Par Gwen Flégeau
Corporal Punishment est un groupe de death metal old school originaire de Toulouse. Formé en 2019, le quintet a sorti son premier album baptisé Inverted Demise il y a quelques semaines, faisant suite à son EP autoproduit en 2023. Les amateurs du genre seront séduits par les 11 titres de l’album qui, forts des influences du groupe, proposent néanmoins la touche personnelle de Corporal Punishment : Alexandre, le vocaliste, a pris le temps de nous en dire plus.
Est-ce que tu peux commencer par te présenter s’il te plaît ?
Je suis Alexandre, je suis le vocaliste du groupe. C’est moi qui m’occupe de l’écriture des textes, je suis là depuis la formation du groupe en fait, donc depuis 2018-2019. On ne s’accorde pas trop sur la vraie date où on a commencé. Au début, on faisait des reprises.
Quel est ton parcours musical ? Comment est né Corporal Punishment ?
J’ai commencé comme beaucoup de vocalistes de death je pense, le gars qui a appris à faire du growl dans sa voiture, et puis vers 2017-2018, je me suis lancé. J’avais envie de monter sur scène, de fonder un groupe. J’ai fait 2-3 essais avec des groupes toulousains, et puis assez vite je suis tombé sur Fabien, Patrice et Fred qui voulaient monter un tribute de death old school, on a commencé comme ça.
Qui sont les membres actuels du groupe et qui fait quoi ?
Actuellement y’a moi et Fabien, le bassiste, qui sont les membres fondateurs si on peut dire. Trois nouveaux membres nous ont rejoints après le Covid : Kévin à la guitare lead, Félix à la guitare rythmique et François à la batterie.
On va rentrer dans le vif du sujet : est-ce que tu peux me parler du projet Inverted Demise (si je le prononce bien), des messages de l’album et des sujets abordés. Du coup, ça veut dire “mort inversée”, ça m’inspire plein de choses…
Alors, “Inverted Demise”, c’est le titre d’une des chansons de l’album. On a des thèmes qui sont assez variés sur le premier album, ça part un peu dans tous les sens. Je vais essayer d’avoir un peu plus de cohésion sur le deuxième album. C’est un rituel de nécromancie tout simplement, un nécromancien qui ressuscite des cadavres. Après, tu vas avoir d’autres thèmes, c’est pas du Zola mais on est beaucoup sur de la torture à travers l’Histoire. On a la crucifixion par les romains, l’inquisition, on a l’expérimentation humaine par les nazis… Voilà donc ce genre de thèmes très classiques dans le death. après effectivement on a bossé dur sur cet album, on en est très fiers, pour moi et deux ou trois autres membres c’est la première galette qu’on pond donc on est contents.
Tu peux nous parler des influences principales du groupe ?
C’est tout ce qui est death metal des années 90, donc on cite beaucoup Morbid Angel, Suffocation, des groupes un peu plus torturés comme Demilich, Death évidemment. Voilà, on est tous arrivés avec nos influences, moi vocalement c’est beaucoup Bolt Thrower, Amon Amarth et des groupes comme ça, qui m’ont influencé. La partie instrumentale je peux moins t’en parler parce que je ne joue pas d’instruments. Le death des pays nordiques comme Illdisposed, Unleashed, ce genre de groupes ouais.
Ça se ressent beaucoup c’est vrai. Comment naissent vos productions et y a-t-il eu une évolution dans le processus de création entre l’EP et l’album?
Pour la partie instrumentale au début, c’était beaucoup Fabien le bassiste qui composait, et moi j’arrivais après coup avec mes textes que je plaçais sur les morceaux. Depuis qu’on a recruté les nouveaux membres, tout le monde y prend davantage part. On est tous créatifs, donc le batteur vient y mettre sa patte, les guitaristes écrivent certaines parties eux-mêmes, y’a des solos qui apparaissent, des choses comme ça.
J’ai écouté l’EP et l’album, beaucoup, forcément, pour moi l’EP était déjà une belle démo de vos capacités et je retiens notamment l’énergie de “Pain to Come”, j’ai adoré ce morceau. “The New Plague” est une piste justement présente sur l’album, est-ce que malgré la présence d’un titre de l’ep sur l’album, tu dirais que votre approche de votre son a néanmoins évolué ?
