ARCTIS - Arctis

Formé en 2018 et emmené par la chanteuse Alva Sandström, le groupe de metal Arctis entremêle avec minutie electro, symphonique et riffs nerveux. Inspirés visuellement des légendes et décors nordiques, les finnois explorent des thèmes assez sombres comme la toxicomanie, les relations complexes et plus généralement les questionnements et conflits intérieures. Après avoir écumé les scènes européennes, notamment en compagnie de leurs compatriotes d’Apocalyptica, l’heure est venue de passer le cap du premier album. Pari tenu ?

Eh bien, on peut d’ores et déjà affirmer qu’Arctis a clairement identifié ses forces et a réussi à façonner un opus de très grande qualité et surtout extrêmement cohérent. Le principal écueil à éviter lors du passage de la scène au studio est de vouloir tout mettre, faire le plus possible et déborder d’idées. Si la générosité en musique paie généralement, elle peut également avoir l’effet délétère de brouiller l’écoute en diluant l’expérience dans trop de détails, de directions différentes et au final, perdre l’auditeur.

Mais le finnois est finaud, et la ligne directrice est ici parfaitement claire. Mâtiné d’accents pop, cet album éponyme se vêt de couches d’electro et parfois de folk metal, au détour d’un riff, pour délivrer onze titres redoutablement bien exécutés par de très talentueux musiciens. Du groove plus que solide qui articule ces compositions, avec la basse de Mats Ödahl et la batterie de Mika Paananen, aux guitares ciselées et virevoltantes de Michael Mikander et Björn Johansson, le son résolument moderne d’Arctis s’autorise par moment une pointe de nostalgie en invoquant les heures shreddesques du metal, au détour d’un solo de guitare qui fait du bien, tant il n’est plus la norme aujourd’hui.

Et comment ne pas parler de la voix ensorcelante de la sublime Alva Sandstörm ? La chanteuse investit ses textes, les incarne, leur insuffle une émotion à fleur de peau pour en transcender les thématiques. Elle est l’âme d’Arctis, le cœur dans le tumulte des guitares tranchantes. Sa sensibilité éclate dans Frozen Swan pour venir nous transpercer avec un timbre de voix forgé dans la puissance et la fragilité, équilibre subtil entre les forces d’apparence contraires.

Si l’album marque un petit essoufflement vers la fin, il est dans sa globalité une très grande réussite et une preuve que le groupe maîtrise son sujet. Les excellents Tell me why ou le titre qui ouvre I’ll give you hell sont des exemples d’efficacité.

Gageons qu’Arctis reviendra, après avoir défendu cet album éponyme, pour explorer avec nous son univers au travers d’un second opus que l’on espérera aussi réussi.