Par Christophe Pinheiro
Chez nos voisins Allemands, un groupe plein de talent et d’énergie profite d’un succès grandissant. Le moment est venu pour eux de s’exporter et de conquérir le monde. Rencontre avec Lisa-Marie WATZ (chant) et Benjamin JUELG (batterie) du groupe APRIL ART, qui vient de sortir son quatrième album « Rodeo ».
Pour ceux qui ne vous connaissent pas, pourriez-vous nous présenter le groupe et nous raconter un peu l’histoire d’APRIL ART ?
Ben : Oui, bien sûr. Nous sommes APRIL ART, un groupe de métal moderne venu d’Allemagne.
L-M : Nous l’avons fondé en 2014 et nous avons connu beaucoup de changements de line-up et dans notre musique. Et pendant la crise du Covid, nous avons beaucoup réfléchi à notre travail dans le passé et nous avons donc décidé de changer un peu. Et voilà le nouveau son et ce que nous voulions donner à notre musique, c’est une énergie positive.
Le 4 octobre, votre troisième album, « Rodeo », sortira. Dans quel état d’esprit êtes-vous maintenant ?
Ben : Nous sommes très excités par la sortie. Nous l’attendons avec impatience et nous sommes très heureux de la sortie car cet album nous représente en tant que musiciens. Bien plus que n’importe quel autre album auparavant. Donc c’est le moment parfait pour le sortir et nous attendons avec impatience le 4 octobre.
L-M : Nous avons beaucoup travailler sur ce disque et nous faisons beaucoup de promotion en ce moment. Nous avons beaucoup d’interviews.
Ben : Nous répétons pour notre prochaine tournée dans laquelle nous jouerons beaucoup de chansons du nouvel album. Beaucoup de travail passionnant.
L-M : Oui, et nous attendons vraiment, vraiment avec impatience la sortie la semaine prochaine. C’est tellement fou.
Dans votre bio, vous affichez le message clair de vouloir changer le monde, un message qui peut paraître présomptueux mais pas du tout. Écouter votre musique suffit à comprendre où vous voulez aller et encore plus en regardant de plus près le travail accompli, je pense que vous êtes les mieux placés pour en parler, de ce que vous voulez symboliser avec votre musique.
L-M : Pour nous, c’est vraiment très important d’avoir un message positif et nous essayons toujours de donner à nos chansons une tournure positive. Bien sûr, nous sommes tous aux prises avec beaucoup de choses dans notre vie et il suffit d’allumer la télévision pour voir ce qui se passe dans le monde et il se passe tellement de mauvaises choses. Mais nous voulions donner de l’énergie positive et donner aux gens l’espoir que ce que chacun ou chacune d’entre nous fait est important… Chacun d’entre nous peut changer le monde parce que vous n’avez pas besoin de toujours penser aux choses qui se passent dans le monde. Vous ne pouvez pas arrêter la guerre dès maintenant, mais vous pouvez donner de la bonne énergie à quelqu’un d’autre, vous pouvez aider les gens, vous pouvez changer votre propre monde et je pense que c’est vraiment important pour nous tous dans cette société. Et donc pour nous, il est vraiment important de donner de l’espoir et de bons sentiments aux gens.
Cet album sonne très moderne, comme une sorte de metalcore groovy avec des mélodies pop et parfois une touche de musique électro, ton chant est même un peu « rap » à certains moments, Lisa-Marie. Ce mix offre une musique puissante et très énergique. Est-ce que je résume bien ce qu’est APRIL ART ou est-ce qu’il y a d’autres inspirations dans votre musique ?
L-M : Absolument, tu as fait un excellent travail. (Rires)
Ben : Nous écoutons tous beaucoup de groupes et nous essayons toujours de rassembler toutes les influences pour créer un nouveau mélange de musique. Nous mettons simplement ensemble les choses que nous aimons et c’est ça qui est amusant. Nous essayons de nous amuser en écrivant des chansons et de ne pas nous mettre des limites que nous ne voulons pas respecter. Nous faisons simplement ce que nous voulons et ce avec quoi nous nous amusons et c’est le résultat d’un large mélange d’éléments stylistiques.
L-M : Nous sommes toujours très ouverts d’esprit et nous essayons beaucoup de choses et parfois ça ne marche pas mais nous essayons et parfois ça marche et nous adorons ça. Et puis il y a des parties de rap, des parties de hip-hop et des parties électroniques et aussi des breakdowns et des trucs fous comme ça.
