dans un monde débordant de distractions.  

** : Permets-moi de te dire que commencer la matinée avec une vidéo aussi intense, c’était quelque chose…il faut avoir les tripes, heureusement que je l’ai entendu avant.

Mais son clip….wow..

**Ryan : T’as vu ?! Le clip montre une personne s’efforçant d’échapper à son sombre passé, révélant un sentiment de désespoir.  

L’élément central est que le personnage tue à plusieurs reprises la même entité, symbolisant son passé — en gros, ses démons intérieurs le poursuivent de manière persistante et essaient de le consommer. 

Cela illustre que peu importe où il va, il se retrouve à noyer l’un de ces démons au début, et il devient apparent qu’il avait déjà tué un autre.  

Cela symbolise qu’en dépit de l’anxiété et du stress, il est souvent impossible de se débarrasser de son passé, et cela met en lumière jusqu’où une personne ira pour s’en débarrasser, même en sombrant dans l’obsession, ce qui peut conduire à devenir une personne moralement ambiguë, où toute sa vie est dédiée à affronter son passé.  

Cependant, cette fixation peut induire en erreur et mener à une correction excessive.  

La chanson « Begin the Sacrifice » se concentre sur un individu désespéré cherchant à expier ses péchés. Beaucoup cherchent la religion ou des figures politiques, et parfois, il y a une disposition à se sacrifier pour une cause plus grande en raison du besoin d’une amélioration personnelle.  

Néanmoins, parfois, les individus se sacrifient pour de mauvaises raisons en se retrouvant affiliés à des groupes ou des communautés égarés.  

La chanson illustre cette évolution, servant de préquelle à « Lonely God ». Elle fait clairement référence à l’individu qui s’est immolé, tandis que le clip vidéo suivant explorera ce qui se passe après les événements de « Lonely God ».  

Le récit présente un personnage désespéré cherchant quelque chose à laquelle se consacrer et qui finit par découvrir un livre transformateur, dont les détails seront révélés dans un single publié la veille du lancement de l’album — le dernier segment de l’histoire. 

Essentiellement, la vidéo encapsule sa recherche de quelque chose, d’une raison pour laquelle sacrifier sa vie, que cela ait de bonnes ou de mauvaises conséquences — probablement la dernière, compte tenu de la trajectoire de « Lonely God ». En fin de compte, il est simplement en quête de sens.  

Cela résonne avec beaucoup de personnes qui aspirent à appartenir à un groupe. Parfois, cette quête donne des résultats positifs, où des individus rencontrent une communauté de soutien qui transforme leur vie pour le meilleur.  

Inversement, d’autres fois, ils peuvent s’associer à des groupes négatifs qui révèlent  leurs pires tendances, le côté sombre.  

En ligne avec le thème de « Lonely God », il y a de nombreux sous-entendus politiques tissés dans cet album, surtout qu’il a été écrit et enregistré durant la période électorale.

Il y a des allusions significatives concernant la politique, particulièrement dans le contexte américain.  

Cela semble dominer nos conversations ici.  

Ce que je perçois, c’est que beaucoup de politiciens entrent initialement dans le domaine avec des intentions sincères — pense à ceux qui travaillent dans les conseils municipaux ou à de plus petites figures politiques, comme les maires de petites villes.  

Cependant, à mesure qu’ils montent en pouvoir, ils deviennent inondés de diverses influences et pressions.  

Je crois que cela conduit souvent à la corruption.  

C’est comme si les politiciens profitaient d’individus désespérés, les attirant dans des rôles qu’ils n’avaient jamais l’intention d’assumer, ce qui les transforme en fin de compte.  

Ce récit symbolise ce phénomène.  

On peut observer la même chose dans les institutions religieuses ; certaines sectes semblent exploiter les vulnérabilités des personnes désespérées à des fins monétaires ou pour d’autres motivations.  

Prenons l’émission « Righteous Gemstones », par exemple — elle satirise les méga-églises, exposant la corruption qui existe souvent derrière la façade.  

Il y a une scène particulièrement absurde où l’église collecte des dons pour le service du dimanche, mais elle rejette les demandes de prière, balançant simplement l’argent dans un sac, leur principale préoccupation étant le revenu qui afflue.  

Ils semblent totalement indifférents aux circonstances individuelles ; par exemple, une demande concernant quelqu’un qui pleure sa mère semble ne pas avoir d’importance.  

