Un Live Report de Mélissa Bussière et des photos de Raphaël Gellé
1.06.2025
Un Event GARMONBOZIA
Ce 1er Juin la Infernal Bloodshed Over Europe 2025 était de passage à Paris, et quoi de mieux pour commencer le mois qui annonce l’arrivée des beaux jours, qu’une bonne soirée bien chargée en death metal ? Il est à peine 18h et déjà, aux portes de la Machine, une armée de headbangers prêts à en découdre occupe tout l’espace. Dès 18h15 alors que nous entrons, le public commence déjà à affluer et une petite foule se partage entre bar et merchandising. Cette salle m’avait beaucoup manqué. Tant de souvenirs ici. A la fois vibrante et intimiste, on plonge directement dans une atmosphère chargée de puissance.
C’est Carnation qui ouvre le bal des enfers, formation belge de 2013 venue tout droit de la ville facilement prononçable de Heist-op-den-Berg. C’est un bon death old school aux influences suédoises bien marquées et des sonorités black metal qui nous est servi par ces cinq musiciens. Le groupe est composé de Simon Duson, au chant, Yarne Heylen à la basse, Bert Vervoort à la guitare, et les frères Jonathan et Vincent Vestrepen à la guitare et à la batterie.
La salle se remplit encore doucement lorsque débute l’intro : guitare en solo, lumière tamisée… une ambiance pesante est immersive se met en place. Il est 18h28 lorsque le groupe entre en scène, imposant immédiatement le tempo. Les premières notes de “Maruta” se font entendre et le public, encore un peu timide, commence à réagir sous ses assauts sonores. Les guitares déferlent, la batterie martèle sans relâche, et les premiers headbangs s’installent dans la foule. Les jeux de lumière bleus et rouges suivent le rythme effréné des riffs bruts. Les deux guitaristes sont parfaitement synchronisés pendant que Simon, maquillé de sang, fend l’espace de sa voix gutturale. “Metropolis” entre dans la course et on ne perd pas le rythme. La scène est enveloppée de fumée, les premiers pogos éclatent. On sent que la fausse commence à s’échauffer. La foule s’agite à mesure que la cadence s’intensifie. Le groupe salue le public parisien, et les bières ainsi que les mains se lèvent. Lorsque résonnent les premières notes de “Cycle Of Suffering”, c’est une vague : blasts gras, poings levés et cœurs qui battent à l’unisson. Une vraie communion prend forme, cette unité si propre à la communauté métal. Carnation enchaîne avec un titre tiré de leur deuxième album, “Sepulcher Of Alteration”, aux sonorités encore plus épaisses, où l’on retrouve bien là, la touche black. La fosse s’enflamme tandis que les guitares fort et les lumières partent en rafale. Vient le tour de “Submerged in Deafening Silence”, qui ne nous laisse pas le temps du répit ou de l’ennui. Les instruments continuent de nous assaillir avec “Plaguebreeder”, une composition haute en férocité. Simon, en s’adressant au public relance sans cesse l’énergie. Il demande si nous sommes toujours là. La réponse est évidente. Après une dernière salve brutale sur “Where Death Lies”, ils remercient chaleureusement le public, saluent une dernière fois et quitte la scène.
SETLIST :
Maruta
Metropolis
Cycle of Suffering
Sepulcher of Alteration
Submerged in Deafening Silence
Plaguebreeder
Where Death Lies
Une pause s’impose avant l’arrivée de Warbringer, prêt à embraser la scène.
Warbringer, un groupe de thrash californien fondé en 2004 ne va pas tarder à faire son entrée. Composé de John Kevill au chant, Adam Carroll à la guitare rythmique, Chase Becker à la guitare solo, Chase Bryant à la basse et de Carlos Cruz à la batterie, ici nous explorons des thèmes tels que la dystopie moderne et le techno féodalisme.
A 19H15, après une pause bien méritée, la salle se remplit de nouveau. Je décide de me placer dans les escaliers sur la droite afin d’avoir une meilleure vue. Et quelle vue ! En plus d’être dans un gros courant d’air. L’intro retentit, et les musiciens entrent en scène avec une énergie dévastatrice. Les guitares et la batterie s’embalent sur “Firepower Kills”, entrainant immédiatement le public dans un circle pit effréné. La lumière stroboscopique et les cris perçants de John amplifient l’intensité de l’instant. Deux spectateurs, dansant bras dessus bras dessous plongent ensemble dans le pogo incarnant l’esprit communautaire du thrash. S’ensuit “Hunter -Seeker”, joué avec une énergie toujours aussi renversante. Kevill déverse son chant sans relâche telle une machine de guerre, ne nous laissant aucun répit. Sa gestuelle à base de air guitar principalement et ses déplacements sur scène galvanisent la foule. Un second “AHOUUUU” retentit, propulsant l’énergie collective à son apogée. Le public répond avec ferveur au chanteur, entonnant un “HEY HEY” général, tandis que les headbangs synchronisés entre le groupe et l’assistance renforce l’unité. Les solos perçants de Becker et les rythmes effrénés de Cruz maintiennent l’intensité. “Neuromancer” et “Woe To The Vanquished” se succèdent très rapidement et soudain un petit break semble nous être accordé. John sort alors une épée de son fourreau et la brandit tel un chevalier dans notre direction. Nul doute sur l’arrivée du fameux morceau “The Sword And The Cross”, qu’il nous invite à chanter avec lui. Un nouveau circle pit se forme et des slams spectaculaires animent la scène ainsi que la fosse. Des spectateurs déguisés, dont un en dinosaure gonflable, ajoutent une touche d’humour à l’ambiance survoltée. “Remain Violent” continue cette descente endiablée. Les photos fusent, immortalisant ces moments de pure folie. Avant de quitter la scène, Kevill remercie plus que chaleureusement le public parisien. Cruz lance ses baguettes en guise de salut. La foule encore en transe, applaudit reconnaissante de cette prestation épique et explosive.