Les conditions de travail n’étaient pas du tout les mêmes, l’EP a été enregistré en deux demi-journées, c’était une seule prise pour à peu près tous les instruments je crois, et après une deuxième prise pour les paroles, c’était chouette. Le résultat n’est pas d’une qualité pro mais ça donne une bonne idée de l’énergie, et en passant Pain to Come c’est aussi mon titre préféré parce que c’est notre toute première compo donc j’ai mis tout ce que j’avais à l’époque dedans. Sur l’album, on a travaillé avec Fred de Silent Ruins Studio, donc Fred Blanchard de Fall of Seraphs, c’est quelqu’un avec qui c’est très agréable de travailler, les musiciens avaient beaucoup bossé leurs parties instrus, on avait un gros step up en terme de travail réalisé. Le mixage et le mastering, tu as dû voir que c’était un cran au-dessus par rapport à l’EP, en terme de qualité il y a vraiment un grand pas en avant.
Gwen : ça s’entend entre les deux versions de New Plague, il y a une vraie évolution !
Alexandre : c’est sûr c’est beaucoup plus propre, ça s’entend !
Dirais-tu que votre quête de votre sonorité est achevée : est-ce que tu juges que vous avez atteint votre but sonore ?
Je vais parler en mon nom mais je pense que les autres membres seront d’accord, je pense que oui, on était vraiment très contents du résultat à l’écoute de l’album, ça sonne pro, c’est propre, d’ailleurs tous les instruments sont bien présents. Dans plusieurs chroniques de l’album, c’est quelque chose qui revient, qu’on entend tout jusqu’à la basse. Fab est très fier de son son de basse et ça s’entend sur l’album, donc oui, on est très contents, tout est très bien représenté.
Gwen : Justement, j’allais souligner cette ligne de basse, là où c’est surtout la voix et la rythmique qui sont mises en avant dans beaucoup de groupes de death, chez vous la basse est très présente, ce qui fait une petite touche en plus qui est très originale.
Alexandre : Fabien serait très content de t’entendre dire ça !
À l’heure où de nouveaux groupes sortent toutes les semaines, peux-tu nous parler de quelques-uns qui t’ont marqué récemment, ou certains que tu attends impatiemment, tout genre confondu ?
Jusqu’à quand je peux remonter ? Parce que je ne suis pas forcément l’actualité metal au jour le jour…
Gwen : C’est toi qui vois ! Si rien de très très récent ne te vient, parle-nous du dernier groupe qui t’a marqué dans ce cas !
Alexandre : Bon encore une fois je vais parler en mon nom parce qu’on n’a pas tous les mêmes goûts. Je suis un gros gros fan de Gorod que j’ai vu il n’y pas longtemps à Toulouse, leur dernier album The Orb est fantastique. J’aime bien aussi Harakiri for the Sky, ils ont sorti un album y’a pas très longtemps. Je les suis depuis Trauma, leur troisième album, à chaque fois ils me régalent. De très très récent, j’ai rien qui me vient en tête… Ou Rotting Christ en black metal, j’adore l’album qu’ils ont enregistré en live qui reprend leurs vieux titres, à la base ils ont fait un live pendant le covid et ça a pris une telle popularité qu’ils l’ont mis sur CD, c’est vraiment le truc que j’écoute en boucle, quand je fais du sport par exemple.
L’artwork de l’album est très parlant au vu de son nom, il y a une vraie corrélation en fait, peux-tu nous en parler ?
On a sollicité le même artiste que celui qui a fait celui de l’EP et qui a également fait un design pour au moins un tee-shirt du groupe, c’est un artiste indonésien qui s’appelle Blast Art de mémoire, il fait un super boulot. Avec le groupe, on voulait plutôt mettre en couverture quelque chose qui était lié à Artificial Human Fabric, et finalement à un moment donné en regardant le mur de cet artiste, on est tombés sur cette illustration, et on s’est dit “non il nous faut celle-là”, on a changé d’idée et on a choisi cette pochette-là qui a fait l’unanimité. Ca fait très death, c’est assez classique finalement avec cette tornade d’âmes, cette procession un peu spectrale, et ces couleurs qui sont magnifiques.