** : Vraiment ?  

**Ryan : Absolument.  

** : What, mais c’est fou…  

**Ryan : Ouais c’est la réalité.  

Ce schéma persiste, que nous parlions de politique, de religion ou de tout autre domaine, car ces entités ont tendance à profiter de la désespérance.  

Une grande partie du thème de l’histoire tourne autour de ce concept, en particulier dans une trilogie de chansons où « Technium » sert de prequel au récit global.  

Il met en avant l’essence même du pouvoir et son influence corruptrice, symbolisée par ce que le protagoniste consomme à la fin du récit.  

Oui, nous sommes revenus à des temps anciens avec ce concept, puis avons fait la transition vers des problèmes contemporains.  

En fin de compte, cela symbolise un individu désespéré qui s’efforce de s’améliorer, d’effacer son passé et de se transformer en une meilleure personne.  

Cependant, cela révèle comment des facteurs externes s’attaquent à eux, les poussant sur un chemin plus sombre. 

C’est une exploration profondément symbolique de cette lutte.   

La présentation prend la forme d’un mini-film qui est vraiment artistique et poignant.  

Nous essayons certainement d’être artistiques, au moins.

** : Tout ce que nous avons discuté jusqu’à présent a été vraiment remarquable. Je n’ai pas encore regardé les retours sur le clip, mais je suis sûr que cela va épater tout le monde — le morceau est une dinguerie..et étant donné votre discographie explosive, je suis convaincue que cet album va laisser les fans en extase. 
Plus ils l’exploreront, plus ils trouveront de quoi apprécier. Par exemple, « Extinction » a cette ambiance hantée, un peu malsaine.. par contre, je dois dire que « The Temple » se démarque comme mon morceau préféré de mes douze morceaux préférés  de l’album..je sais c’est compliqué..

(Rires)

**Ryan : Je partage ce sentiment — j’aime vraiment « The Temple ».

** : La chanson détient ce côté émotionnel puissant, et la phrase –ainsi que la voix posée dessus– « Je peux sentir la pression me tirer pour que je puisse respirer » est frappante, limite on récupère la respiration au même moment. J’apprécie aussi ta ligne de chant ; j’ai observé une évolution notable dans ta façon de livrer au fil du temps.  

Et ce morceau met en avant des tonalités de guitare épaisses qui renforcent tout son impact. Question, que visais tu à transmettre avec « The Temple » ?

**Ryan : En fait, ça se distingue comme l’une de mes chansons préférées parce qu’elle englobe des éléments de diverses pistes.  

Elle présente un chant doux accompagné d’une énergie plus lourde. La chanson suit « Begin the Sacrifice » sur l’album, s’imbriquant profondément dans les thèmes de l’âme et reliant le tout à « Lonely God ».  

Beaucoup de l’album tissent ces connexions, dépeignant ce qui traverse l’esprit du personnage après « Begin the Sacrifice », en particulier lorsqu’il enfile le costume.  

« Extinction » joue également un rôle dans cette narration, représentant la mort de l’âme du protagoniste. Cela indique l’abandon de son humanité dans la quête du pouvoir.  

Ainsi, la chanson porte effectivement ce ton mélancolique et inquiétant que tu as mentionné.  

On sent qu’il a entièrement cédé son humanité, choisissant plutôt de courir après le pouvoir.  

Dans ce contexte, des morceaux comme « Lonely God » et « No Tomorrow » peuvent être vus comme des histoires parallèles. Je ne voulais pas que l’album soit encombré de douze chansons tournant autour de la même narration, mais je cherchais à maintenir une trame cohérente à l’intérieur. 

** : Cela a du sens. 

**Ryan : J’apprécie l’aspect narratif de « The Temple », ainsi que sa dynamique lourde — il y a une grande énergie là-dedans. Nous prévoyons de la jouer en live lors de notre prochaine tournée en tête d’affiche, donc tu auras l’occasion de l’entendre.  

Nous avons l’intention de jouer environ huit des douze chansons de l’album pendant la tournée. 

** : Ça a l’air incroyable !  

Il y a aussi ce morceau, « Blue Venom », qui est une interlude d’une minute et cinquante-deux secondes entre les morceaux.  

C’est un morceau éloquent !  

Au début, je pensais qu’il était un peu court, mais je me suis rendue compte que ça n’a vraiment pas d’importance.. Tout trouve sa place. 