Où puisez-vous toute cette énergie dans votre musique ?
L-M : C’est bon de savoir que ça marche. (Rires)
Ben : Je pense que ça vient de l’énergie positive que nous avons en tant que groupe quand nous écrivons les chansons ensemble. Nous apprécions simplement ces moments.
L-M : Et je dirais aussi que nous écrivons les chansons pour nous-mêmes et nous luttons aussi contre beaucoup de choses dans nos vies personnelles. Il est important de nous donner de l’énergie. Donc pour moi, c’est la même chose quand j’écris des paroles ou autre chose, c’est comme un journal ouvert et j’essaie toujours d’y mettre une tournure positive. Tu vois ce que je veux dire ? Cela ne m’aide jamais, ni à personne, d’être là avec tous tes problèmes… Je suis toujours à me demander, « ok, c’est ça le problème, mais que pouvons-nous faire ? Que pouvons-nous faire pour le résoudre ? Ou qu’est-ce qui peut nous poser problème ? ». Je pense que c’est une combinaison de la musique et des paroles qui nous permet de nous donner de l’énergie positive à nous-mêmes et de la transmettre aux autres.
Ben : Et beaucoup d’énergie vient aussi des concerts. Lorsque nous revenons des concerts, nous avons tellement d’énergie reçu de la part du public, que nous essayons de la restituer dans les chansons.
L-M : C’est comme un grand jeu de ping-pong. On va toujours de l’avant.
J’imagine que sur scène, ça doit être incroyable. À quoi doit-on s’attendre quand on te voit sur scène ? Qu’est-ce qu’APRIL ART sur scène ?
L-M : Je dirais que c’est très amusant, c’est beaucoup d’énergie et quand tu viens à nos concerts, tu peux oublier tout ce qui se passe dans ta vie. Toutes ces mauvaises choses qui te trottent dans la tête et tout ce qui se passe autour de toi, dans ta vie quotidienne. Alors viens à nos concerts et tu rentreras chez toi avec un cœur vraiment ouvert et chaleureux et avec beaucoup d’espoir pour toi et pour tous les autres, je pense.
Ben : On s’amuse beaucoup sur scène et on sourit et on apprécie tellement de jouer. Ça saute partout dans la foule et cette énergie nous revient.
Vous voir sur scène est une thérapie ?
L-M : Oui bien sûr. Mais pas de la manière habituelle. (Rires)
Vous avez annoncé des dates pour la promotion de votre nouvel album en Allemagne. Aurons-nous la chance de vous voir en France ?
Ben : J’espère très bientôt. On y travaille. Nous n’avons pas encore fixé les dates mais nous espérons venir peut-être pour des festivals l’année prochaine en France. Notre agence travaille là-dessus et nous avons vraiment hâte car nous étions en France en 2022. Nous avons tourné avec DARK TRANQUILITY et ENSIFERUM et nous avons vraiment apprécié le public là-bas, donc j’espère que nous reviendrons très bientôt.
Je suis tombé amoureux de votre musique, de votre puissance, de vos mélodies et je suis encore plus heureux lorsque j’écoute le solos de Julian (SCHUETZE) car c’est l’une des choses que j’aime le plus dans la musique. Comment travaillez-vous sur les compositions ?
L-M : Nous nous réunissons et nous commençons la plupart du temps par les refrains, puis nous nous demandons toujours de quoi cette chanson a besoin et quelle est la chose qui lui convient le mieux. Ne pas trop penser à ce qu’elle devrait avoir pour être un prochain single à succès. On veux que ce soit comme ça ou qu’on ajoute quelque chose comme ça. C’est plus ce dont la chanson a besoin et nous sommes toujours ouverts aux idées de chacun. Il n’y a pas de personnes égocentriques dans le groupe. Nous sommes juste une équipe et donc tout le monde peut tout faire et nous essayons toujours de prendre les meilleures décisions pour la chanson.
J’ai remarqué que tu est crédité sur vos vidéos en tant que producteur, Ben. Vous faites vraiment tout vous-même dans le groupe ?