SETLIST :
Firepower Kills
Hunter-Seeker
Neuromancer
Woe to the Vanquished
The Sword and the Cross
Remain Violent
Living Weapon
Pionnier du brutal death canadien, Cryptopsy se compose de quatre membres : Matt Mcgachy au chant, Christian Donaldson à la guitare, Olivier Pinard, remplacé par l’excellent Remi LeGresley à la basse pendant la tournée, et Flo Mounier à la batterie.
Ayant récemment remporté un prix JUNO pour leur album “As Gomorrah Burns”, ils tentent sans cesse de repousser les limites de la brutalité musicale. On peut dire que cela annonce un show prometteur.
Retrouvez leur interview pour la sortie de » An Insatiable Violence « , ce 20 Juin, très prochainement chez Vecteur.
Avant leur arrivée, les cloches d’un morceau de Metallica “For Whom The Bell Tolls” retentissent, plongeant la salle dans une ambiance intense et sombre. Le groupe entre en scène, et la salle s’illumine peu à peu, mettant en valeur leur logo. La batterie de Flo Mounier entame un blast puissant avec “Slit Your Guts”, suivi de riffs cinglants tandis que Matt Mcgachy, énergique, incite le public à lever les bras et à participer activement. C’est au tour de “Lascivious Undivine” de nous faire bouger. Sur “Open Face Surgery”, les pogos et les slams se multiplient, alimentés par la rapidité et la dextérité impressionnante de Remi LeGresley qui manie la basse à la perfection. Car oui, ici on nous montre que la perfection existe bel et bien ! On peut dire que même si leur bassiste habituel n’est pas présent, le groupe maintient une cohésion et une énergie exceptionnelles. Matt Mcgachy s’adresse au public : “How are you fucking doing?”, puis en français également : “Est ce que ça va bien Paris ?”. Le groupe se présente et Matt plaisante un petit peu en français avec le public, renforçant la connexion avec l’audience. “Godless Deceiver” entre telle une torpille sur scène. Les solos de guitare, intenses et envoûtants, accompagnés de la puissance du batteur maintiennent la foule en tension. L’énergie débordante des musiciens combinée à la participations enthousiaste des spectateurs crée une vibe plus que survoltée. Il est temps d’accueillir comme il se doit “Graves Of The Fathers”. Des slams spectaculaires et des personnes montant sur scène s’ajoutent à l’excitation générale. Avant de quitter la scène, Matt remercie chaleureusement le public parisien, exprimant sa gratitude pour un tel accueil. Nous avons droit à des “Paris vous êtes beaux”, ou encore des “you’re fucking amazing”. Même en plein courant d’air je n’ai pas froid tant l‘énergie de la foule et bien-sûr de Crytpopsy réchauffe la Machine. “Until There’s Nothing Left” et “ Flayes The Swine” s’enchaînent ensuite à la perfection. J’assiste à de gros tourbillons capillaires escortés de growls puissants. Le set se termine sur une note explosive, avec un dernier morceau, “Phobophile”, entrainant un circle pit massif et des slams impressionnants. Malgré l’absence du bassiste originel, le groupe a livré sans peine une performance technique qui n’a laissé personne sur sa fin. Les dernières notes résonnent et ensuite une photo collective est faite pour immortaliser cette performance mémorable. Cryptopsy a définitivement marqué les esprits, nous laissant à bout de souffle.
SETLIST :
Slit your Guts
Lascivious Undivine
Open Face Surgery
Godless Deceiver
Graves of the Fathers
Until There’s Nothing Left
Flayed The Swine
Phobophile
Le moment tant attendu de la soirée est enfin arrivé avec l’entrée triomphale de Decapitated, groupe polonais incontournable du death metal technique. Composé de Waclaw Kieltyka “Vogg”, guitariste compositeur et fondateur, Eemeli Bodde au chant, Pawet Pasek à la basse et James Stewart à la batterie.