À Cœur Ouvert

** : Y a-t-il autre chose que tu voudrais ajouter sur l’album ?  

Il y a encore tellement à dire.. 

**Ryan : Si tu aimes les chansons tristes, je pense que tu te connecteras vraiment avec « Between Us » et « Shelter ». 

** : Absolument — « Shelter » a un impact profond. Il y a certainement des chansons qui me semblent trop personnelles pour que je pose des questions, mais « Between Us » est une autre histoire ; j’ai même ajouté des emojis de pleurs sur mon téléphone pour celle-là regarde ! 

(Rires)

** : Je fais toujours en sorte de respecter les limites personnelles et de permettre à la personne avec qui je parle de partager comme elle le souhaite. Cela dit, j’aimerais explorer « Between Us » plus en détail si tu le souhaites.

**Ryan : Ca c’est formidable comme conduite. Là, partager, c’est tout le but.  

Je suis assez triste à ce sujet.. Ce morceau parle de proches de notre guitariste qui ont récemment divorcé, au cours des dernières années.  

Il traite des luttes liées à la reconnaissance de la façon dont on peut passer d’un mariage extraordinaire à celui qui s’effondre finalement, ce qui peut s’appliquer à n’importe quelle situation relationnelle.  

Cette chanson aborde ce thème, et je crois qu’il résonne universellement. Beaucoup de gens ont vécu des ruptures difficiles ou des divorces éprouvants.  

Même si ce n’est pas de nature romantique, cela pourrait également concerner les complexités rencontrées avec les parents ou les meilleurs amis.  

Le poids émotionnel de la chanson est significatif en raison de ses thèmes. Ce n’est pas explicitement lié à ma vie personnelle, donc je me sens à l’aise d’en parler. Cependant, la jouer évoque définitivement de la tristesse en moi, car cela me rappelle des connexions perdues dans la vie.  

« Shelter » est beaucoup plus personnel. Elle touche à une autre situation, qui concerne notre fille adoptive, qui vient récemment de déménager. Lorsqu’elle a eu dix-huit ans, elle a exprimé son mécontentement vis-à-vis des règles de notre foyer et a décidé de s’en aller.  

Nous avons vraiment fait de notre mieux.  

En entrant dans le processus d’adoption, nous savions que cela serait difficile ; nous l’avons adoptée il y a six ans, donc c’était il y a un moment déjà.  

Nous nous attendions à des difficultés, mais finalement, nous avons appris que nous ne pouvions pas aider quelqu’un qui n’est pas prêt à s’aider elle-même.  

Le message inscrit dans la chanson est essentiellement : « Je serai toujours là si tu as besoin de conseils ou de soutien », mais reconnaît aussi qu’elle doit tracer son propre chemin.  

La ligne « J’ai jeté mon cœur à un ouragan » reflète notre prise de conscience des défis à venir. Nous comprenions que cela aurait un coût émotionnel pour nous, mais nous avons poursuivi cela dans l’espoir d’avoir un impact positif.  

Ainsi, cette chanson est en gros un résumé de son essence. C’est très personnel.  

Cette chanson porte son poids.

** : J’ai beaucoup d’admiration pour vous deux, et pour ta volonté de partager vos expériences. Comme je l’ai mentionné auparavant, je préfère ne pas approfondir certains sujets à moins que la personne ne soit à l’aise d’en discuter, car ce sont des choses très personnelles. Ce partage ne fait qu’ajouter de à la valeur des expériences véhiculées dans votre musique ; au contraire, cela souligne l’essence de vos parcours individuels. C’est vraiment remarquable de considérer à quel point vous avez tous deux traversé tant de choses à un âge si jeune — vous êtes une bénédiction pour les autres..

**Ryan : Nous avons connu notre part de vécus et de tribulations oui — et tôt dans la vie. Mais on est prêts à tout affronter.

** : Je n’ai aucun doute ! Cela demande beaucoup de force pour naviguer à travers ces défis. Peu importe ce que nous apprenons sur vos luttes, cela met seulement en lumière à quel point vous êtes extraordinaires. J’apprécie ton ouverture de discuter de vos expériences, en particulier en ce qui concerne les questions familiales. J’ai trouvé une profonde connexion avec vos chansons ; entendre vos histoires résonne en moi. Je me rapporte vraiment aux thèmes que vous explorez dans votre musique, et je suis reconnaissante qu’on aborde ces sujets à titre perso.

