Vecteur Magazine

ARCH ENEMY + BEHEMOTH + CARCASS + UNTO OTHERS

Le Bikini - Toulouse et Le Zénith - Paris

07.10.2022

Nous étions le mardi 04 octobre et le mercredi 05 octobre au Zénith de Paris et à Le Bikini de Toulouse pour le concert de ARCH ENEMY.

Un report par Carole CERDAN et Valentin POCHART avec des photos de

Didier RIVET

pour VECTEUR MAGAZINE

UNTO OTHERS

Carole : Unto others est un groupe américain formé en 2017 sous le nom d’Idle Hands (nom changé suite à litige en 2020). Le Bikini est plein à moitié lorsque leur set débute tôt pour un soir de semaine (18h10). Si le genre affiché est metal gothique sur le papier, je trouve que le son se trouve en réalité à la croisée d’influences très new wave à la The Cure, avec des incursions plus heavy, ou de la batterie plus agressive. La voix est très mélodique, les refrains accrocheurs, l’ensemble se laisse écouter. S’achevant sur leur hit « When will Gods work be done », le job est fait pour cette 1ere partie, qui laisse le public prêt à en découdre. 

Valentin : A Paris, Unto Others auront également été le calme avant la tempête, le concert ayant commencé très tôt, aux alentours de 18h. Le groupe mené par le chanteur-guitariste Gabriel Franco envoûte cependant le public très rapidement avec des riffs en clean, et des reverbs rappelant effectivement The Cure ou Joy Division, et on surprendra d’ores et déjà certains fans des autres groupes en train de danser sur les mélodies sombres et mélodieuses du groupe américain. Une excellente première partie, bien que très différente des autres groupes à l’affiche !

CARCASS

Carole : Place aux vétérans !! Carcass, groupe de death metal mélodique britannique, écume la scène metal depuis le milieu des années 80 ! Ils sont passés au Hellfest cet été, et ils sont attendus de pied (cou ?) ferme par les metalheads toulousains qui commencent à avoir rempli les rangs du Bikini. C’est lourd (« Buried dreams »), on a droit à des morceaux du dernier album, sorti fin 2021 (« Kelly’s Meat Emporium »), et le public s’anime.

Le groupe nous rappelle qu’il était passé par Toulouse il y a 13 ans, et que c’est toujours un plaisir pour eux de venir secouer la ville rose… Plaisir méchamment partagé ce soir. Le temps de savourer le solo du très ciselé « Under solvant abuse », le set se poursuit énergiquement jusqu’à « Heartwork » qui ne paraît pas ses quasi 30 ans et s’est bonifié comme un grand cru. Jeff Walker nous donne rendez-vous dans 13 ans dans un éclat de rire… deal !

 

Valentin : A Paris, Carcass ont également fait carton plein ! Le set proposera des classiques extraits de l’excellent Heartwork et de Necroticism : Descanting The Insalubrious notamment (sur lesquels on retrouvait à l’époque un certain Michael Amott à la guitare), pour le plus grand bonheur des fans old school ! Les nouveautés ne seront cependant pas en reste car pas moins de 3 extraits de l’excellent Torn Arteries y seront joués avec brio. La scène s’illumine d’écrans représentant des scènes macabres tandis que Jeff Walker mitraillera le public de ses cris et de ses médiators. Dan Wilding emportera tout sur le passage de ses grooves de batterie phénoménaux, tandis que les riffs alambiqués de Bill Steer et Ben Ash achèveront ce tableau. A quand une tournée headline ? Parce que nous, on en redemande !

BEHEMOTH

Carole : Je ne vais pas y aller par quatre chemins, le set des polonais de Behemoth, c’est mon coup de coeur de ce soir ! Le groupe de blackened death metal, formé il y a « à peine » 31 ans, est venu assurer une cérémonie grandiose ce soir, dans un Bikini maintenant plein aux trois quart (étage inclus). La musique de Behemoth s’écoute mais elle se regarde aussi. La scène est occupée par un groupe dont le maquillage est à la croisée des Sith et des Uruk-hai, et les costumes rappellent des prêtres occultes. Nergal, le chanteur, scande ses paroles, et petit à petit le public entre en communion avec le groupe, qui enchaîne des titres à la fois planants et sombres, tragiques, ponctués de blasts servis par Inferno derrière sa batterie-cage. Gros moment que l’énorme « Deathless sun » où nous reprenons tous « I am nothing, I am no one » dans d’immenses gerbes de fumée. Les guitares ne sont pas en reste, et la technicité saute à l’oreille à chaque instant.  Je vois passer des gens en slam, l’image est belle, et le groupe célèbre son retour en France après 3 ans d’absence forcée. Alors que nous avons montré nos plus belles cornes, Nergal exige de voir nos plus beaux « fucks » pour « No sympathy for fools ». Un peu plus tard,  le 1er rang sera remercié de sa ferveur par du faux sang, la messe est dite, me voilà nouvelle disciple ! 