Ben : Ouais, je suis le producteur du disque, je mixe et masterise tout et j’ai fait les vidéos oui. Je suis souvent assis devant mon ordinateur. (Rires)
Un mot sur le titre « Not Sorry » et surtout sur les paroles. Vous dénoncez le patriarcat. Que pensez-vous de la place de la femme dans la scène métal ? C’est un sujet important pour vous ?
L-M : Oui, bien sûr, que je le veuille ou non, je suis un modèle et c’est vraiment important parce que j’adore quand les parents amènent leurs enfants à nos spectacles. Nous avons beaucoup d’enfants à nos spectacles. Nous jouons tard le soir. Les parents appellent le club et disent « Puis-je amener mon fils de quatre ans au spectacle ? ». Et pour nous, c’est vraiment spécial quand nos enfants sont là parce que les filles et les garçons grandissent avec des modèles et c’est aussi très important pour les garçons qu’ils voient qu’il peut y avoir un modèle féminin. Que ce soit quelque chose d’absolument naturel pour eux. Que ce soit des femmes ou pas, les enfants ne demandent pas pourquoi. Ils ne demandent pas pourquoi les femmes sont là ou pourquoi elles ne sont pas là. Ils voient juste qu’elles sont là. Je pense donc qu’il est vraiment très important que davantage de femmes viennent et fassent leur propre truc et je pense que c’est quelque chose qui a besoin de temps. Il y a certainement beaucoup plus d’hommes sur la scène, mais je pense que c’est la première étape que nous avons franchies. C’est un processus et je pense que ce processus, même si ça avance très lentement, ça commence à s’accélèrer.
Ben : On a vu de plus en plus de femmes dans les grands festivals cette année et l’année dernière. Je pense que ça se développe.
Tu dis que tu es un modèle pour ces jeunes femmes. Quelle est ton modèle Lisa-Marie ?
L-M : L’un de mes plus grands modèles est Pink. Elle ne fait pas partie de la scène metal, c’est une pop star mais j’ai grandi avec sa musique et c’est tellement une dure à cuire… C’est une personne tellement cool et elle m’inspire toujours. Donc pour moi c’était un très grand modèle. Et dans l’industrie du métal, il faut qu’il y ai beaucoup plus de femmes. Je suis dans la scène métal et il y a tellement de grandes artistes féminines. Et je pense que ça va grandir et ça va s’améliorer, c’est sûr.
Quel message aimerais-tu transmettre à ces jeunes femmes qui veulent créer un groupe ?
L-M : Je dirais que le meilleur message est d’écouter notre chanson « Not Sorry ». Les femmes pensent toujours ou pensent souvent qu’elles doivent être désolées pour ceci ou cela, qu’elles sont ce qu’elles sont. Et je pense qu’il est vraiment important de s’écouter. Quel était ton rêve quand tu étais une petite fille ? Alors, vas-y. Il n’y a pas de héros sur un grand cheval blanc qui vient vers toi, alors fais ce que tu veux et ne sois pas désolée pour ça et ne sois pas désolée pour qui tu es et trouve ta voie. Je pense que c’est ça, le message.
C’est un super message. Vous avez participé aux « 70000 tons of metal » en janvier dernier. La vidéo du titre « Jackhammer » a été tournée à ce moment-là. Comment avez-vous vécu cette expérience ?
Ben : C’était une vidéo très très amusante. Je dirais la vidéo la plus amusante qu’on ai fait, je pense. Un moment vraiment très spécial, comme dans un rêve. Tu viens du froid de l’Allemagne en janvier et tu vas à Miami où il fait chaud. Tu es à Miami Beach et ensuite tu pars en croisière et il y a tellement de fans de metal partout. On a juste pris notre caméra et on a filmé autant de choses qu’on pouvait et les gens tout autour de nous étaient très gentils et géniaux. Ils s’intéressaient à nous et au groupe et étaient très positifs, donc beaucoup de bons souvenirs.
L-M : C’était une période incroyable là-bas et pour nous c’était si spécial parce que la musique nous amène à ça et nous donne ce moment de folie et c’est si spécial pour nous en tant qu’artiste, notre propre musique que nous avons écrite ici dans notre petit studio à la maison. Que ça puisse nous amener à de si grandes expériences. C’était tout simplement incroyable et nous en sommes vraiment très reconnaissants.
Depuis cette expérience, c’est le moment où vous vous dites qu’il est temps pour vous de conquérir le monde ?
