Vecteur Magazine

DARK TRANQUILLITY

Interview de Mikael Stanne de Dark Tranquillity par Cidàlia Païs

Photo : Michele Aldeghi

Pour le plus grand bonheur des amateurs de death metal mélodique et des fans du groupe, DARK TRANQUILLITY a sorti un splendide album ce 16 août, ‘Endtime Signals’, leur treizième opus, et l’un des meilleurs albums de cette année 2024, via Century Media Records. Pour en parler, j’ai pu échanger avec l’incroyable Mikael Stanne, chanteur, lyriciste et membre fondateur du groupe.
Le groupe sera au Bataclan ce 10 novembre à Paris ! Un concert Sold Out ! 
 
 

Un nouveau souffle..

J’ai hâte que les gens découvrent ce qui est l’un des meilleurs disques de DT, d’autant plus que les nouveaux membres apportent au groupe une énergie différente que nous pouvons ressentir à travers ce nouvel album. Il y a beaucoup de perspectives, mais aussi beaucoup de détresse, d’espoir, le tout avec un petit plus qui vous rassemble tous. Vous avez composé l’album ensemble ?
En gros, ce sont Martin et Johan qui ont posé les premiers jalons. Bien sûr, j’apporte mon avis, mais je me concentre essentiellement sur l’écriture. Pour ‘Endtime Signals’, il s’agissait de voir l’avenir, de garder ce que nous aimons dans le groupe et dans notre son, et de capitaliser sur la force de Johan en tant que guitariste. Le talent de Joakim et Christian a donné l’impression que toutes les options étaient ouvertes. Nous voulions que Johan ait une plus grande participation avec plus de riffs et de solos. Dès le début, nous avions une idée conceptuelle du résultat auquel devait ressembler l’album, ce qui a vraiment aidé à le façonner. Je pense que Martin a vraiment été génial en termes d’électronique et de la manière dont l’album sonne, avec beaucoup de synthés analogiques et de sons complexes tout du long. Plus je l’écoute, plus je découvre de nouvelles sonorités. Comme toujours, c’est un long processus, on passe par toutes ces différentes étapes de satisfaction et, parfois, de doute. Nous n’avons rien laissé au hasard. Tout devait être à sa juste place et je pense que nous avons réussi à atteindre cet objectif.

Ode à l'Amitié..

Vous l’avez amplement réussi ! Vous avez sorti “The Last Imagination”, “Unforgivable” et “Not Nothing”, qui sont incroyables. Mais il y a d’autres morceaux que je trouve transcendants. Le premier, “Shivers and Voids”, est tout simplement magnifique, son solo de guitare est incroyable… Ensuite, il y a “One of Us is Gone” avec l’orchestre. Peux-tu nous parler de ces deux derniers titres ?
Bien sûr ! “Shivers and Voids” est une de ces chansons sur lesquelles nous avons beaucoup travaillé plus tardivement et nous n’arrivions pas vraiment à la comprendre. C’est aussi parce que nous avions des idées similaires, mais je devais écrire quelque chose qui corresponde et m’assurer que cela capitalise sur la force de la chanson. C’était la partie la plus difficile pour moi parce que c’est une chanson très lourde émotionnellement. En gros, elle parle des crises d’angoisse qu’on peut traverser : le doute, la peur, l’insécurité, et combien il est étrange que notre corps tout entier, même physiquement, puisse changer. Parfois, il est difficile de trouver un moyen de s’en sortir, mais sache que tu pourras trouver un moyen d’y faire face. Ça a été comme ça pour moi. Tant que tu sais au fond de toi que tout ira bien, même si tu ne le sens pas, tu le sais. Et je suppose que cela vaut pour toutes sortes de dépression. Quelqu’un s’y reconnaîtra. Parfois, c’est bon de savoir que je ne suis pas seul dans ce cas. Nous abordons différents sujets et thèmes dans l’album, mais c’est un peu comme un point de départ où vous vous sentez le plus vulnérable et le plus en colère, seul et impuissant… Pour “One of Us Is Gone”… C’était sans aucun doute la chanson la plus difficile à écrire. Tu sais, notre ancien guitariste, Fredrik, était notre ami depuis la création du groupe, et jusqu’à son décès, comme toujours, il a été un champion. Il a fait face à la situation et à la difficulté pour nous. (moment d’émotion)
 