Ça tourne...ra

** : Un autre point, j’ai remarqué que vous avez collaboré avec un autre artiste pour l’artwork de l’album. Jackson son nom, c’est bien ça ?

**Ryan : Oui, en effet ! Cette fois, nous avons opté pour un autre artiste. Auparavant, nous avions travaillé avec Corrine, qui a réalisé tous les artworks depuis *Slave to Nothing*.  

Elle a travaillé avec nous de 2016 à 2022, et elle est incroyablement talentueuse.  

Bien que je n’aie aucune réclamation à faire concernant son travail, nous voulions changer un peu.  

Mon témoin de mariage a créé notre artwork pour cet album, ce qui est en fait sa première fois à concevoir un artwork d’album. Je pense qu’il a fait un travail fantastique.  

La pièce est entièrement dessinée à la main, ce qui a nécessité beaucoup de temps en raison de la nature des retouches — redessiner tout est un sacré travail.  

Pouvoir travailler dessus avec lui a été spécial. Nous sommes meilleurs amis depuis la deuxième année.  

Cela ajoute une touche encore plus personnelle à l’album, intégrant ceux qui nous sont les plus proches dans l’aspect artistique. 

** : Sur une autre note, la qualité de la production de cet album est absolument exceptionnelle.  

L’album lui-même est juste phénoménal, oui je me répète un peu..

(Rires)

**Ryan : Nous avons également collaboré avec un nouveau producteur pour cet album, Daniel Braunstein. C’était génial !

** : J’ai aussi vu une collaboration avec The Pretty Cult pour la collection de vêtements « No Tomorrow » — c’est vraiment cool ! 

** : Tas vu ça, les fringues sont cool !

Et il semble que vous vous prépariez à repartir en tournée bientôt ?  

La tournée au Royaume-Uni et en Europe avec Angel Maker et Kublai Khan ?    

Ensuite, vous avez une tournée aux États-Unis cet automne avec Spite.  

L’album doit sortir en août, et je crois que vous l’avez préparé l’année dernière, si je ne me trompe pas ?  

Comment te sens-tu par rapport à tout ça ? 

**Ryan : Exactement ! Je me sens bien, surtout parce que l’album doit sortir juste à temps pour notre premier concert en Europe.  

Cela signifie que l’Europe pourra entendre le nouveau matériel avant tout le monde.  

Nous jouerons environ trois ou quatre concerts avec Kublai Khan, entre divers festivals — comme Rock The Lakes et plusieurs autres.  

L’Europe accueille systématiquement les meilleurs festivals de musique heavy, pour être honnête.  

Bien que l’Amérique ait aussi quelques bons festivals, je dirais que l’Europe a les festivals les plus exceptionnels.  

** : C’est tellement cool de ta part ! 

**Ryan : C’est vrai.  

** : Y a-t-il quelque chose que tu aimerais ajouter à l’interview ?  

**Ryan : Je pense que tu as couvert tout et très bien.  

J’aimerais juste exprimer ma gratitude à quiconque la lira, ou s’engage avec notre musique. Cela signifie beaucoup et montre que les gens se soucient du groupe.

** : Merci d’être qui tu es, et merci de faire ce que tu fais !  

Et j’ai remarqué ton adorable chien en arrière-plan !   

Le mien s’est sauvé !

(Rires)

**Ryan : Ah tu le vois ?

Il a environ douze ans.  

Eh bien, il me semble que le tien revient là. 

** : NEO ? En effet.

**Ryan : Mais remercions-les d’avoir fait une apparition !  

Les chiens, ils peuvent être profondément endormis, mais tu dis juste leur nom une fois, et ils se mettent en alerte direct !

** : C’est vrai.  

Merci pour ton temps.  

Je suis très touchée par ce moment et pour ce grand album.  

**Ryan : Ça fait vraiment plaisir d’entendre ça. C’est exactement pourquoi nous écrivons de la musique — des moments comme celui-ci rendent tout réalisable.  

Merci à toi.