L-M : Je pense que nous avons décidé ça il y a longtemps.(Rires) Ce n’était pas le moment où nous nous dirigions vers les « 70000 tons », mais je pense que nous nous rendions compte que de ce qui se passait. Tu vois ce que je veux dire ? Nous rêvions vraiment très grand et nous voulions tous en faire notre métier et avoir ce groupe pour nous tous et c’est un très grand rêve pour nous. Faire des tournées dans le monde entier est l’un de nos plus grands objectifs. Et ce sont les étapes qui nous ont menés à cela et nous aimons toutes ces étapes. Nous apprécions vraiment.
Ben : Nous avons vraiment commencé à rêver très grand, je pense, pendant la crise du Covid quand nous n’avions pas de spectacles et que nous portions ce groupe, nous rêvions simplement en grand. Nous voulions juste jouer dans ces grands festivals et faire des tournées dans le monde entier. Et je pense qu’il faut commencer à rêver grand à partir de zéro, même si vous êtes très petit. Cela vous amène donc là où on voulait être. Il suffit de tout visualiser dans votre tête et de le concrétiser étape par étape.
L-M : Nous sommes toujours très concentrés sur ce que nous voulons avoir, mais nous sommes également très reconnaissants pour tous les petits pas que nous faisons. Pour tous les petits festivals, nous pouvons jouer pour chaque fan qui écoute notre musique. Et je pense que c’est aussi une chose très important d’être vraiment reconnaissants pour tous ces petits pas et pas seulement pour les grands pas qu’on a fait.
Dans quelles conditions recommandez-vous l’écoute de votre album ?
Ben : Oh je pense que c’est bien pour se réveiller le matin. (Rires) C’est bien pour se chauffer avant un spectacle ou pour une soirée énergique. Et pendant que tu conduis ta voiture peut-être mais ne conduis pas trop vite. Mais ouais je pense…
L-M : Je pense que tu peux écouter le morceau quand tu es de très mauvaise humeur et que tu veux changer ça et je pense que ça peut te redonner beaucoup d’énergie. Je pense que ça te redonne ton propre pouvoir, que tu es le maître de ta vie et que personne d’autre ne peut t’arrêter et quand tu en as besoin, mets ce disque.
Que trouve-t-on dans ta playlist ?
Ben : Oh beaucoup de groupes. (Rires)
L-M : Quelque chose que nous avons beaucoup écouté ou que je reécoute en ce moment, c’est pas vraiment nouveau, c’est de nouveau, LINKIN PARK. C’est incroyable qu’ils soient de retour et c’est une si bonne chanteuse… j’aime vraiment sa voix. C’est quelque chose de nouveau mais nous avons beaucoup écouté FALLING IN REVERSE. Leur nouvel album est tellement bon. Ronnie RADKE est fou. Et oui, PAPA ROACH, j’adore PAPA ROACH, j’adore aussi HALESTORM. BEARTOOTH aussi est un groupe incroyable.
Ben : J’écoute beaucoup de trucs de KORN, LIMP BIZKIT et tout ces trucs de neo-metal de l’époque.
L-M : Pour nous, c’était un moment formidable quand nous avons réalisé que nous jouions au même festival et le même jour que KORN au Wacken. Nous avons donc joué l’après-midi et KORN était en tête d’affiche et c’était comme un rêve devenu réalité. Nous sommes sur la même programmation ! C’était incroyable pour nous.
C’est intéressant que tu aies parlé de PAPA ROACH car je ressens la même énergie dans votre musique. C’est un des symboles de votre musique ?
L-M : Oui, c’est génial parce que j’adore PAPA ROACH, j’adore Jacobi SHADDIX. C’est un super frontman. Il est incroyable et j’adore vraiment les concerts de PAPA ROACH. Est-ce qu’on va voir un concert cette année ?
Ben : L’année prochaine. En janvier prochain.
L-M : On a des billets pour le prochain concert, pour la prochaine tournée de PAPA ROACH. J’adore ces gars.
Le dernier mot est pour vous.
Ben : Restez ouvert d’esprit, restez metal et on espère venir en France très très bientôt. On y travaille et on a vraiment hâte. J’espère donc vous y voir tous très bientôt.
L-M : S’il vous plaît, soyez patients. On viendra très certainement dans votre merveilleux pays qu’est la France. Merci beaucoup de nous soutenir et d’écouter notre musique. À bientôt.