Cela s’est avéré être l’une des plus belles chansons, et au nom de Vecteur, je te présente mes condoléances. J’espère qu’un jour, si vous en avez la force, vous pourrez la jouer avec la Gothenburg Symphony Orchestra. Navrée d’aborder des chansons aux sujets difficiles.
Non, non… Nous devons le surmonter, mais nous n’en sommes pas encore là. C’était déjà assez difficile de l’écrire et de l’enregistrer… Comme tu le dis, j’adorerais la jouer un jour, mais nous verrons. C’est encore un peu frais. Mais c’était agréable de la terminer et de s’assurer qu’elle devenait ce que nous voulions. Et puis, bien sûr, comme les premiers, je l’ai fait écouter à sa femme et à son frère. Ils l’ont approuvée et ont estimé que c’était un bel hommage. Ça comptait pour nous.
 
Ce titre qui clôt l’album, avec son intro au piano et tout ce qui s’ensuit, “False Reflection”, peut-il résumer l’essence de l’album ? Les paroles sont comme un appel au réveil de soi-même…
Peut-être que ce n’était pas si clair dès le début lorsque nous l’avons écrit, mais c’était très bien de le clôturer ainsi. Nous aimons toujours terminer avec quelque chose de plus émotionnel.
Ce titre est une collaboration avec l’un de nos membres fondateurs, Niklas. Dessus nous partageons cette vision sur la manière dont nous nous percevons et combien il est facile de se perdre, surtout avec les réseaux sociaux. Vous réfléchissez davantage à la façon dont vous êtes perçu, alors que nous pensons que la manière dont nous nous sentons réellement est beaucoup plus importante pour nous que la perception des autres.
 
Qu’aimerais-tu ajouter à cette interview ?
C’est une période passionnante, et nous avons beaucoup de chance ! Un nouveau chapitre s’ouvre pour notre groupe ! Nous sommes impatients de proposer un nouveau type de tournée. Nous allons beaucoup changer en termes d’apparence visuelle. En ce moment, nous avons certains des meilleurs musiciens avec lesquels nous avons jamais travaillé, et ça va être fantastique. Nous pouvons tout faire ! J’ai hâte. Nous jouerons des chansons que nous n’avons jamais interprétées auparavant, ou que nous n’avons pas jouées depuis dix ou quinze ans. C’est intimidant, mais très cool. Les deux prochaines années seront consacrées à cet album que je suis plus qu’excité de voir sortir, c’est l’un des meilleurs que j’aie faits depuis très longtemps.

NOTRE AVIS

Le frisson s’installe dès “Shivers and Voids”.
Un voyage entre mélange de riffs de melo death tranchants et enivrants, aux claviers larmoyants et hypnotisants, des caisses percutantes, claires et une basse présente, juste ce qu’il faut, accompagnent le chant tantôt clair, goth et émotif tantôt rauque et grondant. “Not Nothing” et “Our Disconnect” renforcent l’émotion.
“Unforgivable”, “Drowned Out Voices” ou “The Last Imagination” sont teintés d’un melo death thrash délicieusement agressif.
L’album me transporte, et avec “One of Us is Gone”, hymne à l’amitié et hommage au courage d’un ami, livré d’un chant en deuil accompagné de l’orchestre de Gothenburg, j’ai le cœur serré…
“A Bleaker Sun” est un des titres les plus réussis par son tranchant metal extrême, et finit par m’emporter à 2 min 26 avec un des solos de guitare les plus incroyables !
“False Reflection” clôt cette excellente production dotée également d’un excellent travail sur les textes.
Une mention spéciale pour Niklas Sundin pour ce sublime Artwork ! Merci à Dark Tranquillity de sortir, pour moi, le meilleur album de cette année 2024.
 
 

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