Après une intro mystérieuse qui nous tient en suspense, les membres arrivent successivement sur scène puis entament “A Poem About An Old Prison Man”. Dès les premiers riffs, le public est happé dans un tourbillon sonore massif et tranchant. La voix d’Eemeli capte toute l’attention, s’adressant à la foule déjà en hystérie totale, tandis que pogos et slams s’enchaînent à une vitesse fulgurante. “Just A Cigarette” poursuit la danse et ne manque pas de faire monter encore plus l’audience en extase. Chaque morceau est exécuté avec une maîtrise impressionnante. Les blasts furieux se mêlent à un solo de guitare vertueux qui transporte littéralement l’auditoire. Les cris du chanteur, modulés avec une précision chirurgicale étoffent davantage une performance déjà grandiose. Accompagnés de “Three-Dimensional Defect”, les slams sur scène deviennent l’attraction de la soirée. Plusieurs spectateurs se lancent tels des plongeurs dans une fosse devenue océan, certains portant des costumes improbables (dinosaure, Sumo). “Earth Scar” englobe alors la pièce d’une ambiance brutale et fracassante. A peine ce titre est-il terminé que l’on se fait tout de suite assaillir par l‘enchaînement de “The Blashemous Psalm To The Dummy God Creation”, “Last Supper” et “Sensual Sickness”. La cavale instrumentale se poursuit de plus bel. Malgré quelques comportements irrespectueux de la part de quelques-uns, l’ambiance reste électrique, portée par la passion des musiciens et de leur public. On continue notre ascension, et ce toujours dans une technicité folle avec “Sphere Of Madness”. Nul doute possible : en fausse, c’est la guerre. Les headbangs et les strobes de lumières reprennent, accompagnés de screams maitrisés à la perfection. Les accords de “Cancer Culture” retentissent alors puissamment, ne laissant personne indifférent. Obligation formelle de secouer la tête sur ce titre. Les gobelets voltigent sur de gros blasts furieux. “404” rejoint la fête, tandis que nous continuons d’être tenus en haleine par une prestation digne de ce nom. Un nouvel appel au “HEY” est hurlé à la foule, tandis que “Winds Of Creation” retentit. Eemeli s’adresse à nous en demandant à la foule de crié le mot “FUCK”, après un décompte qu’il commence à engager. Et là résonne alors les premières notes de “Kill The Cult”, mon morceau favori, et si j’ose dire, le plus culte. Je me sens plus que chanceuse de vivre cet instant. Arrive le moment du solo de guitare le plus incroyable (à mon goût) de tous les albums. Eemeli hurle d’une voix résonnante : “Are you guys still awake?”. Des cris affirmatifs explosent de part et d’autre de la pièce en guise de réponse. Une demande est alors portée à la fosse : “CIRCLE FUCKING PIT”. Je pense que l’on peut difficilement faire plus clair comme message. On remarque tous sur scène la présence du guitar tech du groupe, Matteo Bassoli, ce qui bien-sûr ne manque pas de renforcer l’hystérie générale. La salle entière vibre, pogos et circles pit s’amplifient.”Suicidal Space Programme” nous maintient en osmose avec riffs blasts et chant qui déferlent et donnent absolument tout. Le groupe remercie le public et annonce un dernier morceau : « Iconoloclast”. Un wall of death est sollicité, la dernière vague d’énergie est lâchée. Les riffs sont suivis par les “HEY HEY” d’un auditoire plus que motivé. Après un tremblement d’applaudissements plus que reconnaissant, Decapitated remercie l’audience puis chaque musicien est présenté. Une petite photo du groupe avec le public est faite avant de quitter la scène. Entre moments d’intense communion et énergie brute, le groupe a su à nouveau montrer la raison pour laquelle ils sont une référence incontournable du death metal, offrant à Paris un show mémorable qui restera gravé dans nos cœurs.
SETLIST :
A Poem About an Old Prison Man
Just a Cigarette
Three-Dimensional Defect
Earth Scar
The Blasphemous Psalm to the Dummy God Creation
Last Super
Sensual Sickness
Spheres of Madness
Cancer Culture
404
Winds of Creation
Suicidal Space Programme
Iconoclast
Conclusion :
On peut dire que cette soirée a été une véritable célébration sous toutes ces formes, mêlant habilement puissance et technique affinée. Entre l’atmosphère envoûtante de Carnation, la furie trash de Warbringer, la noirceur abyssale de Cryptopsy et la maîtrise phénoménale de Decapitated, on peut clairement dire que ce que nous avons vécu ce soir était hors du commun. Malgré les quelques débordements, l’unité et la passion qui règnent dans cette communauté ont transcendé l’espace, faisant de cette date à la Machine du Moulin Rouge un souvenir impérissable. Entre blasts beats percutants, riffs déchaînés et interactions vibrantes, cette nuit a offert aux fans une immersion totale dans le métal extrême. Un grand merci à toutes les personnes qui ont permis de faire de ce concert un moment que l’on n’oubliera pas de sitôt.
Merci à Garmonbozia pour nos accréditations et aux staff de La Machine du Moulin Rouge.