     

TRACK LIST :

  1. Begin The Sacrifice
  2. The Temple
  3. Extinction
  4. No Tomorrow
  5. Shelter 
  6. Monolith (Feat. Lochie Keogh)
  7. Lonely God
  8. Between Us
  9. Sentient 
  10. Blue Venom
  11. Technium (Feat. Landon Tewers)
  12. Witness The End (Feat. Chris Motionless)

Notre Avis :

Ryan Kirby livre ce qui pourrait bien être la performance vocale la plus puissante de sa carrière. Ses gutturaux, empreints d’angoisse et d’intensité, sont porteurs d’un poids émotionnel qui frappe en pleine figure. Lorsqu’il passe au chant clair, cette transition se fait en toute fluidité, préservant la lourdeur qui caractérise l’album. 

L’instrumentale n’épargne pas moins. Les guitares de Bobby Lynge et Daniel Gailey et la basse de Ryan “Tuck” O’Leary, à la fois agressives et déterminées, doomesques par moments, accompagnent des breakdowns dévastateurs. La batterie de Trey Celaya, en explosif chaos glitchy, véritable point fort, s’affirme par sa technicité et son énergie débordante. *Lonely God* se présente comme une expérience immersive du début à la fin, coulant comme une histoire où chaque titre trouve parfaitement sa place.

Ici, on excelle également à plonger dans les méandres de l’âme humaine. Les paroles, riches et évocatrices, traitent de sujets tels que le pouvoir, la solitude et les relations interpersonnelles, créant une toile entrelacée de réalités que chacun peut comprendre. Le titre éponyme, « Lonely God », illustre brillamment cette quête de pouvoir souvent au détriment des échanges humains, une thématique d’une résonance particulièrement forte dans le climat sociopolitique actuel.

Le volet technique est indéniable. La fusion des intensités caractérisant le metalcore, les mélodies alternatives et la brutalité du deathcore est parfaitement maîtrisée, tout en rappelant les précédents travaux du groupe. Ce parcours musical riche et varié a permis des expérimentations audacieuses, tout en conservant l’essence brute qui définit Fit For A King.

Daniel Braunstein (SpiritBox) a été un acteur clé dans la transformation de Lonely God, guidant le groupe vers de nouvelles dimensions sonores. Son approche a permis de capturer la puissance révélatrice de chaque morceau, consolidant la dynamique de l’album. Dans des collaborations marquantes avec des artistes comme Lochie Keogh, Landon Tewers et Chris Motionless, le groupe a intégré davantage de voix, ce qui confère à l’album une richesse sonore sans précédent.

une expérience d'écoute captivante et cathartique

“Begin the Sacrifice” aborde le thème du sacrifice personnel dans un monde en proie aux distractions. L’introduction attire immédiatement l’attention, tandis que le morceau évolue vers une dynamique captivante.

Le titre débute avec des synthétiseurs cinématographiques, créant une ambiance lancinante. L’impact du premier riff est comparable à un coup de marteau, établissant une tension palpable. Le refrain de Ryan Kirby, empreint de désespoir, évoque la capitulation plutôt que la rage : « So tell me your secrets, give me a reason, to offer up my life, and begin the sacrifice.. »

La performance vocale de Kirby, à la fois douce et puissante, s’intensifie progressivement. La batterie de Trey Celaya enveloppe le tout d’une cadence progressive, annonçant un refrain d’une force brute. Un interlude électronique, parsemé d’un chant éthéré, ouvre la voie à un breakdown saisissant dominé par des percussions éclatantes.

Un morceau chargé de brutalité et d’émotions subtiles, accompagné d’un clip bien intense réalisée par Garrett Drake, exprimant l’importance du sacrifice face aux tumultes contemporains.

“The Temple” se profile comme mon morceau préféré de l’album. La tension et l’intensité atteignent leur apogée. La voix de Ryan, en constante évolution, incarne des expériences cathartiques. Dès l’ouverture, il évoque un malaise palpable : « I can feel the pressure… pull me out so I can breathe ». J’essaie de récupérer ma respiration en même temps…….

La chanson commence par une atmosphère douce et apaisante, créant un contraste avec la puissance à venir. Les couplets, d’un calme trompeur, laissent entrevoir une acceptation mélancolique du destin..mais un cri de guerre résonne à la fin du morceau. Chaotique. Quant à “Extinction”, ça mérite bien son titre évocateur. L’intro, dominée par des voix sombres et statiques, préfigure un monde à l’agonie. Accompagné par un vortex de riffs, Kirby abandonne son chant clair pour une rage brute, produisant un breakdown à la fois écrasant et désespéré. Il manie avec brio le passage entre un chant étouffé et des grognements menaçants. L’énergie s’accumule pour culminer dans une déflagration qui rappelle un effondrement total.