Valentin : En tant que disciple depuis quelques années pour ma part, j’avais de grandes attentes pour Behemoth, que j’avais pu voir en août dernier au Motocultor, mais sans ses flammes, désormais difficiles à dissocier du groupe. La mise en scène d’intro est légèrement différente ce soir, Nergal jouant avec la transparence du drap déployé devant la scène pour apparaître et disparaître au fil des vers de Post-God Nirvana. Comme attendu, l’excellent Opvs Contra Natvram sera mis à l’honneur avec pas moins de 5 extraits ! Des lance flammes en avant et en fond de scène sauront réchauffer public et sécu, parfois un peu trop, notamment sur l’excellent Chant For Eschaton 2000, qui conclut le concert. Un magnifique set où chaque membre de Behemoth aura brillé, avec des interactions franchement cool entre Seth, Nergal et Orion. Bref, on a eu le droit à la confirmation que Behemoth ont la prestance et l’énergie nécessaires pour jouer dans un Zénith en tête d’affiche, et  ils en ont fait un concert qui restera longtemps dans les mémoires !

ARCH ENEMY

Carole : Est-il encore besoin de présenter le groupe de death metal melodique Arch Enemy ? Formé en 1995 par Michael Amott (qui avait quitté Carcass, la boucle est bouclée), le groupe est mené par une charismatique frontwoman en la personne d’Alissa White-Gluz depuis 2014. Le Bikini est maintenant quasi rempli, et le set démarre d’emblée avec le titre qui baptise le tout dernier album du groupe, « Deceivers » sorti en Août 2022. C’est donc « Deceiver, deceiver » qui nous envoie au visage l’énergie féline d’Alissa, accompagnée sur un rythme infernal par Michael Amott et Jeff Loomis aux guitares, Sharlee d’Angelo à la basse, et Daniel Erlandsson à la batterie. Alissa nous gratifie d’un français parfait (et d’une douce voix qui contraste à merveille avec ses growls les plus rageux). 

Je me laisse emporter par le très efficace « Ravenous », qui me donne tous les ingrédients de la recette bien dosée qu’Arch Enemy a su développer, entre rapidité d’exécution, refrain rageur, passages techniques alternés avec des riffs plus mélodiques, solos acérés… c’est un festin !

Le groupe n’oublie pas de nous gratifier d’extraits du dernier album (« Sunset over the Empire ») mais aussi de grands classiques de leur répertoire (« The Eagle flies alone »). Séquence émotion avec un solo de Jeff Loomis très lunaire, le Bikini hypnotisé par l’homme seul avec sa guitare dans un halo de lumière blafarde, avant d’être rejoint par Michael Amott pour un instant complice. La complicité du groupe est également palpable, lorsqu’Alissa se rapproche de la batterie, avant d’être entourée par les instrumentistes, dans un tableau millimétré mais bien visuel. Ce set sera à la hauteur des attentes, le show est assuré, le siège européen a bien été tenu à Toulouse !!

Valentin : Je fais le même bilan du concert pour Paris, en effet Arch Enemy étaient en pleine forme et ont assuré de A à Z avec un set défendant à la fois Deceivers, le dernier opus très varié du groupe, et la discographie depuis l’arrivée d’Alissa White-Gluz dans le groupe en 2014. Quelques morceaux de l’époque d’Angela Gossow seront joués (environ un tiers du set), mais la transition avec Alissa est pleinement assumée. Les fans semblent comblés, et le show envoie, avec des lance flammes en colonne, certes moins présents que pour Behemoth, mais qui ont le mérite de rajouter un effet « wow » supplémentaire s’il en fallait un. Etant en face de Michael Amott j’ai pu apprécier son jeu de guitare absolument chirurgical, clairement impressionnant vu la complexité de certains morceaux ! Et bien qu’Alissa prenne le devant de la scène (en tant que frontwoman c’est ce qu’on lui demande après tout), j’ai trouvé que le groupe avait vraiment sa place sur scène et interagissait en tant que tel, Alissa leur laissant régulièrement la place de se mettre en avant (ce que tous les groupes de cette stature ne font pas).

En bref, à Paris le groupe a également remporté tous les suffrages, clôturant une magnifique soirée bien heavy, qui présage du très bon pour tous les groupes présents, et qu’on espère retrouver très très vite sur les scènes hexagonales !