Avez-vous, en tant que groupe, eu l’occasion de présenter quelques titres de l’album sur scène, parce qu’il est sorti il y a quelques semaines, et comment avez-vous pressenti l’accueil du public ?
Ça fait bien 2 ou 3 ans qu’on joue certains morceaux sur scène, ils sont prêts depuis longtemps. C’est le fait de travailler, de se motiver et de réunir les fonds aussi parce que mine de rien, ça coûte de l’argent de faire un album et on a tout financé avec nos petites poches, mais effectivement certains morceaux ça fait longtemps qu’on les joue. Certains sont plus récents comme Inverted Demise, Gom Jabbar… On les a déjà pas mal joués sur scène. Ensuite, en concert il n’y a que ceux qui ont aimé qui viennent te voir, mais on nous fait bon accueil, on nous dit qu’on a la pêche, qu’on met l’ambiance, que ça bouge, que c’est technique. En général on a l’impression que ça plait. C’est vrai que nous aussi quand on monte sur scène, on est contents de le faire, on s’éclate, on essaie d’amener de l’énergie au public, il y a une grande complicité entre nous 5, on s’entend vraiment bien et on passe toujours un bon moment. On nous a toujours fait de bons retours sur nos prestations.
Est-ce que vous avez une tournée en projet, ou des dates ailleurs qu’en région toulousaine ?
Tournée, pas encore, à 5 c’est toujours compliqué en sachant qu’on a quand même 2 étudiants dans le groupe, donc c’est compliqué avec les périodes de partiels. Moi je suis enseignant, donc je ne suis pas disponible comme ça malheureusement. Au niveau des dates hors région toulousaine, on en a en mai du côté de Pau, il y en a certaines dont on n’est pas encore sûrs donc je ne vais pas trop en parler, il y a un projet de date du côté de Bordeaux. On essaie de jouer en dehors de Toulouse, pour l’instant il y a pas mal de dates où c’est point d’interrogation, mais on communiquera sur nos réseaux sociaux quand ce sera sûr.
Je t’ai entendu dire que vous travailliez potentiellement déjà sur le deuxième album ?
Oui il y a un projet effectivement, c’est un peu entre parenthèses pour le moment le temps qu’on fasse nos dates et qu’on gère la promo du premier qui vient de sortir, mais il y a déjà du matériel, j’ai écrit quelques paroles, il y a 3-4 morceaux qui sont déjà presque prêts et en train d’être travaillés. Pour le 2e, l’ambition ce serait de faire quelque chose qui serait un peu plus cohérent en termes de paroles. C’est vrai que dans le 1er ça part de l’Antiquité jusqu’à la science fiction, ça part un peu dans tous les sens, même s’il y a le côté torture qui fédère un peu tout ça.
As-tu envie de rajouter le mot de la fin pour donner envie aux gens de venir découvrir votre musique ?
Les chroniques en parleront mieux que moi. Je suis biaisé parce que c’est mon groupe, on invente pas l’eau chaude, c’est compliqué d’inventer des choses en 2025 dans le death metal, par contre je pense que ce qu’on fait, on le fait bien, on s’éclate toujours sur scène en tout cas, et on a des musiciens qui sont excellents, je trouve le batteur monstrueux, pareil les guitaristes et le bassiste sont hyper doués. Les gens qui aiment la bonne musique et les bons musiciens ne seront pas déçus par cet album. C’est vrai qu’on a tous notre boulot, et c’est sympa de passer de l’autre côté de la barrière, je suis un gros fan de metal, un fanboy de beaucoup de groupes, et là c’est sympa de voir que tu peux produire un truc qui fait plaisir, et on est toujours ravis de lire des chroniques qui sont élogieuses, de voir qu’on a bossé et que ça marche.
Gwen : En tout cas c’est tout le mal que je vous souhaite, que les gens aillent écouter, et apprécient votre travail. Merci beaucoup !
Corporal Punishment tient ses promesses avec Inverted Demise. Marqué par ses prestigieuses influences, le groupe propose néanmoins un death metal un peu plus brutal que les noms qui l’inspire, notamment grâce à sa ligne de basse bien présente qui martèle chacun des titres. L’œuvre est emplie de nuances, et même si quelques instants de respiration nous sont autorisés durant l’écoute, force est de constater que ce premier album respecte les codes du death old school, et que Corporal Punishment est définitivement à suivre de près.