Je ne suis qu’à mi-chemin et j’ai déjà le souffle coupé… Je poursuis mon écoute, mais je ne m’attendais vraiment pas à une suite pareille.

“No Tomorrow” évoque l’acceptation de la fin du monde et l’importance de l’unité face à l’adversité. Joué en live, ce morceau est certainement apocalyptique, je vois des pits en braise –je vais attendre une date sur Paris pour pouvoir en témoigner–. Avec des paroles marquantes : « If there’s no, no tomorrow / We’ll dance at the edge of the end. » L’équilibre entre refrains mélodieux et couplets brutaux crée une tension perpétuelle, tandis que le pont dépeint une ambiance de désespoir mêlée à une défiance vibrante. La chanson oscille entre moments de douceur et éclats d’intensité, avec des riffs percutants de Bobby Lynge et Daniel Gailey, soutenus par la voix nuancée de Kirby. Le breakdown marquant, couplé à une batterie dynamique, fait de ce titre un véritable hymne.

**Shelter**, quant à elle, aborde les complications de l’adoption tout en se plaçant comme le sommet émotionnel de l’album. Avec des paroles touchantes telles que « I lost my heart inside a hurricane », ce morceau encourage à la connexion émotionnelle. Bien que le ton soit plus léger et accessible, il ne perd pas en profondeur. Kirby passe à un chant clair qui crée une atmosphère enveloppante, accompagnée d’un solo de guitare judicieusement placé pour dynamiser l’énergie du morceau avant de revenir au refrain. 

Malgré la nature douloureuse des thèmes abordés, « Shelter » révèle une alchimie musicale, où l’exploration de thèmes complexes témoigne de la capacité du groupe à transmettre une catharsis à travers leur son.

J’ai sorti mon mouchoir.

**Monolith**, avec Lochie Keogh d’Alpha Wolf, se révèle être un morceau d’une intensité étouffante, sans la moindre pause pour reprendre son souffle. Le titre commence par une batterie implacable et des cris puissants, nous plongeant immédiatement dans son univers brutal. L’alchimie vocale entre Kirby et Keogh est saisissante ; leurs voix se heurtent plutôt qu’elles ne s’échangent, créant une dynamique explosive, résonnant comme un mantra obsédant. Lorsque le breakdown survient, on fait face à un véritable effondrement.

J’arrive sur le plus que puissant **Lonely God**. Morceau éponyme, le sommet thématique de l’album, dépeint la quête de pouvoir dans les relations de manière particulièrement percutante. Prononcé avec une passion féroce par Kirby, le refrain lance une mise en garde saisissante : « You’ve got hell to pay and it’ll cost your soul. » Le pont, avec ses références à un « fleuve devenu rouge », mène à des moments musicaux parmi les plus profonds et gutturaux de l’album. La dynamique de « Lonely God » est maintenue tout au long du morceau par des riffs brutaux et une batterie tonitruante. La voix de Kirby, forte et maîtrisée, accentue la férocité de chaque cri et grognement, culminant dans un breakdown qui pourrait faire remettre en question vos choix de vie.

Le morceau le plus doux de l’album, **Between Us**, déborde de mélancolie et de cœur brisé. Elle raconte une histoire d’amour perdu, accompagnée d’instrumentaux apaisants qui créent une atmosphère introspective. Des paroles telles que « I want to drift away into nothing / I just want to feel this pain miles away / We suffered through the coldest nights waiting for the last goodbye » plongent l’auditeur dans une ambiance nostalgique. À ce stade là, l’album doit contenir un paquet de mouchoirs, c’est presque indispensable ! Un véritable coup de cœur, ce morceau témoigne ainsi que même au sein d’une œuvre plus agressive, il y a toujours place pour la vulnérabilité et la douceur, enrichissant davantage le parcours émotionnel de l’album.

Le morceau suivant, **Sentient** se distingue par une harmonie parfaite entre headbanging et mélodie, offrant une expérience d’écoute à la fois énergique et introspective. Kirby navigue habilement entre des lignes vocales claires et des cris rauques, créant une tension palpable tout le long. La phrase marquante « I learned to feel the pain and become sentient » résonne comme un véritable manifeste, capturant la lutte de devenir conscient de sa douleur.

En plein milieu du morceau, une rupture inattendue introduit une ligne vocale instable : « Cut me up so I can feel alive. » Ce moment introspectif prépare le terrain pour un retour brutal à l’intensité, marqué d’un caractère cathartique. Une mélodie entraînante et une batterie galopante, le morceau conserve une énergie intense et une tension croissante, culminant dans des passages riches en éléments électroniques.

Le surprenant **Blue Venom** se distingue comme le morceau le plus court et le plus sauvage de l’album, s’imposant en une rafale d’intensité brute. Démarrant par un cri percutant de cinq secondes suivi d’un « BLEGH » désinhibé, ce titre de 1 minute 52 s’avère être un pur chaos, sans la moindre surcharge mélodique. Bien qu’il s’agisse presque d’un interlude énergique, il frappe avec une force cinglante, regorgeant de percussions groovy, de chants sauvages et de riffs envoûtants. Son breakdown brutal lui confère une ampleur qui dépasse largement sa durée, consolidant son statut de coup de poing musical. WOW !

On y est, bientôt la fin de l’album, j’arrive sur **Technium**, qui tente une approche conceptuelle en abordant des thèmes profonds tels que le contrôle social, notamment à travers des paroles évocatrices comme « There are toxins in the binary ». En collaboration avec Landon Tewers de The Plot In You, ce morceau se caractérise par des textures industrielles et un rythme implacable, créant l’un des moments les plus percutants de l’album. Le titre fait allusion à une réalité instable et dangereuse, incarnée par son nom, inspiré de l’élément synthétique technétium.

Le morceau se déploie avec une ambiance funky et sombre, portée par des effets de distorsion sur la voix de Kirby. La batterie, déjà excellente tout au long de l’album, atteint ici un sommet avec des coups de pied éclatants, notamment dans les derniers couplets, avant que le deuxième refrain ne se dissolve dans une interlude inquiétante. Un hurlement sauvage précède un breakdown maîtrisé, où les percussions de Trey trouvent une nouvelle intensité, consolidant le dynamisme du morceau. Son clip est d’une violence délicieuse.

Et me voilà avec **Witness The End**, qui  clôture l’album d’une manière cinématographique et poignante. Cette collaboration avec Chris Motionless, inspirée de la série Netflix **Midnight Mass**, explore des thèmes complexes de manipulation, de dévotion sectaire et de foi creuse. Dès l’ouverture, le morceau introduit une atmosphère de suspense avec un piano lent et inquiet, tandis que les voix de Kirby et Motionless s’entremêlent comme le feu et le soufre, créant une dynamique électrique entre les deux artistes.

Les paroles évocatrices, telles que « Each broken body a servant of death », portent un récit captivant qui se déroule sur des beats explosifs et un solo final magnétique. La transition du chaos à des instrumentaux presque gospel à la fin souligne la profondeur émotionnelle de ce titre. Ce final, joué dans une église, est particulièrement frappant, avec les deux artistes hurlant le titre une dernière fois, scellant l’album sur une note de dévastation plutôt que de résolution. La montée en intensité est palpable : le chant de Kirby est d’emblée féroce, soutenu par une batterie percutante, tandis qu’un synthétiseur et des arrangements symphoniques viennent renforcer le sentiment de détermination. L’entrée de Chris Motionless est un moment fort où la musique revient à ces éléments symphoniques, soulignant leur alchimie indéniable dans un duel de cris et de rugissements. Le solo qui suit scintille d’énergie, reflétant l’intensité des voix.

**Witness The End** est ainsi une véritable bête musicale qui illustre avec brio la lutte entre désespoir et manipulation. Son clip qui, avec sa production soignée, capture parfaitement les échanges épiques entre Kirby et Motionless.

Je vais devoir reprendre l’écoute de l’album du début…quel Moment !!

PLUS D’INFOS :

Album : Lonely God

Date de Sortie : 1 Août 2025

Label : Solid State Records

Production : Daniel Braunstein

Photos Credit : Jonathan Weiner

Artwork : Jackson Eudy

Sites Officiels : Instagram:   / fitforakingtx   X:   / fitforaking   TikTok:   / fitforaking_band   Facebook:   / fitforakingband   Spotify: https://spoti.fi/3QPkV7N Apple Music: https://apple.co/3y9Q1zB

 

Lineup :

Ryan Kirby [chant]

Bobby Lynge [guitare]

Daniel Gailey [guitare]

Ryan “Tuck” O’Leary [basse]  

Trey Celaya [batterie]